Partie 8/8 : La votz de la sapiença (La voix de la sagesse)

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Non loin de là, à l’extérieur près des lourdes portes du château, les villageois d’Artés avaient terminé d’abreuver leurs bêtes et s’apprêtaient à prendre le chemin du retour. Ils n’étaient pas à leur aise avec l’idée de laisser derrière eux, une vielhòta se sacrifier pour sauver leurs vies. Qui plus est, ils n’avaient aucune envie d’assister au spectacle macabre de la décapitation de leur doyenne.

C’est pourquoi, lorsqu’elle réapparut des tréfonds de la cour principale, accompagnée de deux soldats en armure, los sons vesins écarquillèrent simultanément leur dizaine d’yeux de stupéfaction.

  • Decana ? s’exclama le forgeron. N’as-tu pas eue d’audience avec lo noste Enric ?
  • Òc, vesin ! acquiesça la vielle femme.

Elle prit difficilement place dans la charrette, le trajet aller ayant eu des conséquences dramatiques sur son pauvre dos. Bien heureusement, les gardes du roi furent d’un grand secours. Ses voisins étaient à l’évidence trop sous le choc de sa réapparition pour réagir et l’aider à s’installer.

  • Decana ? la questionna un paysan en chuchotant. N’as-tu pas prévenu le souverain que son cheval blanc est mort ?
  • Òc, vesin !

Les villageois s’échangèrent des regards interrogateurs.

  • Decana ? l’interpella le boulanger. Le roi n'a pas ordonné la sentence ?
  • Nani, vesin !
  • Decana ? l’interrogea une mère de famille. Rentres-tu avec nous ?
  • Òc, vesia !
  • Decana ? la dévisagea l’herboriste. Pourquoi ta tête est-elle toujours à sa place, si tu as fais l’annonce au roi ?

La doyenne les regarda un à un, riant joyeusement de leurs expressions hébétées. Elles leur donnaient un air d’ignares. Elle avait assez d’années derrières elle pour accepter ses semblables avec leurs imperfections. Avec toute sa bienveillance, elle répondit :

  • Vesins ! La sagesse a parfois des vertus sur lesquelles il serait intéressant de s’attarder. Et qui sait ? Peut-être est-elle autant "utile" qu’un boulanger qui confectionne son pain, ou une mère qui nourrit ses enfants, ou un forgeron qui martèle ses outils, ou un herboriste qui mélange ses plantes, ou encore un médecin qui prend soin des autres !

Sa tirade laissa perplexe ses destinataires. Tout au long du chemin du retour et dans la charrette qui contenaient le même nombre de personnes qu’à l’aller, ils méditèrent sur les paroles de la vielhòta. Rentrés dans leurs habitations, chacun rapportèrent à leurs enfants le périple à la fin heureuse, qu'ils venaient de traverser.

De la mort du Chivau blanc d'Enric lo 4au, le village d’Artés en tira une belle leçon. Elle fût racontée aux générations suivantes, et ainsi, sa légende se propagea dans les villages voisins, pour s’étendre dans l’ensemble du Béarn. Elle poursuivit sa route et bientôt, toute la Navarre la contait. Il paraîtrait même que, la légende de "La vielle et du cheval blanc d'Henri IV", dépassa les petites frontières pour se répandre plus loin dans le nord et le sud.

Depuis, les habitants de l'ancienne Navarre, et ceux, même au-delà du vieux royaume, cultivent le Respect de l’Ancien et la Parole du Sage.

… Et ainsi, ils vécurent heureux pour toujours ?

( BE N'ES UN CAGAIRE !!! PEGÀS ! )

Fin

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