S'en aller.

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Je suis vieux, malade et je vais bientôt mourir. Autant emporter un bon souvenir, quelque chose de beau. Je ne veux pas partir avec pour seule vision un plafond blanc et des néons éblouissants. Je souhaite voir autre chose. Du surnaturel, de l'incroyable, de la beauté. Si mon frère ex-siamois était encore là, il m'aurait sauvé la vie. La technologie a du bon parfois, ils ont su nous séparer, quatre jambes pour deux corps. Je n'ai pas l'intention de passer mes derniers instants dans cet endroit qui pue les médicaments, où l'on entend constament le bruit des machines et les pleurs des gens. C'est déprimant. Je veux mourir dans un endroit calme. J'ai vécu une belle vie, et je ne m'en plaint pas.

Une infirmière passe et je l'interpelle d'une voix cassée. Elle a une bonne ouïe pour m'avoir entendu ! Gentiment elle se renseigne sur ce que j'ai besoin ; juste ouvrir la fenêtre. Une fois que c'est fait elle s'assure que j'ai tout ce qu'il me faut et s'en va. Je me lève en prenant mon temps et m'aide du déambulateur pour marcher. Heureusement que j'ai gardé une certaine forme physique, sinon l'ascension de la fenêtre m'aurait parue impossible. Plus personne ne vient me rendre visite et c'est très bien comme ça, je n'ai jamais été trop famille. Pas marié, pas d'enfant. Il reste la famille de feu mon frère jumeau... J'ai la larme à l'oeil, Dieu que je suis sensible ces derniers temps ! C'est une chance que le déambulateur n'aie pas de roues, je serais tombé depuis longtemps. "Échelle" est un trop grand mot, mais c'est ainsi que je m'en sert. Mes articulations craquent lorsque je retombe de l'autre côté. J'ai l'impression d'être dans "le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire", sauf que ce n'est pas mon anniversaire et que je ne risque pas d'être entraîné dans une aventure folle.

Contrairement à ce qu'on dit, les infirmières ne sont pas toutes jolies et aucune ne va me manquer. Mon voyage est un aller-simple. Je regarde autour de moi, je ne sais même pas où je vais aller... Mes pas quittent la propriété de l'hopital, chose extraordinaire. Je suis déjà fatigué. Je m'assoie derrière un mur, attendant la tombée de la nuit. Pas très loin, il y a une sorte de petit bois. J'y vais. Ironie, je m'allonge, essouflé et à bout de forces contre un arbre possédant deux troncs collés à leur base. Michel, mon frère, j'arrive ! Je fais un somme et quand je me réveille, le spectacle sous mes yeux est splendide. C'est la plus belle chose que j'aie vue de ma vie. Le Soleil est presque couché mais je vois distinctement les étoiles. Je vois la cime des arbres au dessus de moi, principalement l'arbre siamois. Un reste de mémoire m'informe que j'ai la voie lactée en face de mes yeux. Il fait frais mais c'est silencieux, à part un animal de temps en temps.

Malgré le sol inégal, parsemé de branchettes et de mousse, bosselé par des racines, je me sens bien et je n'ai mal nulle part. Un écureuil passa près de moi avec son pelage flamboyant. Mes dernières visions. c'est tout ce que je demandais ; un instant parfait. Je ferme à nouveau les paupières mais, cette fois pour toujours.

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