#15 - 17 juillet

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On rassemble, comme on peut les miettes et les poussières. Ce qu'il reste, tout ce qu'il reste s'il y a, quelque part des hasards qui soufflent comme des tramontanes sur les échines. Si l'on se courbe, si l'on se cambre, parapluies danseurs sous les incendies de verre, et les débris de suie. Et on s'abime, les doigts tout contre l'aube, qui sommeille sous les frondes, les galets si bien polis, chauffés au creux des reins, telles des hirondelles dans les nids de chagrin. Lâchées à l'azur, comme on rase les murs. Des lasures défraîchies sur nos peaux roussies aux soleils rayonnants. Rayonnage étalonné de bières encore ouvertes, que l'on cloue de ciment, de marbre et de feuilles mortes. Mortes comme le jour, qui se faufile encore, sous des tas de nuages qui s'endorment au clair de plume, des paons qui s'arrondissent sous les pans de nos jupes. On pleure alors sa mère, ses bras qui nous rassurent, sur les art déchus, perdus au fond des terres. La sommière et l'argile, à peine drapées d'un fil, si ténu, si fragile, dépendant des marées. Que l'on monte et descend. Des escaliers d'opprobre, à l'or des âges songes. Mensonges de grès et de glaise, sous l'épaisseur épée, Damoclès, dame aux clefs, au trousseau bien gardé. Des portes qui se referment, des sas vitrés qui explosent, milliers d'éclats sommaires. Résumé insolent, des histoires trop longues, des amours surannées, les détours cheminée. Parcheminés d'empreintes, du sable à mes labiales. Parasite insomnie, au plaisir de la grive, qui se givre sur les tombes à attendre la vie, comme d'autres oiseaux, mauvaise augure, attendent la pluie. Et le noir. Noir si noir, impossible sortie, issue que l'on tâtonne sans jamais caresser, même du bout des lèvres le moindre baiser. Mais là on se relève, titubant phylomène, d'esquisses à peine croquées sur les papiers glacés. Des pages qui se détournent, au détour des phrases, des trop de mots sortis, comme des monts à fleur de mer, bouquet de coquillages. Écrasés sous les pieds, à se saigner les plantes, mais l'on s'en fout parce que souffrir, c'est tout de même un peu vivre. Palpiter les cœurs et les âmes qui rôdent, émeraudes aux musc filandreux, sinueux, obsequieux, palpiter quelque part, si seulement on peut, respirer, juste un peu, de parfum acariâtre. Douce amère les chansons, bercées contre les corps, les poitrines fumées, des pépites astronomes, à regarder par la lunette, l'œil fermé de la voûte céleste, délestée de ses étoiles. Des ponts entre deux rives, entre deux eaux courantes sur les lits repoussés, d'images en filigrane, de films rembobinés. Alors on jette, dans un dernier espoir, les échelles aux nuées, des soirs en artifice, flambés sur un dernier cierge. Fiers malgré tout, malgré toutes les usures, et contre toute attente, fiers d'être là sans être si las, et des œillets en fleurs, sarclé à même le sol, pleurés à peine l'épreuve, passée derrière l'épaule. Garder chaud dans le dos, les bivouacs incertains, les tentes à peine pliées, origamis de nuit sous des toiles étirées aux bouches, aux langues torsadées, des nœuds de mots avent. Avant tout et pourtant. Tant de temps pour ouvrir, les capuchons de liège, les capuches sur nos rêves, tant de temps pour les ombres, passées sombres derrière soi. Des carreaux de ciment, de flèches empoisonnées, des carrés de soie, à nos cous si serrés. Encore, oui, plus encore, étouffer de trop d'espace, d'alinéas manqués, de capitales capitulées. Tuées sous les arabesques, d'une main gauche et d'une porte cochère, qu'on ouvre à cent chevaux, pour partir en bataille. En baptême de l'air, en baptême désert, au beau milieu des ronciers, sur lesquels on s'use et s'usurpe, des dents brochées d'épingles. Et des pinces à cheveux, dans tes orteils noués. On s'assoit dans des flaques, des mètres mesurés. Parallèles de vie, qui jamais ne se rencontrent. Même en tendant la main, la route est bien trop longue avant qu'on puisse, trouver le raccourci, pour rejoindre nos cils.

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