#12 - 11 juillet

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Ce sont des scènes qui se jouent là, se déchaînent des trames si bien ficelées, comme sur des fils d’Ariane et des fils de France. Ce sont des peurs qui nous tordent les murs et des ruisseaux de veines et de peines au sang noyé d’ecchymoses que l’on traîne dans un baluchon, comme un fardeau dans nos dos et nos joues fardées de pourpre. A la poupe on s’escrime à l’esquive des passés, on s’ensommeille de vin quand les fenêtres se ferment et se dérobent, qu’on regarde à travers le chas de l’aiguille ; les coutelas dans les poules aux dents longues, acérées sur les parquets de bruyères, des jachères escabeau qui, marche après marche, nous cherche le sommeil. Et l’ensemble se peint d’incandescence fantasmée, de lendemains consommés déjà, alors qu’hier n’est pas encore achevé. De consolation il n’y a plus rien si ce n’est, oui, au fond, que ses propres bras et sa propre langue pour se lécher les plaies ouvertes. Suintantes. Prends tout et le reste aussi s’il existe. Le souffle, l’air et la sueur qui perle à nos fronts encollés. Eteins la mèche ici, qui s’embrase encore seule, en corsage lié à des pieds fatigués de se mouvoir, immobiles encore malgré le vent qui passe. De là on s’imagine des papillons d’argent, nous volant dans les plumes ainsi qu’on vole l’abîme. Tandis que les corps se lèvent sur les porcelaines, ébréchées dans leur manteau de mohair. Glisse sur les épaules, larve philanthrope, à la trompe élastique sur des bruissements diaphanes. Et Diane qui baye aux corneilles de se taire et sous terre enfoncer la tête pour ne plus rien y voir, ni les tours ni les jours qui s’effeuillent sans bruits et déflorent les jeunes filles. Dans un tonnerre à Bucarest, à Paris l’on s’endort, côte à côte ensevelis, des mailles jetées en firmament, lacérées sur les cœurs, si tendres encore alors, meurtris ensuite pardi. Ou par vingt ou par plus. Encore. Que l’on dit. Que l’on toise, qu’importe. Les changements s’amenuisent aux portes de chaque chemin, s’isole à la ferveur d’un oubli salutaire, et que l’espace blanc, libre de tout chantier, évapore ces lueurs, aux creux des bras croisés. Si l’éponge absorbe encore, miracle d’insomnie, les rêves trop crevés, des jeux trop joués, l’élan se brise comme une vague sur un rocher, brisant les heures et les secondes éparpillées, au milieu du bitume telle une course folle, un rallye dans le nez, un rail déraillé. On se plante parfois, au détour des hasards, on se trouve, aussi, sur des bouts de trottoirs, usés par trop de pas. Et trépas glacial dans le caniveau verglas, de travers, de guingois, comme on tremble au combat. Quand il faut continuer mais que l’on voudrait dormir. Dormir pour la nuit, pour la vie, pour l’éternité. Ensevelir l’existence sous des monceaux d’ivresse, de fragments simagrées au son des oreillers. Des chants de cymbales au milieu des cigales. Et des sirènes prélassées sous un soleil d’acier, mais point de plomb dans l’aile et les labiales percées, de mots gigantesques, montés sur arbalètes. Décochés sans vergogne aux tréfonds des solstices. Sérénade esclavage aux âmes torturées. On s’acquitte de chair quand la vie nous enfuie. On se quitte, amers, quand l’amour nous a fuis.

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