Peut-être n'étiez-vous...
Peut-être n'étiez-vous qu'une personne ordinaire venue chercher quelque repos ? Il m'était si facile de me livrer corps et âme à ces sortes d'illuminations qui me visitaient avec la force des aurores boréales. Pure disposition au fantastique dont il faudrait bien, qu'un jour, je revienne. Mais c'était si agréable de se laisser aller à son penchant, de déguiser en princesse la première jeune femme rencontrée, de lui bâtir un palais de songe dont elle ne ressortirait pas, prisonnière d'une cellule de verre. Mais vous paraissiez tellement libre, en harmonie avec ce qui vous entourait. Céladon posé dans le bleu naissant de l'aube. C'est ainsi qu'il fallait que je vous imagine, sous la forme d'un objet rare naissant à la confluence des heures, sublime concrétion du temps. A vous halluciner, l'éternité apparaissait avec son tremblement de luciole, l'instant faisait son étincelle brillante, le passé se dissolvait dans les replis de la mémoire, l'avenir s'annonçait, dans le lointain, pareil à la flamme de la chandelle. Du temps, tout était dépouillé, sauf le présent qui vibrait comme la lueur du cristal. Mais, à bien y réfléchir, votre accompagnatrice ne m'avait-elle abusé ? N'étiez-vous pas, seulement, le reflet dans le miroir qu'une habile photographe avait cherché à immortaliser ? N'étiez-vous pas image et rien d'autre qu'un pur fantasme de papier ?
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