Chapitre 14 - U.S.J (2)

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Tilili, Tilili, Tililili....

Un bruit de sonnerie de téléphone réveilla Akira. Dans l'obscurité du matin, il ouvrit les yeux, attirés par la lumière du téléphone qui vibrait et sonnait. D'un geste paresseux, il attrapa l'appareil et regarda qui l'appelait.

C'était Denki, le type aux pouvoirs électriques. Lui et sa bande l'avaient invité à un barbecue dans un restaurant du coin, chose fort sympathique qui avait permis à Akira de connaître mieux ses camarades (à son grand dam, car Mineta n'avait pas voulu le lâcher de toute la soirée avec ses goûts en matière de filles, et Aoyama qui n'avait cessé de lui demander de prendre des photos de lui avec flash, malgré la luminosité élevée dans le restaurant), et aussi de passer un moment qui lui faisait oublier qu'Ugo courrait toujours, fomentant des plans aussi géniaux qu'extrémistes.

Akira appuya sur le bouton vert et porta le téléphone à son oreille, parlant d'une voix pâteuse :

- Moui ?

- Oulà, j'ai réveillé une marmotte ! s'amusa la voix à l'autre bout du téléphone.

Il avait en partie raison ; l'énergie pompée par son Alter épuisait Akira, et lui qui n'avait pas l'habitude de dormir (il n'avait plus dormi depuis déjà 19 ans, car son corps et son cerveau n'en avaient pas besoin) se sentait si fatigué qu'il aurait pu se changer une guimauve, et ça ne l'aurait même pas étonné.

- Qu'est-ce qui te force à m'appeler de si bon matin ? (il jeta un oeil à son horloge) Il est 6h, et le cours ne commence qu'à 8h.

- C'est que... Avec Sero, on est voisins, mais on habite loin. Alors on est peu embarrassés avec cet règle de contact physique et visuel, parce qu'on doit prendre le train et il est souvent bondé à cette heure...

- Et tu penses que je peux venir vous chercher avec mes portails ? bailla Akira.

- Ouais, ce sera plus rapide et... pourquoi je sens que tu vas refuser ?

- Pour trois raisons : un, je n'ai pas une portée énorme avec ces derniers, seulement une dizaine de mètres au maximum, et c'est fatiguant, et peu pratique car ils sont pas très larges. Deux, je ne peux pas utiliser mon pouvoir juste pour me déplacer, c'est contraire à la loi. Trois, je risque de mettre ma vie en danger si je vais venir vous chercher, car je serais une cible potentielle supplémentaire. (Akira s'adossa contre le mur de sa chambre, frottant ses yeux endormis) Vous n'avez pas un de vos parents qui peut vous amener ?

-...Euh, si ?

- Alors réfléchis à deux fois, Denki, avant de vouloir appeler quelqu'un, répondit Akira sur un ton acerbe, et raccrocha.

Il posa son téléphone sur son lit en soupirant d'exaspération. Bon, il avait peut-être été un peu dur avec son nouvel... ami ? Pouvait-il le considérer comme tel ? Ils ne se connaissaient que depuis moins d'une semaine, le barbecue n'étant qu'un prétexte pour renforcer les liens dans la classe 1A. C'était plus que probable que Denki soit vexé par le ton pédant d'Akira.

Quelle poisse ! Si seulement il était né dans ce monde, avec un corps qui n'était pas m'équivalent d'un golem sans cesse sur le point d'imploser. Les âmes de Yannis et Synnaï étaient les plus influentes sur ses faits et gestes, Laura étant la plus subtile.

Il ouvrit les rideaux de sa fenêtre ; le soleil commençait à poindre le bout de son nez, projetant des rayons roses à citrouille dans le ciel endormi par les nuages paresseux. Sa chambre était simple : un bureau, une petite commode pour ranger le peu de vêtements qu'il possédait, une table de nuit et un lit. Le sol gris, les murs blancs. Rien de flagrant et d'original.

C'est ainsi qu'Akira eut deux idées : la première, passer le permis de conduire, parce que même si cela faisait depuis 1895 qu'il conduisait dans son monde, il fallait sans cesse reprendre des leçons et passer le fabuleux examen qui était aussi facile que complexe. la deuxième ? Décorer sa chambre, car il était interne pour toute l'année et on l'avait autorisé à le faire. Ainsi, elle lui ressemblerait plus.

Mais qu'est-ce qui me ressemble ?

Akira se laissa glisser le long du mur, se prenant la tête entre ses mains. Depuis toujours, il combattait, sauvait, créait des plans géniaux pour la Résistance contre l'Empire. Désormais, il se sentait aussi vide qu'une boîte de thons ouverte dans un repaire de chats. Alors qu'il tentait chaque jour de se convaincre qu'il était plus qu'un amalgame, son "originalité", sa "spontanéité" n'était que le fruit des trois âmes habitant dans son corps.

Pourtant, Akira en avait une ! Il l'avait vue... Celle de Laura était noire d'encre, Yannis était un ciel d'été sans nuages et Synnaï une perle nacrée. Akira était un petite goutte de miel sous le soleil brûlant. Minuscule, imperceptible mais présente.

Il s'ébroua ; ce genre de considérations était secondaire. Il devait penser à autre chose... Dès qu'il passa du coq à l'âne, un visage surgit de sa mémoire.

Encore elle.

Une baffe sur la joue plus tard, Akira avait enfilé son uniforme, sa tenue de héros dans la valise prévue à cet effet. Il descendit les escaliers quatre à quatre, sentant un regard derrière lui ; bien sûr qu'il n'avait pas oublié qu'il était surveillé ! Il se tourna vers Ectoplasm, le professeur de mathématiques de sa classe.

- Bonjour ! Vous avez bien dormi ? sourit Akira (de toute façon, autant être sympa avec son surveillant, ça ne coûtait rien)

- Excellemment. Et j'espère que tu es en forme pour ton prochain cours, parce qu'il est l'un des plus importants en filière héroïque.

En marchant à ses côtés, Ectoplasm remarqua les marques sur les mains d'Akira ; elles ressemblaient à des brûlures, mais leurs formes étaient spiralées.

- Tu t'entraînes déjà à utiliser ton Alter dans une autre direction ? s'enquit Ectoplasm.

- Oui, acquiesça Akira en regardant ses mains. Je pense que je ne peux pas seulement projeter mon énergie, mais aussi la manipuler. Malheureusement, j'ai pas le déclic et j'expulse juste des charges importantes.

- Hmm... Ne te blesse pas trop non plus, sinon tu ne seras pas en forme pour la suite.

- Cinq sur cinq !

Ils petit-déjeunèrent ensemble, comme tous les matins. Quand Nezu avait chargé Ectoplasm de surveiller le jeune homme, il ne s'était pas attendu à ce que celui-ci le remarque aussi vite, mais encore moins à ce qu'il le prenne bien et laissait Ectoplasm faire son travail dans la joie de discuter avec quelqu'un tous les matins. Tous les autres professeurs étaient souvent très épuisés, surtout Eraserhead, alors qu'Ectoplasm était sans cesse frais.

Akira possédait un trésor de connaissances, ce qui pour quelqu'un de son âge n'était pas si étonnant, puisqu'il lui avait expliqué avoir passé sa vie à lire des livres et à tester la pratique après la maîtrise de la théorie. L'apprenti héros était vif, curieux et très sérieux quand il parlait de sciences, mais rêveur et maladroit quand il s'agissait d'art. Quand au domaine héroïque, il avait une conception similaire, mais éloignée de comment le métier fonctionnait, ce qui obligeait Ectoplasm à le corriger sans cesse, non sans en retirer le plaisir de l'enseignement.

-...Mais j'imagine que lorsqu'on utilise un Alter qui contrôle le papier, jusqu'où peut s'étendre ce contrôle ? Le pouvoir peut être utilisé afin de caler des débris, emprisonner des membres ou servir de pansements de fortune...

- J'adorerais continuer notre conversation, fit le héros en regardant l'heure, mais je dois me préparer pour enseigner à la seconde 1B. Reste ici le temps que ton professeur principal vienne te chercher.

- D'accord...

Le jeune Akira était tout de même trop impatient. Ce trait de caractère était souvent fatal aux héros, et ce dernier devait s'en débarrasser si il souhaitait en devenir un.

 * * *

Après une minute d'attente, Akira vit le héros effaceur qui lui faisait signe de s'approcher. Une fois près de lui, Eraserhead soupira.

- Tu es vraiment la sangsue la moins titillante que j'ai eu l'occasion de me coltiner. Et je m'y connais.

- C'est... sensé être un compliment ?

- Suis moi, rétorqua son professeur, ce qu'Akira s'empressa de faire.

Ils se dirigèrent à travers les couloirs, pour sortir du bâtiment. Après avoir contourné le lycée, ils tracèrent jusqu'à un dôme gigantesque en verre. Devant l'entrée, trois héros qu'Akira ne connaissaient pas bavardaient joyeusement. Pas très professionnels, mais on s'en contentera...

- Tu restes avec eux, le temps que j'accueille les autres élèves, et Aizawa fit un signe de tête vers les héros, qui répondirent de la même façon.

Devant la moue boudeuse d'Akira, le professeur prit un ton sec :

- Tu ne serais pas dans cette situation si tu n'avais pas joué aux héros abrutis. Maintenant, tu as un peu de temps pour méditer sur tes actes.

Le professeur parti, Akira se tourna vers les autres héros ; bien qu'ils avaient repris leur discussion, la façon dont ils se tenaient debout trahissaient la tension de leurs muscles prêts à réagir au moindre signe de fuite d'Akira. Comme si il avait envie de s'enfuir !

Il lâcha un soupir exaspéré, bien audible qui attira un instant l'attention des héros. Pourquoi on le lui faisait pas confiance ? D'un point de vue pratique, il n'avait quasiment pas enfreint la loi. Dans ce cas, se faire suivre H24 le faisait douter de plus en plus des véritables intentions de la police. Et puis se faire traiter comme un gamin ? D'un côté, Akira comprenait qu'il n'était pas un adulte dans ce monde, de l'autre...

Raaaah, c'est trop compliqué d'avoir un corps pas du tout en adéquation avec ce qu'il y a dans sa tête !

* * *

Une fois que tous élèves furent à l'intérieur du bâtiment, affublés de leurs costumes, ils purent admirer l'immense terrain qui se séparait en plusieurs simulations de terrain. On entendait l'eau dévaler en cascades, le feu ronfler sous une voûte fermée et stylisée, ainsi que les bruits caractéristiques de ventilateurs gigantesques. Bref, une merveille de technologie, mais c'était le futur, donc Akira ne s'en étonnait pas vraiment.

- Bienvenue au Simulateur de Catastrophes & Incidents. Je suis Thirteen, l'héroïne qui se chargera de vous lors de cet exercice.

L'héroïne en question ressemblait à une cosmonaute des anciens temps : une grosse combinaison complète, un casque aussi opaque que la mer et une voix modifiée par le scaphandre spatial. Bien que ce genre de costume ne devait pas se prêter à des exercices d'agilité, il avait forcément son utilité, pensa Akira.

À côté de lui, Uraraka et Ashido observaient Thirteen en faisant des commentaires sur son "côté mignon et sa voix trop chou-pi".

- Les apprentis héros de Yuei doivent apprendre à gérer des situations de crise qui ne relèvent pas toujours des vilains. En l'occurrence, les catastrophes naturelles sont souvent nos pires ennemis, car elles sont imprévisibles et ne font jamais de quartier. Formez quatre groupes de quatre et un groupe de cinq, s'il vous plaît !

Les élèves s'agglomérèrent selon leurs envies, jusqu'au moment où Akira se rendit qu'il était tout seul. Alors qu'il regardait autour de lui d'un air hagard, Denki lui fit un signe de la main, accompagné de Sero, Koda et Tokoyami.

- On est entre potes ! sourit Denki en mettant son bras autour de l'épaule d'Akira.

Ce dernier lui rendit son sourire, avant de remarquer quelque chose d'étrange... Non, c'est sûrement mon imagination.

- Bien ! (Thirteen tapa dans ses mains) Maintenant que vous avez formé vos groupes, je vais vous demander de suivre un héros qui vous amènera à une simulation. Vous y resterez pendant trente minutes, puis vous changerez en tournante. À la fin du cours, vous aurez fait toutes les simulations. Bonne chance !

Un des héros, un type avec un costume de cactus, les amenèrent à la zone de "Tempêtes & Déluges", où une pluie torrentielle et un vent hurlant tentaient de d'inonder et balayer rues et bâtiments. Le principe était simple : il y avait eu une évacuation (fictive), mais pas complète, et des mannequins avec des hauts-parleurs simulaient le reste des victimes, plus ou moins dans le pétrin. Sauver le tout en trente minutes sur une superficie de 2 km², c'était difficile, mais pas impossible avec des super-pouvoirs. Surtout qu'ils avaient des "radars" pour détecter les victimes à moins de 100 mètres.

Le vent lança une vague de froid et d'humidité sur Akira, mais ce dernier ne grelotta pas ; il se tourna vers les autres, et dit :

- Je propose que l'on se sépare, ce sera plus simple. Mais je ne connais pas vos Alters, s'enquit-il en se tournant vers Koda et Tokoyami.

- Je peux parler aux animaux pour leur donner des ordres, expliqua Koda. Les cris fonctionnent aussi, mais dans ce vent, je ne sais pas si ils entendront quoi que ce soit.

- Je possède un être de ténèbres en moi, dit Tokoyami. Il est indépendant, mais obéit à mes ordres. Sa force croît avec l'obscurité ambiante, mais il devient de plus en plus difficile à contrôler.

- Très bien. Alors je serais seul, Sero tu accompagnes Koda et Denki avec Tokoyami, comme ça on n'aura pas de probl...

- mAiS çA mArChE dU tOnNeRrE, eN fAiT !

Le bruit crépitant d'une décharge électrique se fit ressentir, et Akira se tourna immédiatement vers Denki, son corps réagissant à la voix plus vite que son esprit.

Les yeux de son camarade brillaient d'une lumière dorée. Devant lui, le héros cactus avait été séché, dans l'incapacité de se défendre contre une personne qui n'avait selon vous aucune raison de vous attaquer.

Fais chier ! jura Akira avant de se jeter sur Denki pour le neutraliser, mais un ruban adhésif s'enroula autour de lui. Il jeta sa tête en arrière : Sero et Koda étaient également touchés !

- Akira, ils m'ont eu aussi ! cria Tokoyami.

En effet, un ours. Un ours ?  Un ours pesait sur son camarade à tête d'oiseau, l'empêchant d'esquisser le moindre mouvement.

- bIeN...

Même après toutes ces années à l'entendre, cette voix le faisait toujours autant frissonner.

- Où en étions-nous... (la voix se stabilisa, sûrement parce qu'il avait réussi à comprendre le processus de possession) Ah oui ! Une belle retrouvailles en ami, n'est-ce pas, Yannis le Mage ?

Il était dans la merde.

* * *

Ugo transmit ses derniers ordres à ses nouveaux soldats, avant de jeter le verre d'alcool sur le civil. Celui-ci se prit un splash retentissant, et se tourna vivement vers lui en lui hurlant dessus, l'insultant de tous les noms.

- La Connaissance est souvent le chose la plus néfaste au monde, lui répondit simplement Ugo.

Tout à coup, l'arrosé tiqua. Puis, de la vapeur s'échappa de sa peau, et il commença à hurler. Il se grattait le visage, les bras et les jambes en espérant que faire un trou dans son épiderme permettrait de faire s'échapper le feu qui le rongeait. Malheureusement, ce feu-là était inextinguible, et le civil gargota tandis que son visage fondait, ses muscles se dégonflaient et se mélangeaient à ses os pour former un bouillie informe, infâme. En l'espace de dix secondes, il ne restait du civil qu'un tas de chair bullant et fumant.

Tandis que les autres civils criaient de terreur et tentaient de s'échapper, la Ligue des Villains les encerclèrent, les empêchant de s'enfuir. Le général de l'Empire ouvrit largement ses bras vers le ciel.

- ALL MIGHT ! hurla Ugo, conscient de toutes les connaissance qui tentaient de s'échapper des cerveaux de ces profanes. JE TE DÉFIES ! SI DANS DIX MINUTES TU N'AS PAS DÉBARQUÉ, JE TUERAIS UN CIVIL TOUTES LES TRENTE SECONDES !

Puis, plus pour lui-même, il murmura :

- Je vais détruire tous les deux Symboles. Une journée comme une autre.

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