Confession de l'ennemi

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Bonjour je m'appelle Y., j'ai 34 ans et voici mon histoire.

Je suis né au début du printemps 1987 dans un petit logement du centre-ville de Saint-Brieuc.

Père inconnu, mère alcoolique, enfant unique.

A la question, « Qui est mon père ? », je n’ai jamais eu de réponse précise, si ce n’est, il était pianiste.

J’ai longtemps vécu dans l’ombre de cet absent dont je ne connaissais rien et à travers qui j’ai essayé d’exister.

On me le disait artiste, j’ai essayé de suivre cette voie peut-être pour me rapprocher de lui.

Délaissé par une mère pourtant aimante, je me suis construit dans le manque.

Ma mère n’a jamais vraiment refait sa vie, à part avec une femme pendant plusieurs années. Ce mode de vie un peu marginal à l’époque a pourtant été le seul moment de ma vie où j’ai vécu entouré de parents.

Je me suis bercé toute mon enfance des mensonges servis par ma mère et de ceux que je lui délivrais à mon tour pour attirer son attention.

Je devais être à ses yeux le sur-homme qu’elle n’avait jamais connu ou su garder. Je m’inventais en gagnant de marathon non entraîné, en compagnon de fiesta de chanteurs ou acteurs reconnus et ma mère prenait tout pour argent comptant.

Je grandis dans cette ville que je n’aime pas et m’exile à Rennes le bac en poche.

Je rêve de faire une école d’architecture mais les frais d’inscription sont trop élevés et les revenus de ma mère insuffisants, je me rabats sur une licence d’Histoire des arts.

Mon cursus universitaire est avorté après quelques mois. La nécessité de travailler afin de m'assurer une indépendance financière et de pouvoir assouvir ma passion pour les jeux vidéos et les derniers objets connectés aura raison de mes ambitions scolaires. Le travail étudiant dans un fast-food devient un travail à plein temps et je deviens manager.

Je m’installe dans un appartement situé aux Horizons, le must de l’architecture dans la capitale bretonne. J'y organise des fêtes, essayant de m'entourer et de créer des amitiés.

Bien qu'attiré exclusivement par les femmes, mon âme de séducteur attire les femmes comme les hommes. J'assume mon côté féminin n'hésitant pas à déposer un trait de crayon noir autour de mes yeux pour en souligner le bleu.

Des conflits au sein de l’équipe me poussent à quitter mon emploi de manager. J’enchaîne ensuite plusieurs emplois à temps partiel, précaires, et maintiens tant bien que mal mon niveau de vie.

Le management me plait mais je reviens constamment vers le domaine où j’ai fait mes premières armes : la restauration.

Ma vie décalée m'enferme dans une forme d'isolement où je ne cotoie bientôt plus que des avatars. Certains jours, ces compagnons d'armes avec qui je livre des batailles chaque nuit sont mes seuls contacts de la journée. La fête fait place à l'ivresse quotidienne pour tromper l'ennui.

Malgré les sacrifices que je me dois de réaliser, mon appétit pour les belles choses ressurgit inévitablement et mon âme de collectionneur prend alors le dessus. C'est ainsi que les économies consenties fondent comme neige au soleil devant le dernier jeu vidéo.

Mes relations amoureuses en patissent également.

Après avoir vécu une première histoire d’amour marquante, j’enchaîne les relations passionnelles et tumultueuses. Je nourris des regrets concernant cette première relation dont j’ai provoqué l’implosion suite à une tromperie. Je cherche pendant des années cette autre parmi mes rencontres ne pouvant m’empêcher de la comparer à mes conquêtes. Celles-ci prennent la fuite les unes après les autres sans au passage, s'être épuisées à essayer de me « sauver ».

« Mythomane » « Alcoolique » « Infidèle » « Manipulateur »

Les amis et les amours continuent de défiler.

« Isolé» « Esseulé» « Désoeuvré» « Désabusé »

Au milieu de ce chaos qu'est devenue ma vie, je tente de renforcer les liens qui m'unissent à ma mère. Sobre depuis plusieurs années, elle a le souhait de m'aider à m'en sortir et me porte à bout de bras.

Malgré tout, je ne prends pas conscience des choses et poursuis conjointement ma quête amoureuse et la recherche d'un avenir professionnel épanouissant.

Il suffit parfois d'une rencontre pour tout remettre en perspectives.

Une claque. Un coup de pied au derrière. Un électrochoc.

Appelez cela comme vous voulez. Je le nomme C.

Je l'ai rencontré un jour d'hiver dans une maternité et c'est comme j'avais soudain eu le pouvoir d'effacer toutes les erreurs du passé. J'avais rencontré sa mère quelques mois auparavant et notre relation avait débuté de la même manière que les précédentes. Et puis, par manque de vigilance, elle était tombée enceinte. J'ai douté de pouvoir être un bon père, moi qui n'en avait jamais eu. J'ai fui un temps puis je suis revenu à quelques semaines du terme.

Depuis qu'il est arrivé dans ma vie, et malgré la séparation avec sa mère, je m'efforce d'être un père présent et d'assumer mes erreurs de père imparfait. J'apprends chaque jour, à ses côtés à devenir meilleur.

J'ai soif de stabilité, je veux être pour lui père que je n'ai jamais eu.

Je suis aujourd'hui vendeur au sein d’une grande enseigne d’équipements multimédias et ménagers.

L'avenir s'annonce plus radieux et je me sens prêt à le partager durablement et sereinement.

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" Prenez un personnage que vous détestez, vous désapprouvez, que vous méprisez et essayer de pratiquer l'empathie. Essayer de le saisir de l'intérieur et de saisir sa perception du monde."

Cet exercice m'a été imposé dans le cadre d'un atelier d'écriture.

Celui-ci s'est révelé bien plus difficile que ce que je pensais et, a contrario, beaucoup moins douloureux que ce à quoi je m'attendais.

Une personne est immédiatement apparue à moi mais je ne voulais pas écrire sur cet autre que je m'efforçais d'oublier depuis onze ans. Et pourtant, j'avais beau retourner l'énoncé dans tous les sens, personne ne se prêtait mieux à l'exercice.

Après l'amour et la passion, la haine et la colère, cet exercice m'a permis de me rendre compte que le temps avait fait son oeuvre pour laisser place à l'apaisement, la distanciation et l'empathie.

Il a été quelque part une délivrance.

Le texte est un premier jet. Je trouve qu'il manque d'unité. J'attends vos avis pour m'aider à l'organiser et à le corriger.

Merci par avance pour votre aide :-).

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