Prompt 4

3 minutes de lecture

Prompt : Tom passe ses doigts dans les cheveux d'Alexis, assis sur le canapé juste à côté de lui.

***

La journée enfin terminée, Tom s’affala sur le canapé, épuisé. Le premier qui lui lâchait qu’être un homme au foyer était reposant, il lui ferait déguster son poing. Enfin non, il n’était pas violent, mais tellement à cran qu’il ne pourrait contrôler ses pulsions. Typiquement cliché, il s’était octroyé la compagnie d’une bière rafraîchissante en attendant impatiemment le retour de son véritable compagnon. Pour patienter, il traînait sur son téléphone, jonglant entre les réseaux sociaux. Des photos de petits chiens ou de chatons, des vidéos de canards barbotant avec leurs cannetons : son fil d’actualité explosait d’animaux mignons, coupé de temps à autres par des postes de célébrités – comme Dua Lipa ou Gal Gadot – ou des photos du travail accompli de son petit ami tatoueur.

Une fois à jour dans les publications, il verrouilla l’écran de son téléphone et le posa juste à côté de sa bouteille sur la table basse, pour attraper la télécommande par la même occasion. Il était passé dix-huit heures, l’heure des stupides téléréalités qu’Alexis lui interdisait de regarder, au risque de griller tous ses neurones. Plaisir coupable oblige, il se laissa donc hypnotiser par ces débits de conneries et ces corps siliconés ou bodybuildés. Non pas que ce genre de physique l’intéressait, loin de là, mais la tentation de les juger était plus forte que lui – alors qu’il ne devrait pas, c’était comme se rabaisser au niveau de ces pitoyables personnes.

.

Dix-neuf heures. Son cerveau – s’il en avait encore un – n’en pouvait plus. Ça envoyait du lourd. Tom décida d’éteindre la télé, sans regret, et se dirigea dans la cuisine pour leur préparer de quoi manger, à lui et Alexis, qui ne devait pas tarder à rentrer. Les jeudis soir, c’était soirée repas devant la télé. D’habitude, ils commandaient une pizza ou asiatique, mais aujourd’hui, Tom avait envie de faire quelque chose maison – et puis, il fallait bien qu’il mette ses capacités de cuistot à exécution.

Une demi-heure plus tard, il déposa deux bols de céréales et une brique de lait sur la table du salon. Pour le « home made » on repassera, mais malheureusement, leur frigo était dépossédé de toute trace d’aliment. Et merde ! Il avait oublié de faire les courses, à force de courir à droite et à gauche pour acheter et installer les derniers détails qu’il manquait à l’appartement – à croire que la nourriture n’en faisait pas partie, hormis du lait, des céréales et, le plus important, du chocolat !

La porte d’entrée s’ouvrit puis se referma. Un soupir de soulagement. De lui. D’Alexis. Un rapide baiser de bienvenue. Puis, finalement, un autre plus sensuel. Plus langoureux. Avant de débriefer sur la journée, de s’installer sur le canapé et de choisir le film de la soirée.

Wonder Woman ?

— Oh mais arrête avec cette meuf !

— Quoi, t’es jaloux ?

— Pas du tout !

— J’y crois pas une seule seconde, mais admettons…

Alexis le fusilla du regard. Non, il n’était vraiment pas jaloux. Juste que les films de super héros, ça allait un moment, mais là il saturait. D’autant plus qu’il avait passé toute sa journée à tatouer un Chibi Deadpool sur le bras d’une cliente qui vouait un culte au Stucky (une histoire d’amour entre Captain America et Bucky). Il n’en pouvait plus.

— OK. Alors un animé ?

— C’que tu veux Tom, tant qu’y a pas de mecs en déguisement ou avec des collants moulants…

Tom pouffa : il aurait pourtant juré que c’était le kiff d’Alexis. Il entreprit de lancer un film d’animation au décor constellé de bulles et aux couleurs féériques. Alexis posa sa tête sur son épaule et lâcha dans un murmure :

— Hé… Tu m’caresses les ch’veux ?

Carrément ouais. Tom ne se fit pas prier et glissa ses doigts dans les boucles de son petit ami, jouant distraitement avec quelques-unes de ses mèches brunes. Avec un tic comme le sien, il préférerait mille fois plus avoir la douceur et la souplesse des cheveux d’Alexis, ça serait beaucoup plus agréable au toucher. Alexis ronronnait d'aise.

— Ils sont tout doux, j’adore.

— Normal, j’utilise du démêlant et un masque capillaire au moins une fois par semaine.

Leurs voix étaient légères, faibles. Un moment si calme et empli de tendresse.

— Alexis ? Tu veux du chocolat ? Il nous reste une plaque.

— Plus tard, mais tu peux en prendre toi, s’tu veux.

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