Demain, dès l'aube...

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Demain dès l’aube, je me lèverai, avec le jour naissant, et me glisserai hors du lit, sans un bruit.

Je me lève et je te bouscule
Tu n'te réveilles pas
Comme d'habitude

Il y aura du vent, sans doute. Je prendrai soin de m’habiller pour sortir. Bottes, manteau, écharpe, gants.

Mais avant de partir, il faudra bien te couvrir
Dehors il fait encore si froid, c’est un peu à cause de moi

Je suivrai le chemin qui mène à la forêt. Je me faufilerai à travers les feuillages et verrai peut-être un animal sauvage. Je n’aurai pas peur.

La petite biche,
Ce sera toi, si tu veux
Le loup, on s'en fiche
Contre lui, nous serons deux

Je gravirai les rochers, d’un pas décidé. Je croiserai, dans une eau trouble où il m’arrive de pêcher, le regard terne de mon propre reflet.

Terre brûlée au vent
Des landes de pierres
Autour des lacs, c'est pour les vivants
Un peu d'enfer

Les oiseaux veilleront sur moi, déployant leurs ailes sombres dans le ciel gris. L’air glacial me chatouillera les oreilles et le nez, mais je continuerai d’avancer, maudissant l’automne et regrettant de n’avoir pas pris de bonnet.

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?

J’aurai oublié ma montre, comme toujours, parce que tu ne m’auras pas rappelé de la prendre. Je ne sentirai donc pas le temps passer, mais le Soleil, derrière les nuages poursuivra sa fuite vers l’Occident. Quand j’arriverai enfin au sommet de la montagne, le soir sera tombé et mon corps, épuisé.

J’arrive, j’arrive
Mais qu’est-ce que j’aurais bien aimé
Encore une fois traîner mes os
Jusqu’au soleil jusqu’à l’été
Jusqu’au printemps, jusqu’à demain
J’arrive, j’arrive

Tu seras là, avec ton sourire d’ange. J’entendrai ta voix, me remerciant d’être venu. Je ne viendrai pas les mains vides car vois-tu, ton vieux père n’a pas oublié les bonnes manières. Tu as toujours aimé les plantes, et c’est pourquoi ma chérie, dès demain ta tombe sera fleurie.

J’aurai marché toute la journée, mon amour. A travers les paysages de ton enfance, la Nature m’aura chanté des airs que je reconnaitrai. Car c’est toi qui les fredonnais de ta voix fluette, dans la maison, dans la voiture, dans la forêt, sur la montagne. Tu ne t’arrêtais jamais.

Tu serais sans doute devenue célèbre, ma douce. A la fin de chacun de tes concerts, ton père, tellement fier, t’aurait apporté du houx vert. Car je sais combien tu aimes ces fleurs à l’odeur de Noël, auxquelles on aurait ajouté, symbole de tes rêveries et de notre amour, un grand bouquet de bruyère en fleur.

Demain, je te le jure, ta tombe sera fleurie, ma fille. Attends-moi. Je viendrai. A demain.

Dis, quand reviendras-tu
Dis, au moins le sais-tu
Que tout le temps qui passe
Ne se rattrape guère
Que tout le temps perdu
Ne se rattrape plus

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