Chapitre 5

7 minutes de lecture

Appartement d'Hasley ≈ 9h20

Hasley entra en trombe dans son appartement, où Cassidy -cheveux hirsutes et encore en chemise de nuit- était installée au bar de la cuisine, et buvait un café, la seule denrée alimentaire que l'on pouvait espérer trouver chez lui.

Au moment où elle se leva, Hasley se rendit compte à quel point la tenue de la jeune femme était légère et courte. Avant que sa détermination ne flanche, il lui jeta le vieux plaid.

« -Couvre-toi avec ça. Faut qu'on parle.

-C'est quoi cette vilaine tête que tu me tire mon chou ? demanda t-elle en s'enveloppant dans la couverture.

-Pourquoi étais tu aux alentours de la banque de sang du quartier Sörhen le trois mars à quatre heures du matin ?

-Je te l'ai déjà dit non ? Je faisais mon boulot.

-Et tuer Arthur Holmes faisait partie de ton planning ? Tous les éléments de cette enquête mènent à toi, si tu as quelque chose à avouer fais le maintenant.

- Je ne l'ai pas tué.

-Bien sûr, ironisa Hasley, tu t'es retrouvée avec le cadavre de ton pire ennemi aux pieds par pur hasard.

-Celui qui a tué cette merde mériterait une médaille. Mais ce n'est pas moi.

-Prouve-le, ou au moins, dis-moi la vérité.

-La vérité hein ? Depuis deux ans, je cherche Roxane et quand ce sale porc daigne réapparaître en ville, je me débrouille comme je peux pour le retrouver. Parce que s'il existe une infime chance qu'il me mène à elle, je dois la saisir. Ce soir là, quand j'ai su qu'il rentrait à Sörhen, je savais aussi par quels bordels il passerait pour se payer du bon temps. Je l'ai attendu là bas, avec la ferme intention de le suivre après qu'il a fait son affaire. Mais il n'est jamais arrivé. J'ai fait le tour des quartiers aux alentours, et je l'ai découvert alors qu'il était déjà froid. La suite tu la connais. C'est bon tu me crois ?

-Mon job c'est pas de croire mais d'être sûr. Mais disons que je vais me contenter de ça pour le moment.

-Ils vont m'arrêter ? demanda t-elle avec nonchalance.

-Ils ne peuvent pas. Ils n'ont aucunes preuves.

Salle d'interrogatoire, Commissariat ≈ 9h25

« -J'ai également plusieurs preuves qui corroborent ce que j'avance, ajouta Raizel, voici les noms de trois témoins, qui ont vu cette « Diamand » suivre et tuer Arthur le matin du trois mars. »

Tandis que le magnétophone tournait, assis en face des officiers Ylderin et Garett, le collaborateur de la victime, sortit un papier de la poche intérieure de son veston, et le fit glisser sur la table.

« -Et ce n'est pas tout, surenchérit-il, avec un sourire suffisant imperceptible. J'ai aussi en ma possession une robe lui appartenant, tachée du sang de mon ami et collègue. »

Commissariat, Boulevard Malory ≈ 9h30

« -Allez allez, décrochez s'il vous plait ! fit Erb en appelant, pour la quatrième fois, au moins, le portable de Hasley. »

Adossé au mur derrière le commissariat, il secoua son téléphone, un geste qu'il savait totalement inutile, puis l'inclina dans tous les sens pour avoir les quatre barres de réseau, tout en étant bien conscient que le problème ne venais pas de son téléphone mais de celui qu'il essayait de joindre

Il rangea l'appareil dans sa poche, et retourna jusqu'à son bureau, ou il s'assit, sourcils froncés.

Avec le bruit infernal que ce téléphone faisait, il était impossible de l'ignorer. Hasley devait être vraiment occupé.

Ou alors, la vampire en avait fait son petit déjeuner.

A ce moment précis, Raizel sortit de la salle d'interrogatoire, bientôt suivit par deux loups en uniformes de l'unité des interrogatoires.

L'assistant de Hasley s'approcha d'Ylderin, un vampire blond comme les blés et connu pour ses blagues salaces. Toujours avec discrétion, il lui demanda :

« -Ça a donné quoi l'interrogatoire ?

-Il a pas mal de preuves à charges. Notamment une robe avec le sang de la victime dessus, dont la prostituée ce serait débarrassée dans un container à ordures et qu'il aurait retrouvé. Et puis il a des témoins. On peut considérer l'affaire comme classée, on attend juste la confirmation de l’existence des témoins et leurs témoignages pour diffuser sa photo dans les médias.

-Quel soulagement, fit Erb avec un sourire crispé. »

Si Hasley se décidait à sortir maintenant en compagnie de cette pseudo-criminelle, s'en était fini de lui et de sa carrière.

Appartement d'Hasley ≈ 9h40

« -On sort, prépare toi. Plus tôt tu portes plainte et mieux ce sera.

-Je prends une douche et j'arrive, fit Cassidy d'un ton enjoué, en posant sa tasse sur le monticule de vaisselle instable qui remplissait l'évier. Si tu savais depuis combien de temps j'ai pas eu le droit à de l'eau chaude… »

En passant devant le détective, et avant que celui ci n'ai eut le temps de réagir, elle se baissa et posa furtivement les lèvres sur le bout de son nez.

« -A plus mon chou ! claironna t-elle en verrouillant la porte de la salle de bain. »

Hasley resta planté au milieu de la cuisine interdit,

« -C'était quoi ça… râla t-il, en revenant soudainement à lui et en se frottant le nez du dos de la main.»

Commissariat ≈ 10h10

Le téléphone fixe du bureau de l'officier Garret sonna, et celui-ci décrocha tandis que le silence ce faisait peu à peu autour de lui.

« -Les gars sont sur place. La pièce à conviction et les témoins vont être amenés ici, annonça t-il, en mettant sa patte sur le combiné. »

Puis, y recollant son oreille pour finalement raccrocher :

« -Le domicile que Diamand à indiqué hier est vide. Paraît qu'elle s'est enfuie.

-Où est Hasley ? Il la connait mieux que personne vu les heures carrées qu'il a passé à faire ses recherches, demanda Ylderin en passant devant le bureau vide du détective.

-Hum… Monsieur Hasley est partit… je ne sais où, rougit Erb.

-On va pas dire que ça nous change de d'habitude, s'amusa le vampire en rejoignant son poste.

-Effectivement…, dit Erb plus pour lui même que pour son interlocuteur. »

Il composa une dernière fois le numéro de son supérieur, en croisant les doigts pour que quelqu'un réponde.

Sa prière ne fut pas exaucée, mais presque.

Erb entendit la sonnerie tonitruante, venir… du bureau du détective. Se précipitant dedans, il y trouva le portable oublié sur le bureau.

Poussant un grognement -qui ressemblait à s'y méprendre à celui d'un Hasley après une nuit blanche- Erb s'empara du modèle à clapet et le fourra dans sa poche, en même temps qu'il attrapait ses clés de voitures.

Puis, il sortit du commissariat, d'un pas rapide, sous le regard étonné de ses collègues, qui en huit ans ne l'avaient jamais vu quitter son poste avant l'heure.

Appartement d'Hasley ≈ 10h30

« -Mince, où est passé ce foutu téléphone… Pas moyen de remettre la main dessus.

-Tu l'as probablement paumé au commissariat, cria Cassidy pour couvrir le bruit du sèche-cheveux.

-Et toi, tu avais vraiment besoin de faire ça maintenant ? J'ai dit qu'il fallait se dépêcher ! »

Cassidy lui tira la langue et pointa le sèche-cheveux vers lui, le faisant grimacer sous la chaleur.

Quand elle eu fini, elle se recoiffa brièvement, ajusta sa robe bustier, qui, un peu plus longue que celle de la veille, lui arrivais presque aux genoux, et se vêtit de son manteau de fourrure qu'Hasley lui tendais d'un geste impatient.

« -Allons y, fit il en ouvrant la porte.

-Dieu soit loué vous êtes encore là ! Personne ne va nulle part ! »

Erb venait de débarquer, et grimpant les dernières marches quatre à quatre, se planta devant la porte cinq cent soixante-treize, à laquelle il dut s'appuyer pour reprendre son souffle.

« -Hey, mais c'est monsieur Borsalino ! Salut mon joli !

- Cassidy tu attends deux secondes, je reviens, la somma Hasley en voyant Erb prendre une teinte pour le moins déconcertante. »

La porte se referma sur la jeune femme, tandis que l'adjoint s'asseyait sur les marches de l'escalier en essayant de retrouver l'usage de la parole.

« -Raizel est venu avec des pièces à conviction en la défaveur de Diamand. Ce n'est qu'une question de temps avant que son portrait robot ne circule partout. Si cela vient à se savoir qu'elle est ici… »

Hasley le fit taire d'un geste de la main.

« -Croyez-vous qu'elle soit innocente ? lui demanda Haz.

-Moi ? Non … Les preuves ont l'air vraiment solide...

-Honnêtement, moi même je n'en suis pas sûr. Mon intuition me dit qu'elle n'y est pour rien, mais la raison me dit que je me suis fait avoir comme un bleu. Le fait est que j'ai fais une erreur, et je me retrouve avec une femme recherchée qui squatte mon salon. Prouver son innocence est plus une question de vie ou de mort pour moi que de justice. »

Pour ne pas éveiller des soupçons quant-à leur absence, les deux hommes se mirent d'accord sur le fait qu'il fallait retourner au commissariat. Avant de partir, Hasley, passa la tête dans l'embrasure de la porte et spécifia à Cassidy avec mille synonymes différents de ne sortir en aucun cas, sans pour autant lui expliquer la situation.

Le grand détective -à la place du passager et le nez collé à la vitre- regardait sans la voir, la ville grise qui défilait, mouillée par une pluie fine.

En boucle, il faisait l'inventaire des arguments en faveur de l'innocence de la jeune prostituée.

D'une part, trop de preuves tuaient les preuves : ce que Raizel leur offrait sur un plateau, était louche. Les témoins auraient donc été soudoyés, et la robe tachée de Diamand serait probablement une preuve falsifiée.

D'autre part, cette dernière, n'aurais jamais tué Holmes car il était le seul individu du réseau qui se montrait en public et qui aurait pu la mener à sa sœur.

Enfin…, il n'y avait pas d’enfin. Juste deux arguments instables.

En espérant que cela suffise lorsque Haz supplierai Finil-Plënter de l'aider.

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