L’art a reçu cette couleur

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  L’art a reçu cette couleur avec les égards qu’elle méritait. Ainsi ‘Les arbres verts ou les hêtres de Kerduel’ de  Maurice Denis, constituent-ils une ode majestueuse à la Nature en même temps qu’une célébration de l’arbre, ce géant qui nous offre en un seul et même geste, ombre, fraîcheur, quiétude. Ce tableau se vêt d’un charme particulier, d’une aura à la limite de la magie, le célèbre Roi Arthur, d’après la légende, aurait vécu dans cette forêt aux résonances mystérieuses, tout comme est insondable la quête du Graaal dont, tous, nous rêvons à défaut d’en dire la noire volupté.  Au milieu du XV° siècle, Rogier van der Weyden, la destine à la robe ample (on penserait à des plis d’eau coulant vers l’aval), de ‘Marie-Madeleine lisant’. Le Vert y est souple, onctueux, pareil à une mousse qui recouvrirait un lacis complexe de racines. Faut-il s’étonner de cette métaphore alors que les Verts Avocat, Olive, Sauge sont les habituelles vêtures dont la Nature se pare ? Bien évidemment, le choix de cette teinte par le Peintre n’est nullement fortuite, elle qui désigne le Sacré, le Religieux. (Voir le Vert comme symbole de l’Islam). Enfin, dans une manière de parodie qui serait une amplification de la valeur du Vert, l’œuvre contemporaine de Martial Raysse, ‘La grande Odalisque’ nous présente le corps de cette esclave vierge entièrement badigeonné d’une peinture Smaragdin phosphorescente, elle qui gagne en vertu, au prix de sa virginité, ce qu’elle perd au titre de son traitement esthétique.

   Au terme de cette longue méditation sur les couleurs, que convient-il de dire ? Déroulant l’éventail du chromatisme, nous n’avons fait que parcourir l’une des faces du réel, sans doute l’une des plus attirantes, des plus gratifiantes. Parfois les couleurs désignent-elles la nature même des choses ou des êtres qu’elles sont censées définir comme leurs caractères les plus déterminants. Ne dit-on pas, à propos d’une bière ‘Une Blonde’, ‘Une Brune’, ‘Une Rousse’, identiques attributs du reste que l’on destine à des femmes sans que, pour autant, ceci découle d’une intention péjorative. La blonde Marylin Monroe portait la rivière de sa blondeur à la manière d’un emblème. Ne dit-on ‘Les Rouges’ pour décrire les Communistes, ‘T’es Marron’ pour ‘Tu es trompé’, ‘Les Bleus’ pour désigner les nouveaux venus, ‘La langue Verte’ pour qualifier l’argot ; ‘Rire Jaune’ pour rire de dépit et les classiques ‘Montrer patte Blanche’ ; ‘Travailler au Noir’ ; ‘Voir Rouge’ ; ‘Se mettre au Vert’ ; ‘Être Gris’. La liste des formes idiomatiques, comme chacun le sait, est infinie.

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