Chapitre 6 : Celle qui profite

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Quand nous franchissons ma porte d'entrée, je me sens mal à l'aise. Mon studio me parait minuscule tout à coup. J'ôte mes chaussures et me précipite vers mon bar. Puis, je me fige. Je ne bois pas d'alcool en ce moment et lui non plus. Je me mords la lèvre.

— Y a un problème ?

Sa voix douce me rassure. Ce type a l'air tellement gentil.

— Euh, non... C'est juste, je tripote mon pendentif qui repose sur ma gorge. Tu veux boire quoi ? De l'alcool ?

— Pas nécessairement. Je prendrai comme toi.

Sans savoir pourquoi, je sens mes joues s'empourprer.

— Un coca ?

Je ne vais pas lui dire qu'à cette heure-là habituellement je suis plus tisane au romarin. Comment achever une histoire avant qu'elle ne commence ? Donnez toutes vos habitudes de mémé à vos prétendants...

Il hoche la tête. Je secoue la mienne pour chasser mes pensées stupides. Deux cannettes à la main, je lui propose de s'installer sur le canapé. Il est si prêt de moi que nos cuisses se touchent. Nous faisons tinter nos verres avec un sourire prometteur.

— A cette soirée ! déclare-t-il.

Je décide alors de rompre la distance qui s'est imposée entre nous depuis que nous avons quitté le taxi et approche mes lèvres des siennes. Il n'est pas dit que je serai gênée de coucher avec un type la première fois que je cherche uniquement un plan cul.

Notre baiser s'approfondit. Je frémis. Il passe ses mains dans ma nuque, sous mes cheveux. Lorsque je m'écarte le souffle court, ses yeux bleus me fixent avec intensité. Je caresse sa peau mate avec délicatesse puis glisse sur ses bras. Je souris lorsque je vois sa peau se hérisser à mon contact.

— Je peux jouer aussi ? chuchote-t-il à mon oreille avant d'en mordiller le lobe.

La sensation est si forte que j’hésite entre rire et gémir. Finalement, j'halète, les mains crispées sur ses biceps. Puis je glisse mes doigts sous son tee-shirt.

Sa peau est chaude comme si elle avait conservé les rayons du soleil. Je m'éloigne un peu, libérant mon oreille. Penché sur moi, Gabriel se rabat sur ma gorge et je caresse son torse.

Je ferme les yeux. Si je ne le savais pas, je pourrais croire que je suis alcoolisée, tellement mes sens semblent décuplés. Tout me parait si intense. La grossesse jouerait-elle ? J'avais entendu que certaines femmes avaient une libido plus active et d'autres au contraire inhibée. Jusque-là, je n'avais guère eu le temps de tester la mienne.

Lorsque la bouche de Gabriel se pose sur ma poitrine, je gémis. Ma peau y est si sensible que je ne suis pas sûre de supporter plus. Je me mords la lèvre. Mes doigts se perdent dans ses cheveux. Gabriel franchit la protection de ma robe et de mon soutien-gorge. Je frémis.

Soudain, j'ai besoin de plus. De sentir sa peau nue contre la mienne. Je tire sur son tee-shirt pour le déshabiller. Il me regarde un instant avec surprise avant de me lancer un sourire éclatant qui dévoile ses dents blanches.

— T'es pressée ?

Je rougis.

— Pas forcément. Mais j'avais envie de sentir ta peau, je chuchote.

Il s'esclaffe doucement avant de se pencher sur ma robe pour me la retirer. Alors que je me retrouve en sous-vêtements, il me regarde avec tant de désir que j'ai une boule dans la gorge. Je suis contente d'avoir sorti un ensemble en dentelle plutôt que mes culottes en coton confortables.

D'une main habile, il dégrafe mon soutien-gorge. Mes seins libérés sont lourds de désir, les tétons dressés. Gabriel les caresse avec délicatesse avant de poser ses lèvres dessus, sans me lâcher des yeux. Je sens une moiteur se répandre entre mes jambes. Je suis plus que prête. Je glisse ma main le long de son torse et titille son nombril. Je longe ensuite la ligne de poils bruns qui descend jusqu'à son jean. Je détache le bouton. Délicatement, je passe mes doigts dans son pantalon. J'effleure son membre tendu au travers de son boxer. Sa respiration se fait plus lente alors que je le caresse. Un sourire satisfait nait sur mes lèvres. Je ne suis pas la seule à être prête.

Quand ma main intrépide franchit la barrière de son sous-vêtement, il le prend comme un accord tacite. Ses propres doigts effleurent ma peau au travers de ma culotte en dentelle. Je ne peux m'empêcher de me rapprocher de lui.

Avide de plus de contact, je fais glisser son jean et son boxer sur ses hanches. Je saisis son sexe et effectue un mouvement de va-et-vient. En réponse, un doigt glisse sous ma culotte. Ma chair sensible réagit aussitôt. Je frémis. Impatiente, je descends mon sous-vêtement.

Nos corps nus sont collés l'un à l'autre comme aimantés.

— Attends, murmure Gabriel d'une voix désormais rauque.

Il se dirige vers sa pochette qu'il a déposée à l'entrée. Il en extirpe un préservatif.

— Laisse-moi faire.

Je le prends de ses mains et déchire l'emballage. Délicatement, je lui enfile la protection plastique. J'essaie de rendre ce moment obligatoire sensuel. Je m'assois à califourchon sur lui et ferme les yeux quand nos sexes se touchent enfin. Je le laisse s'insérer en moi. J'esquisse un sourire avant de me mettre en mouvement de façon délibérément lente. Je compte bien profiter de cet instant.

Gabriel, le visage niché entre mes seins, abreuve ma peau de baisers. Chaque fois que je redescends, je gémis. Quand je sens que j'en veux plus, je lui intime de tourner et nous pivotons lui au-dessus de moi. J'ai alors l'impression qu'on entre dans une nouvelle dimension où il s'enfonce plus loin en moi. Je gémis à chaque coup de rein. Gabriel accélère. Mes yeux se ferment. Mes mains se crispent sur sa peau. Enfin, je sens son sexe palpiter en moi et je vibre de plaisir en même temps. La tête enfouie dans mon cou, il se tourne pour m'embrasser à nouveau. La sensation me fait frissonner de nouveau. Nous échangeons un sourire complice.

J'emmène Gabriel dans la partie chambre de mon studio, c'est-à-dire mon lit de l'autre côté de l'étagère et lui propose de passer la nuit avec moi. Épuisée et comblée, le sommeil m'emporte rapidement.

***

Quand je me réveille, le bras de Gabriel est autour de moi. J'observe son visage détendu. Ses longs cils reposent sur sa peau mate. Dommage que je ne l'ai pas rencontré avant. Il aurait peut-être été un homme pour moi. Il est gentil, ne se prend pas trop au sérieux... Je passe une main sur mon ventre et un sourire plus grand se dessine sur mes lèvres. Je ne regrette pas ma décision. Malgré le plaisir que peut me procurer une partie de jambes en l'air comme celle d'hier, je voulais plus. Une histoire sérieuse avec qui fonder une famille.

A presque 35 ans, j'ai fini par me résigner. Pas sûr que je trouve le prince charmant avant que je ne puisse plus fonder une famille. Ce bébé, c'est la famille que je pouvais me créer seule.

La main de Gabriel me caresse soudain. Je me tourne vers lui. Ses yeux bleus m'étudient, encore endormis. Ses longues boucles brunes partent dans toutes les directions.

— Ça va ? murmure-t-il.

Sa voix est encore plus rauque au réveil qu'hier soir. J'acquiesce.

— Oui, j'étais simplement perdue dans mes pensées.

— Tu veux les partager ?

— Pas forcément, je réponds en l'embrassant.

Je ne serai pas contre une piqûre de rappel des sensations de la veille, avant ma reprise de contrat indéterminé de célibat.

Nos deux corps s'épousent parfaitement. Son sexe déjà tendu contre la peau de ma cuisse me fait frissonner. Notre baiser devient langoureux. Très rapidement, nos caresses sont érotiques. Le désir prêt à revenir après nos derniers ébats. Dans ma table de chevet, je récupère un préservatif que je lui enfile. Nous replongeons nos corps l'un dans l'autre jusqu'à ce que nous soyons rassasiés.

***

Quand Gabriel sort de la douche, je sens la gêne m'envahir. D'habitude, je cherche à récupérer les numéros de mes coups d'un soir alors que la plupart du temps, ils n'ont guère envie de plus. Ce matin, c'est à mon tour de lui faire comprendre que je ne cherchais rien de plus qu'un plan cul. Je secoue la tête. Si ça se trouve, je me fais des idées. Il ne veut peut-être rien de plus non plus.

— C'était très sympa. Tu me donnes ton numéro ?

Rougissante, je ne sais comment me dépêtrer et donne lâchement mon numéro.

— Tu veux qu'on se revoie ?

Sa voix est pleine d'espoir. Je me mordille la lèvre.

— Euh... C'est-à-dire que... Non, pas forcément... Je cherchais seulement une histoire pour un soir...

Il grimace et, à son tour, il s'empourpre. Je culpabilise.

— Je vois... Bon, bah je vais y aller.

Il s'approche de moi, hésite, me fait la bise puis s'enfuit. La porte claque derrière lui. Je me sens si stupide.

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