Au milieu du jardin enchanté, dont l'herbe fraîche est couverte de la scintillante rosée du matin, la femme aux fleurs s'éveille lentement, comme un bourgeon qui s'ouvre et s'épanouit en prenant son temps.

Encore ensommeillée, mais les yeux bien ouverts, elle noue ses longs cheveux à l'aide d'un peu de lierre.

Maintenant parfaitement réveillée, elle profite du décor poétique que l'entoure ; seule au milieu de ces innombrables fleurs qui font un tableau si parfait, elle est bien loin d'être une intruse. Dans ce merveilleux paysage tout droit sorti d'un songe, au contraire, elle se confond, et se pose d'ailleurs sur sa poitrine un délicat papillon.

Elle est d'une grande beauté, si bien qu'à des milliers de fleurs on l'a déjà comparée. Car elle est aux couleurs des fleurs, cette femme enchanteresse. Jonquilles et orchidées sont ses compliments préférés, mais elle trouve en revanche déplacé d'être appelée une rose, car si elle en a la sensualité, elle n'est pourtant pas épineuse.

Rouge pivoine pour ses joues, qui par les incessants compliments ont été pigmentées.

Elle se tient bien droite, comme un tournesol, et elle embrasse et embrase l'astre rayonnant de ses grands et pétillants yeux vert menthe.

Et sa robe est un lys blanc, dont les pétales tournoient légèrement lorsque dans les airs elle s'élance et danse.

Sur sa belle chevelure, blonde comme les boutons d'or, a été déposée une couronne de pâquerettes, et dans ses longues nattes ont été attachées toutes sortes de fleurs colorées.

Les pétales de rose dans l'herbe éparpillées caressent la plante de ses pieds dénudés.

Les coquelicots ont déposé sur ses fines lèvres un doux baiser, et ils les ont teintées de leur couleur d'été.

Et sa main, couverte d'un délicat gant blanc comme les fleurs de jasmin, caresse avec tendresse les lilas du jardin et cueille avec orgueil un narcisse égaré au milieu d'ordinaires et banales marguerites.

Dans ce champ florissant, cette femme est la plus somptueuse et la plus éblouissantes de toutes les fleurs.