Arthur a les yeux orageux ;
Le matin, gris chagrin,
Le soir ils virent au noir,
Entre les deux passent par le bleu.

Son regard abrite une tempête, un ouragan,
Où se mélangent et se déchaînent ses sentiments,
Où déferlent des vagues de rage, de colère,
Mais aussi de tristesse, de tourment et de peur.

Il voudrait le crier, le hurler, il veut s'époumoner ;
Mais il n'a plus de voix, elle est bien trop cabossée,
Et les mots, la douleur, dans sa gorge restent entravés,
Et Arthur sait qu'à jamais ils y seront piégés.

Sa peau est terne, pâle et glaciale ;
Il a les yeux cernés, les joues creusées,
Et ses lèvres sont sèches et abîmées
Si bien que les effleurer, les embrasser
Pourrait vous blesser, vous écorcher.

Ses cheveux indomptables, en bataille,
Lui rappellent des scènes bien trop connues ;
D'une main il veut tenter de les discipliner,
Mais c'est peine perdue ; un échec de plus.

Face à son miroir, il soupire, muet ;
Ce reflet – son reflet –, il le hait.
Alors il ferme les yeux et l'orage disparaît
Au moins pour un temps car ça ne dure jamais.

Les yeux toujours clos il retire son haut
Mais même s'il ne les voit pas il sait qu'elles sont là ;
Les cicatrices – par centaines, par milliers ;
Son corps en est recouvert en entier ;
Il est brisé, de partout déchiré,
Et rien ne pourra le réparer.

Car Arthur a le cœur en miettes, il est brisé ;
La guerre, il l'a connue, et elle l'a piétiné.
Elle lui a volé ce qu'il avait, a tout pris :
Sa famille, ses amis – l'entièreté de sa vie.

Et maintenant ses yeux,
Qui autrefois brillaient,
Sont voilés par l'orage.