Chapitre cinq

6 minutes de lecture

Je poussai les lourdes portes du bureau de la directrice. Pour faire sensation dès mon arrivée, j’étais arrivée dans une Jaguar cabriolet F-Type. Voiture généreusement offerte par un des hôtes de la cave.

Il pensait s’en sortir avec une flatterie et de l’argent. Tant pis pour lui, nous avions pu tranquillement nous emparer de sa fortune et de ces effets personnels, petit à petit.

Toutes les paires d’yeux s’étaient fixées instantanément sur moi. Ce que je voulais naturellement, il fallait qu’on pense de moi comme une Elite.

Ce matin même, Dévil m’avais forcé à porter une perruque et des lentilles pour que la jeune fille du rêve ne me reconnaisse pas dans les couloirs de l’établissement.

« ― Avez-vous rendez-vous, mademoiselle.

― Oui, à 8h30 avec Madame la Directrice.

― Très bien, veuillez patienter, je lui transmets le message.

― Faites, monsieur, j’ai toute ma matinée. »

Le secrétaire en place attrapa le combiné pour prévenir son supérieur de mon arrivée matinale.

Je m’installai en attendant sur un sofa de la salle d’attente. Le secrétaire vint me servir un thé. Une boisson typique de la bourgeoisie.

J’en pris une petite gorgée, le thé fumant dans sa tasse. Je déglutis, le thé trop infusé, n’avait aucun goût et aucune consistance.

« ― Mademoiselle, la Directrice va vous recevoir à présent. »

Je reposai la tasse sur son assiette et me levai.

« ― Souhaitez-vous une autre tasse de thé ? demanda-t-il par politesse.

― Quand il sera correctement infusé peut-être. En attendant, arrosé une plante avec, répondis-je fermement. »

Le visage du secrétaire se décomposa et il s’effaça rapidement.

Je poussai la porte du bureau, la Directrice attendait sur un fauteuil.

« ― Vous voilà, Madame Death, asseyez-vous je vous prie. »

J’avouai que le nom n’était pas très subtil. Il m’avait toujours apparu comme une évidence.

Je m’assis à sa droite, sur un canapé du même tissu que son fauteuil.

« ― Souhaitez-vous boire quelque chose ?

― Non merci, votre secrétaire m’a déjà demandé. Entrons plutôt dans le vif du sujet, si vous le voulez bien, rétorquai-je.

― Très bien. »

La Directrice se redressa et croisa ses mains sur ces genoux.

« ― Vous souhaitez intégrer notre établissement, c’est bien cela ? Comment justifiez-vous votre choix ? Nous n’avons aucun bulletin de votre part et aucun de vos parents n’est venu s’entretenir avec moi.

― Pour ce qui ait de ma représentation, je peux très bien le faire moi-même, je suis majeure et vaccinée. Mes parents étant décédés, je suis orpheline. J’ai étudié en autodidacte.

― En autodidacte ? Et vous pensez que cela suffit pour intégrer notre école d’élite ?

― N’est-ce pas l’argent qui achète votre diplôme, madame ? Si ce n’est que cela, j’en ai revendre. Votre prix sera le mien. »

Je vis les mains de la vielle femme se contracter. Elle colla un sourire factice sur ces lèvres et me répondit le plus agréablement possible :

« ― Je doute qu’une jeune orpheline n’a les moyens… »

Je la coupai dans ses dires en déposant une mallette sur la table basse en verre. J’ouvris cette dernière, des liasses de billets s’entassèrent dans l’espace réduit.

« ― Je vous laisse vérifier la véracité de ces billets. »

Avide, elle en prit un entre ses doigts crochus. Elle en porta un à la lumière naturelle. Le filigrane d’authenticité de dévoila.

« ― Satisfaites ? Pouvons-nous discuter à présent ? »

La vielle dame se rassit et devint tout sourire.

« ― Vous souhaitez donc nous rejoindre, reprit-elle. Cependant, l’argent ne fait pas tout, mademoiselle. Nous devons nous assurer que vous maitrisiez un certain nombre de connaissance.

― Très bien, je me soumettrai à votre test d’entrée.

― Parfait, nous voilà sur la même longueur d’onde. Je vous ferez envoyer un professeur particulier pour vous enseigner ce qu’il y a à savoir.

― Ce ne sera pas nécessaire, renvoyai-je. Il ne m’apprendra rien.

― Vous êtes consciente que vous ne serez pas acceptée sans la validité de ce test. »

Je hochai la tête en retour et lui offrit un sourire.

« ― Si vous voulez bien, m’excusez à présent, madame la Directrice.

― Puis-je vous poser une dernière question, mademoiselle Death ? »

J’acquiesçai à sa demande.

« ― Où vous voyez vous dans 10 ans ?

― A votre place, madame. »

Je lui offrir un beau rire carnassier avant de remballer la mallette d’argent et de sortir de son bureau.

Sur le parking, je sortis mon portable de ma poche et composai le numéro de Dévil.

« ― Prépare moi l’uniforme de Sainte Cassiopée.

― Vous êtes accepté ?

― Il me reste plus que l’examen d’entrée. Ce ne sera qu’une formalité, déclarai-je. »

Avant de rentrer au manoir, j’avais décidé de visiter le campus de l’université. Sainte Cassiopée offrait beaucoup d’attrait pour de jeunes riches.

Des salles de sport toutes équipées, une bibliothèque digne des palais royaux, une cafétéria grande luxe, un parc verdoyant et des chambres étudiantes aussi grandes que le salon de mon manoir.

Y avait de quoi exister leur intérêt pour le jeu et les excès. Une immense rue pavée commerçante s’intégrait au campus universitaire.

Si je passais par cette endroit, aurais-je la chance de rencontrer mon autre moi ? me demandai-je.

Je fis un pas dans l’allée, des étudiants se pressaient pour entrer dans les bars et les cafés.

Je tendis l’oreille et ouvris l’œil pour débusquer mon double. J’aperçu devant moi une blonde qui faisait presque ma taille.

Je m’approchai rapidement d’elle, et la basculai de l’épaule. Elle lâcha un râle de mécontentement.

« ― Excusez-moi, mademoiselle. J’ai trébuché, mentis-je. »

Je pris le temps de détailler son visage, mais aucun de ses yeux ne présentaient de particularité.

« ― Faites attention la prochaine fois !

― Ou bien, évitez de prendre toute la largeur de la rue, mademoiselle ! lançai-je avant de reprendre ma route. »

J’entendis encore la jeune fille rouspétée au loin, alors que j’empruntai une ruelle.

Je fus d’un coup prise dans un amas de personnes. Des mains me touchèrent, des hanches me frôlèrent et des pieds m’écrasèrent. Je jouais des coudes pour m’en extraire.

Je parvins à rejoindre la paroi d’une maison. Je m’appuyai quelques secondes dessus, les pierres diffusèrent une légère froidure sous ma paume.

Je pris de grande goulée d’air frais avant de pouvoir observer les alentours. Je parvins à repérer un raccourcis jusqu’au parking.

Les rues étaient bien trop bondées pour moi, trop d’étudiants écervelées empruntées ces chemins.

Je rasai les murs et pris soin d’aller le plus vite possible. Je rejoignis ma voiture dès que mes pieds foulèrent le bitume du parking. Un son minime se produisit lorsque je déverrouillai la portière.

J’y grimpai et démarrai en trombe. Plutôt je retrouverais la tranquillité du sombre manoir, mieux je me sentirais.

J’appuyais sur l’accélérateur et donnai un coup de volant pour sortir de ma place. Le pied lourd, la Jaguar fit un bond en pétaradant.

Je laissai filé la voiture jusqu’à la sortie. Je m’engageai sur la route quand une ombre passa devant le parebrise. J’eus seulement le temps d’enfoncer ma pédale de frein.

L’automobile produisit un son strident et s’arrêta à quelques centimètres de l’ombre.

Je sortis de ma Jaguar et rouspétai contre l’inconnue.

« ― Si vous voulez mourir, priez de le faire ailleurs que sous mes roues ! »

Je devais dire que mes paroles étaient ironiques. Pour quelqu’un qui torturait chaque jour des personnes dans sa cave.

La personne, effrayée par la vitesse de la voiture, était tombée à genoux. Elle prit appuie sur mon capot pour se relever.

Elle lança ces cheveux longs et raides en arrière. Je sursautai en voyant son regard se river sur moi. Un œil noir et un autre violet me regardèrent intensément. Le vent foutait la blondeur de ses cheveux qui encadrait comme de la soie son visage fin.

Elle arqua un sourcil. Elle devait sûrement se demander pourquoi j’étais figée à cet instant.

Je me giflai intérieurement et m’obligeai à reprendre mon parcours.

« ― Dégage de là, si tu ne veux pas que je t’écrase ! balançai-je à la place. »

Je repris ma route nerveusement. Cette journée m’avait au moins apportée une certitude : je touchais à mon but.

Lorsque je rentrerais à l’université Cassiopée, il me suffira d’approcher et d’amadouer ma sœur jumelle pour accomplir ma vengeance.

L’idée du déguisement de Dévil n’était pas si mal en fin de compte…

Annotations

Vous aimez lire Story Tempted ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0