" Il est plus que temps, tu ne crois pas ? Tu sais, ma fille, l'amour, ce n'est pas une affaire de roses rouges et de chocolats, mais bien de prise en main. Si tu ne vas pas vers les hommes, ce ne sont sûrement pas ces ingrats qui viendront vers toi. Je te rappelle que les princes charmants n'existent que dans les contes ! Tu sais que Giselle m'a dit que sa fille avait rencontré son fiancé sur un site de rencontres ? Non ? Eh bien, il paraît qu'ils sont très heureux ! Comme quoi, la modernité a parfois du bon. Tu devrais vraiment essayer, chérie, ou tu vas bientôt être bonne à envoyer au couvent ! ".

Ces paroles tournaient et se retournaient dans le cerveau de Charlotte, tandis qu'elle étudiait le pour et le contre. À 26 ans, cela n'était pas si grave d'être célibaitaire, si ? Mais à bien y réfléchir, Charlotte venait de recevoir son troisième faire-part de mariage en trois mois, et son amie Lucie venait de lui annoncer sa grossesse. Sa mère avait-elle raison, pour une fois ? En tout cas, Charlotte décida qu'il était temps de prendre les choses en main !

Visitant les différents sites de rencontres présents sur Internet, Charlotte décida de s'inscrire sur le premier qui s'affichait. Elle consulta quelques profils, et se rendit à l'évidence : ils étaient tous très flatteurs. Et vas-y que je me vante de faire du sport, que je me montre dansant comme un fou dans un bar branché, que je me dit le plus romantique homme sur Terre, et bla bla bla ... Quel ramassis de conneries !

Comment voulez-vous trouver l'amour quand les moyens mis à votre disposition sont plus trompeurs que l'amour lui-même ? Charlotte ne souhaitait pas participer à cette immense mascarade. Sa mère voulait qu'elle s'inscrive sur un site de rencontres ? D'accord, elle allait le faire, mais avec sa propre méthode.

"Je m'appelle Charlotte. Charlotte Duclerc. Je tiens à dire que, contrairement à ces grandes courges qui ont photoshopé leurs photos, je suis loin de faire une taille mannequin. Mon 1,63 mètre et mes 69 kilos ne font pas de moi une grande girafe, mais me rapprochent plutôt du chat obèse qu'on nourrit au pâté. Tiens, en parlant de nourriture, prenez note : J'ADORE LE CHOCOLAT, sous toutes ses formes, et à tous les parfums possibles et imaginables. Je ne suis donc pas contre un petit coffret en forme de cœur ( ou de n'importe quoi d'autre ) contenant de jolies petites douceurs chocolatées. Au moins, vous savez à quoi vous attendre.

Je ne fais pas non plus de sport, car, même si la télé ne cesse de vanter ses vertus, l'idée de me dépenser dans une salle qui empeste la sueur, coincée dans un legging qui me fait sentir comme un rotî de porc fisselé, me tente moyen. Ça marche aussi pour toute activité telle que la rando, le VTT ou tout ce qui se rapproche de l'effort physique. D'ailleurs, le seul marathon que je pratique, c'est celui des séries Netflix. De préférence le dimanche. Oui, car si vous croyez pouvoir me traîner chez la belle-famille tous les dimanches midi, passez votre chemin ! Les repas qui durent trois heures, avec l'oncle au regard lubrique et la belle-mère botoxée, et puis les petits cousins qui hurlent, s'arrachent les cheveux et courent partout, non merci !

Que puis-je ajouter d'autre ? On me qualifie le plus souvent de 'trop'. 'Trop bordélique', ne cesse de me répéter ma mère. 'Trop indépendante', me dit toujours ma meilleure amie. 'Trop féministe', me reproche mon père. 'Trop grosse', ai-je parfois entendu au lycée. 'Trop gentille', me prévenait ma défunte grand-mère. 'Trop franche', m'accusent parfois mes collègues. Alors, si vous êtes à la recherche d'une femme qui est 'trop', vous avez frappé à la bonne porte.

Ah oui, et j'oubliais, ma plus grande qualité ? L'honnêteté. "