La p'tite jeune du 3è (mais pas qu'elle)

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Comme je suis le petit nouveau dans l’immeuble, j’essaie de m’intégrer. Au magasin de thés du rez-de-chaussée, c’est dans la poche, Melle Frère adore me faire découvrir de nouvelles feuilles, et depuis que j’ai dit laisser frémir l’eau - ‘’Pas comme ces barbares qui la laissent bouillir’’ avait-elle confirmé – je pense qu’elle a modifié son testament et que j’hériterai la boutique. Ensuite, un jour de crise d’arthrose, j’ai proposé d’aller balader le chien de la vieille du premier, puis la première semaine de confinement, j’ai fait des courses pour le couple du deuxième ‘’C’est pas trop dur, la cohabitation h24 ?’’ avais-je demandé, pour entendre ‘’Non, ma femme et moi sommes un couple fusionnel et exclusif’’.

Et enfin, juste en-dessous de chez moi, il y a la p’tite du 3è.

Après, ben, je tiens des fiches mentales sur tous les voisin.e.s, et heureusement que ça ne laisse pas de traces écrites, vu que j’y suis bien moins gentil qu’ils ne le pensent. Même sans son vieux caniche incontinent, l’appart’ de Mme Lacasse sentirait quand même sûrement l’urine. Et l’épouse ‘fusionnelle et exclusive’ de Mr Gerckens achète tout par correspondance, pour se faire livrer à domicile des articles, tout et n’importe quoi, elle s’en fout, ce sont les jeunes mecs de FedEx, UPS ou DHL qui l’intéressent, même le facteur est toujours bien reçu. Elle a dû maudire le confinement qui lui mettait son mari dans les pattes toute la journée.

La p’tite du 3è, c’est différent, elle semble discrète, douce, timide, limite effacée. Toujours un mot gentil pour tout le monde…

Sauf pour son copain, le pauvre, il prend… Pas que j’écoute vraiment, c’est juste qu’à une occasion, ma prise d’un soir avait voulu allumer une clope, mais pas de ça chez moi, direction la terrasse où, les bras sur la rambarde, à regarder en silence la ville, et à me demander combien de couples venaient de faire l’amour, j’ai entendu la conversation à l’étage d’en-dessous. Au temps pour la fille douce…

- Déjà fini ? Et moi ?

- Mais chouchou…

- Quoi, chouchou ? Sur trois mois, j’ai pas eu le début d’un orgasme, mais je fais quoi en deux minutes, moi ? T’as pas entendu ceux d’au-dessus ? Une demi-heure à gémir et à couiner, j’imaginais que ça te motiverait, mais non ! Tu sais quoi ? Casse-toi.

Il est revenu plusieurs fois, profitant de la sortie de Mme Lacasse et son tas de poils, ou de l’arrivée d’un livreur, pour gratter et pleurer à sa porte, sans résultat.

(…)

L’approche a été plus facile que je ne l’aurais pensé. L’argument d’insatisfaction au pieu a aidé, j’imagine, en grande partie. Aussi, j’ai déployé mon imagination et ma technique, plus que pour personne auparavant, je pense, en multipliant les positions, jusqu’à l’entendre, le visage dans l’oreiller, se touchant désespérément, mendier ‘’plus loin, plus fort… ouiiiiiii’’

Qu’on ne me fasse pas rire, il n’a jamais été hétéro, son mec… Enfin, vu le plaisir qu’il a pris, je pense qu’on peut dire mon mec, maintenant.

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