Un dialogue étrange

2 minutes de lecture

« Encore ?

— Ouais, encore.

— Qu'est-ce qu'on fait de lui maintenant ?

— Laissez-le. Il saura nous retrouver.

— T'es sûr ? C'est que le gars, il a pas l'air fin.

— Il saura. Il a beau être con comme un manche à balais, il arrive parfois à utiliser sa tête.

— J'en doute.

— Hum ?

— Ce que je veux dire, c'est... La dernière fois que je l'ai vu. Il parlait à son cochon. Son cochon !?

— Et alors ?

— Et ça choque personne ? Un gars qui parle à un cochon comme s'il parlait à son gosse ?

— Il parlait à son cochon, et donc ?

— Attends, j'ai pas terminé.

— S'il y a une suite, chie-là. On n'a pas toute la journée.

— Donc, il était assis sur cette chaise, en train de parler à son cochon, Geralsmine. Un nom bizarre - va savoir pourquoi on appelle un cochon Geralsmine, faut vraiment être dingue de la tête, mais bon. Il discute d'une manière complètement unilatérale. Enfin, plutôt, il lui répond comme si elle lui parlait aussi.

— Elle ?

— Bah oui, c'est une femelle. Mais ce détail est pas très important. Et y'a des gosses qui passent par là. Des petits de huit ans. Ils jouent près d'eux, avec un ballon. Les jeux de gosse, quoi. Ils s'envoient la balle. Et, bordel, elle se barre dans l'enclos de Geralsmine. Alors, ce gars, il a vu tout rouge. La balle a même pas touché le porc, pour dire. Il s'est levé d'un bond et...

— Il a buté les gosses ?

— Bah non, t'es malade. On butte pas les gosses. Enfin, j'y ai cru. Une seconde. J'ai vraiment cru qu'il allait leur crever les yeux. En fait, il a commencé à gueuler sur son cochon.

— Pourquoi ?

— Qu'est-ce j'en sais !? Je suis pas dans la tête du gars, moi. Enfin, il a commencé à hurler tellement fort sur elle que les enfants sont partis en pleurant. Ils ont même oublié la balle qu'ils avaient balancé dans l'enclos.

— Et après ?

— Et après, rien. Il s'est rassi. Ils ont plus dit un mot - enfin, surtout lui. Jusqu'à ce que tu nous appelles. Il a gardé la balle dans ses mains, d'un air mausade. Bref, ce gars me donne des frissons parfois. Pourquoi tu l'as engagé ?

— Il est utile.

— La seule utilité que je peux voir, c'est de le faire passer pour un épouvantail. Le piano de ce midi, la balle de tout à l'heure, et maintenant, il s'est pris un pot de fleur. Il a la guigne, c'est pas possible.

— Pour ça qu'il est utile.

— En quoi la malchance est utile dans notre boulot ?

— Il rapporte les emmerdes, et nous, on s'en occupe.

— Hum, sacrément grosse les emmerdes qu'on se tape alors. Alors, le minotaure, il est où ? Pas que je commence à me faire chier, mais bon, j'aimerai rentrer chez moi et pioncer.

— Ferme-là. On y va maintenant. »

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Soaki Rappleye ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0