2 février 1915

Ma bonne petite sœur,

Ô ma Lucile, il me devient difficile de t'écrire. Ici, les obus éclatent, le sommeil s'éloigne, les jeunes se battent. Nous vivons comme des prisonniers, comme des esclaves. Les réserves de nourriture se vident. je n'ai pas dormi depuis trois jours. Le jour comme la nuit est un cauchemar sans fin.

J'ai peur du lendemain, mère et toi me manquez, le calme me manque, la vie normale me manque.

Ô ma Lucile.

Nous avions parcouru seize kilomètres sans pause, le Colonel nous ordonne de ne pas nous arrêter, malgré tout je n'ai pas pu m'empêcher de penser à nos longues promenades dans les champs.

Les journaux disent qu'un soldat n'est pas malheureux au front, mais, crois-moi, je ne veux pas que tu vois l'horreur.

Nos rires, notre joie de vivre lors des repas, nos promenades...Tout cela me manque terriblement.

Hélas, je dois combattre pour notre pays, souffrir pour survivre.

Lucile, nous nous cachons et n'avons plus la volonté et la force de combattre. Nos souffles se perdent dans le vent froid, nous n'arriveront pas à tenir plus longtemps.

Dans les tranchées, j'ai rencontré un vieil ami, il se nomme Patrick. Nous jouions aux cartes la nuit, pour oublier cette guerre. Je lui ai longuement parlé de toi, il dit que tu es une adorable jeune femme. Malheureusement, il est gravement blessé et j'espère qu'il se rétablira.

Ô ma Lucile, ô ma bonne petite sœur, tu es si belle, une si belle jeune femme.

Si je ne rentre pas, souviens - toi de nos bons moments passés ensemble. A bientôt je l'espère, je t'embrasse toi et mère.

Eric.