Chapitre 3 : Ascension (7/7)

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 Il avait dû rêver lorsqu’il remarqua qu’il était allongé dans les fourrés. Il se releva en essayant de se rappeler ce qu’il lui était arrivé mais c’était le néant. Il regarda le sol et aperçut deux sortes d’empreintes dans la terre. Une grande et une petite. Elles appartenaient à des équidés. Il desserra son poing et vit la pierre bleue en forme de larme. Il était maintenant persuadé de ne pas avoir rêvé. Un nouveau cri retentit, le sortant de sa torpeur. Il rangea précieusement le caillou dans sa sacoche à potion, reprit son arc et partit en direction du bruit, ayant reconnu la voix d’Ulryk. Lorsqu’il arriva, il remarqua qu’il n’était pas seul. Il prit une flèche et banda son arc en le pointa vers l’inconnu.
« Éloigne-toi immédiatement ! commença-t-il en se plaçant entre lui et son ami.
‑ Doucement l’ami. Je ne vous veux aucun mal, répondit-il en plaçant sa main dans son dos. »
 Il décocha sa flèche, qui se planta dans le sol entre les jambes de l’inconnu avant d’en préparer une seconde.
« Je te conseille de poser tes armes, l’ami, répondit-il sarcastiquement. La prochaine fois, je ne te raterais pas, l’intimida-t-il.
‑ Okay, okay. Du calme.
‑ Pose ton arc Kheryan. Il ne nous veut aucun mal. C’est lui qui m’a trouvé après ma chute et qui m’a soigné.
‑ Tu es toujours aussi naïf, Ulryk, lui répondit-il. »
 L’étranger s’exécuta en retirant sa dague placé dans le dos à sa ceinture et un coutelas dans sa botte. Kheryan ne l’avait pas quitté des yeux, toujours en joue. À présent debout, il remarqua qu’ils faisaient tous deux la même taille. Seulement, sa carrure était moins imposante que la sienne. Ces cheveux blond foncé lui arrivé dans le bas de la nuque. Deux mèches partaient de son front et étaient tressées pour se rejoindre derrière la tête. L’adolescent c’était reculé afin de se mettre au niveau de son ami. Il rangea sa flèche tout en gardant un œil sur l’étranger. Il prit le bras d’Ulryk, le mit autours de sa nuque et essaya de le relever. À la différence près que son ami ne le voyait pas de cet œil-là. Il mit tout son poids afin de rester à terre.
« Ce n’est pas le moment de faire l’imbécile, Ulryk, s’énerva-t-il.
‑ C’est toi l’imbécile ! Je te répète qu’il m’a trouvé après ma chute et qu’il m’a aidé. »
 L’ayant quitté des yeux une seconde, l’étranger avait repris sa dague. Il tenait son arme, la lame le long de son bras et la paume de sa main libre se trouvait près du pommeau, en position de défense. Seulement, l’arme n’était pas dirigée contre eux mais dans une autre direction. Kheryan lâcha son ami et prépara son arc. Étant repéré, une velhnima sortit furtivement des feuillages d’un arbre. Elle faisait partit de la famille des grands félins. Son pelage était d’un noir intense si bien que même les rayons du Soleil ne s’y reflétaient pas. Sa longue queue s’agitait frénétiquement, indiquant son mécontentement et son impatience. Ses yeux ronds étaient rouges sang et ils ne les quittaient pas du regard. Ces animaux vivaient seuls et généralement dans les milieux boisé. Leur pelage virait du brun au noir en fonction de la densité de leur habitat. Il en allait de même pour leur taille. Certains spécimens ne dépassaient pas les cinquante centimètres quand d’autres pouvaient servir de monture tellement elles étaient grandes. Toutes ces espèces étaient extrêmement dangereuses. Ce n’était qu’une masse de muscle et les Hommes y prenaient garde car ils s’attaquaient à eux ou leur provision lorsqu’ils étaient affamés ou blessés. Dans les zones où on savait qu’elles vivaient, la chasse avait été réglementée afin de limiter ces attaques. La velhnima, d’un mètre de haut, gronda en montrant ces crocs pour montrer sa supériorité. Une crête se forma sur son dos et elle sauta devant l’étranger. Elle le feinta et réussit à passer dans son dos et à lui sauter dessus. L’action avait été trop rapide pour que Kheryan ne puisse faire quelque chose. Elle s’apprêtait à lui mordre la nuque mais l’inconnu donna un coup de dague en arrière. L’ayant sentit, grâce à la contraction de ces muscles, l’animal avait bondit pour esquiver. Elle se mit en phase d’attente, guettant les gestes de son adversaire. Celui-ci en profita pour se relever. Entre temps, Kheryan avait baissé son arc et s’était mis devant son ami.
« Ne la tue pas ! C’est une femelle. Elle doit avoir des petits à nourrir.
‑ Peu importe. Elle veut me tuer alors je la tuerai avant, répondit sèchement l’inconnu. »
La velhnima regarda la direction dans laquelle elle était arrivée comme si quelqu’un lui parlait. Elle feula son mécontentement et partit comme elle était venue, mettant fin à son combat. L’étranger se détendit et rangea sa dague. Il s’approcha des deux garçons et se baissa pour ramasser son coutelas. Kheryan l’en empêcha en posant son pied dessus.
« Bon l’ami. Je crois qu’il y a un truc que tu ne comprends pas. Si j’avais voulu vous attaquer, je l’aurais fait depuis longtemps déjà. Ce n’est pas les occasions qui manquaient.
‑ Peu importe. Je ne te fais pas confiance.
‑ Ça suffit Kheryan ! Je suis ton chef et je t’ordonne de le laisser tranquille, intervint son ami. Au fait, je ne sais ni ton nom ni d’où tu viens.
‑ Je m’appelle Déziel et je viens de… nulle part en particulier. Je n’ai pas d’attache. Et vous ? demanda-t-il en regardant par-dessus l’épaule de Kheryan.
‑ Moi c’est Ulryk et lui c’est Kheryan. Nous venons d’un petit village appelé D…
‑ Peu importe son nom et sa localisation. Tu n’as pas besoin de le savoir. Même si cet imbécile te fait confiance, ce n’est pas mon cas, le coupa Kheryan en retirant son pied du couteau. »
 Déziel rangea son coutelas dans sa botte. L’adolescent prit le temps d’examiner les blessures de son compagnon de route. Il était couvert d’hématomes. Son sac avait dû lui amortir la chute sur les branches et ainsi lui éviter de se briser le dos. Par contre, sa jambe n’avait pas eu la même chance. Elle était sûrement fracturée en plusieurs endroits. L’inconnu avait dû lui remettre le genou et la cheville en place au vu des attelles présentent sur ces articulations. L’adolescent aida son ami à se relever. Il essaya de poser son pied par terre et de s’appuyer dessus, mais même avec ces immobilisations de fortune, la douleur le coucha au sol. Il demanda une potion de soin ou au moins une antidouleur, les siennes s’étant toutes brisées, mais son ami refusa catégoriquement. Kheryan lui prit son sac pour l’alléger et lui faciliter la tâche mais c’était sans compter sur le nouvel arrivant qui le lui arracha des mains pour le mettre sur son dos. Chacun lui prirent un bras afin de le déplacer. Sur les conseils de Déziel, ils suivirent le chemin qu’avait emprunté l’animal. La piste fut très difficile et plusieurs fois ils se perdirent. Arrivé à la nuit tombée, ils trouvèrent enfin un village. Peu de personne était encore dehors. Seuls les plus courageux travaillaient à une heure aussi tard. Ils rentrèrent dans le village et interpellèrent une jeune fille qui passait. Celle-ci se retourna et lâcha le panier qu’elle tenait en voyant les inconnus. Ulryk et Kheryan furent tout aussi abasourdi lorsqu’ils reconnurent la villageoise. Celle-ci courut dans leur direction et se jeta au cou de l’adolescent blessé. Elle prit son visage entre ces mains pour s’assurer que c’était bien la personne qu’elle pensait et l’embrassa.
« Ulryk… Tu es en vie et tu as tenu ta promesse. Tu es venu me chercher, commença-t-elle avec un grand sourire aux lèvres. J’ai cru que ce monstre t’avait tué, reprit-elle les yeux humides.
‑ Je ne vois pas de quoi tu parles mais tu pouvais compter sur moi pour venir te chercher Lewlyn, répondit-il innocemment. »
 Choqué, Kheryan avait lâché Ulryk. Ce dernier en avait profité pour enlacer sa compagne. Celle-ci avait pris la place de son ami avant d’aider Déziel à déplacer l’adolescent blessé vers une maison qu’elle lui indiqua. Brusquement, Lewlyn s’arrêta et se retourna pour remercier son ami d’avoir accompagné Ulryk malgré les conséquences. Elle remarqua qu’il était troublé, absent, ce qui ne le ressemblait pas. Elle lui lança un regard inquiet et lorsqu’il s’aperçut qu’elle l’observait, il baissa les yeux. Lewlyn savait qu’elle avait fait quelque chose qui l’avait profondément blessé mais elle ne savait pas quoi. La joie de leur retrouvaille s’envola aussitôt, laissant sa place à un lourd sentiment de culpabilité. Elle reprit la direction de la maison, guettant de temps à autre son ami resté en arrière, immobile. Lorsqu’ils eurent installé Ulryk dans la bâtisse, Lewlyn était aussitôt ressortit afin de retrouver Kheryan, mais ce dernier avait disparu. La nuit étant tombée, elle n’essaya pas de le retrouver et retourna auprès de l’adolescent blessé.

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