Chapitre 3 : Ascension (5/7)

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 Plusieurs heures après le départ d’Ulryk, Kheryan faisait les cent pas, attendant que le blizzard se calme. Il s’arrêtait de temps à autre pour regarder dehors. Soudain, Il prit ces affaires et éteignit précipitamment le feu. Il alla se cacher derrière un rocher, ayant sentit une présence dans la grotte. Il ne savait pas si c’était son imagination qui lui jouait des tours ou si c’était réel, mais par prudence, il attendit. Les minutes passèrent et il aperçut des points rouges dans la galerie d’où ils étaient venus plus tôt. Lorsqu’il sortit de l’obscurité de la cavité, il remarqua que c’était un meldaven et qu’un homme se trouvait sur son dos. Ces vêtements étaient aussi noirs que la fourrure de son imposante créature. À l’inverse, sa chevelure, d’un blanc neige contrasté avec ces habits, de même que sa peau qui était tout aussi claire. Lorsqu’il descendit, l’animal grogna en le regardant. Visiblement, l’homme tentait de le rassurer en lui caressant la tête et en parlant dans une langue qu’il ne connaissait pas. Le meldaven tourna la tête et regarda dans la direction de Kheryan. Il savait qu’il était là. Il poussa son puissant cri qui se réverbéra dans la galerie. L’adolescent se boucha les oreilles mais le message était clair. Il n’avait pas à toucher à son maître sous peine de mourir sous sa puissante mâchoire. Il sortit et l’étranger resta à l’entrée de la grotte. Il remarqua qu’il était lourdement armé. Une dague longue trônait dans son dos. Deux autres dagues, courtes celles-ci, prenaient place dans le bas de son dos. Chacune de ces cuisses abritait aussi une arme et la garde d’un couteau dépassait de ses bottes. Il était clair que sa spécialité était le combat au corps au corps. S’il cherchait le combat, avec son arc de chasse et sa simple épée, il n’aurait aucune chance. De plus, s’il avait voulu l’attaquer, il l’aurait fait dès son arrivée avec sa créature. Or celle-ci était sortie. Il resta donc là où il était et se détendit en restant un minimum sur ces gardes. Il sentit que l’inconnu avait fait de même lorsque l’atmosphère s’apaisa. Ils avaient trouvé un terrain d’entente silencieux et s’ils le respectaient tous les deux, ils savaient que tout irait bien. Kheryan attendit donc que son meldaven revienne afin d’aller chercher Ulryk, espérant que rien ne lui soit arrivé. Les minutes s’écoulèrent lentement, trop lentement pour le jeune homme. Il espérait que la bête allait se promener et non chasser. Si c’était la deuxième option, il était peu probable qu’Ulryk s’en sorte, étant complètement désarmé. Le compagnon de l’inconnu revint enfin. Il se releva légèrement et observa aussitôt ces crocs. Puis son regard descendit sur ces pattes. Il fut soulagé lorsqu’il ne remarqua aucunes traces de sang. Le meldaven le regarda et il lui semblait qu’il souriait face à sa peur. Il baissa son épaule et son maître remonta sur son dos. Ils repartirent tous deux par où ils étaient revenus.

« Pour un humain, tu es sage. Mon ami n’a rien fait au tien soit sans crainte. Tu ferais mieux de te dépêcher de le retrouver avant que le froid n’est eu raison de lui. Si tu peux, suis les traces et tu le trouveras, entendit-il dans sa tête. »

 Kheryan se dépêcha de prendre ses affaires et de sortir retrouver Ulryk. Le blizzard commençait à se lever. Lorsque ce fut complètement le cas, il s’arrêta et regarda autours de lui. La neige était quasiment immaculée et ce fut difficile de savoir où était partit son ami. Les traces du meldaven n’étaient plus visibles et il avait perdu la piste. Il l’appela en prenant garde de ne pas trop élever la voix pour éviter une nouvelle avalanche. Il n’y eu aucun écho. Il continua ses recherches, gardant toujours la grotte en vue pour ne pas se perdre. Il continua jusqu’à l’aube. Il pensa à abandonner mais le Soleil se refléta sur quelque chose. Il espéra que c’était son ami et se rua dans la direction du reflet. Lorsqu’il arriva sur place, il trouva une fiole vide. Il la prit et regarda ce qu’elle contenait. Il restait une goutte rouge au fond du récipient. Il la renifla et reconnut l’odeur de Bélénysis, une fleur rouge éclosant uniquement les nuits neigeuses. Une fois bouillit, elle donnait une potion anti-froid. Son inquiétude se dissipa un peu. Ces effets duraient huit heures environ donc s’il devait mourir, ce ne serait pas à cause du climat. Il reprit sa marche, plus confiant. Il finit par entendre un léger grognement alors que tout était calme et qu’il n’y avait rien aux alentours. Il creusa la neige devant lui et tomba rapidement sur le corps d’Ulryk. Il le dégagea et remarqua qu’il dormait à poing fermé. Il se releva et lui donna un coup de pied dans les côtes pour le réveiller. Il se plia en deux en se tenant l’endroit où il avait mal. Lorsqu’il remarqua que c’était Kheryan qui l’avait frappé, son visage se ferma.

« Ça fait toujours plaisir comme accueil, commença-t-il en soupirant. Si tu veux parler de ce qui s’est passé à Derliahn, et bien… soit. Je n’ai pas de sentiment particulier pour Lewlyn. C’est juste une très bonne amie pour moi comme toi tu l’es. Je veux juste la retrouver et la protéger de ces misérables hors-la-loi. Qui sait de quoi ils sont capables. Sache que j’aurais fait la même chose pour toi. Ensuite, ce n’est pas Alan qui m’a banni mais nos traditions. Quiconque part du village pour prendre les armes ne peut revenir. Et malgré que j’aie failli mourir à cause de toi et que je t’en veux pour ça, j’ai accepté de quitter mes racines pour retrouver les miens, dit-il calmement. Alors ne me parle plus de trahison, c’est compris ? ajouta-t-il en s’énervant.

‑ Je suis désolé pour tout ce que je t’ai dit, répondit-il honteusement. Je verrais avec Alan si on peut faire quelque chose pour toi. Dès que nous rentrerons, j’irais parler avec lui. Ce sera ma façon de me rattraper.

‑ Ce n’est pas la peine, Ulryk… C’était ma décision, finit-il. »

 Les effets secondaires de cette potion commencèrent à faire effet. Ulryk commençait à avoir excessivement chaud. Il se dévêtit alors, se retrouvant torse-nu. Son ami le réprimanda en lui rappelant qu’il avait juste la sensation de chaleur. Les effets du froid resteraient le mêmes sur sa peau. Une fois de plus, il ne l’écouta pas et reprit sa route. Au bout de longues minutes, voyant sa peau devenir bleue, ces membres supérieurs se raidirent et les morsures du froid sur son épiderme, il se décida enfin à se rhabiller après que Kheryan lui eut apposé un peu d’onguent sur ses blessures.

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