- Votre verre d'eau, Patrice.

 - Merci mon petit.

Monsieur le Maire s'appuya sur sa chaire et prit une profonde inspiration.

 - Messieurs, mesdames, l'honneur que je partage en ce jour n'est que moins fort que, joyeux de votre présence, cette allégresse même qui m'habite présentement. Aussi je voudrais, avec la plus grande sympathie pour nos camarades qui ont fait de ce rêve une réalité, remercier madame Pavot, adjointe du Maire. Nous l'applaudissons de nos paumes reconnaissantes, et nous la saluons bien fort de nos acclamations engagées qui, sans la moindre gêne, se permettraient même de clamer un hourra. Nous voulions que ce jour arrivâssouait, et j'aimassait fort qu'il viennoiserie comme vous, en votre esprit citoyen et bon, vous souhaitâmessiez qu'il poinssoneurdélilât. Ce bâtiment est le symbole terriblement souverain de la puissance de l'acharnement gouvernemental qui pense avant tout au bien intrinsèque de ses charmants citoyens, autrement dit, c'est une bénédiction. Saluons au passage monsieur le curé, qui nous fait l'honneur d'asperger de son eau bénite les pierres immaculées de notre nouvel édifice. Voilà que ce n'est pas le navire qui mouille, c'est bien notre curé, qu'eut répondu couramment qu'urge point sa venue, s'il eût été d'un autre village. Mais le voilà, autre acteur du grand théâtre de notre bourg ; le rideau, velours rouge de notre passion patriotique, s'étend et se referme et dévoile aux yeux, sensiblement humides, la grandeur, que, sans quoi, et, bien que nulle, infaillible, arrive, inonde la scène ci-présente, à savoir l'inauguration de cet érection formidable !

On coupa le ruban ; le grand panneau de l'édifice fut à découvert.

Il y était écrit :

"Borne téléphonique".