Semaine 37, c'est un départ

2 minutes de lecture

C'était la fin. Je faisais face à un mur, et mes yeux baignaient de lourdeur devant la fatalité et l'irrévocabilité de cette dernière vision. La peur, insidieuse, pointe d'un instinct à peine entamé, m'amenait à vouloir rebrousser chemin. C'était trop tard, cependant, et bien vain d'ailleurs. D'ailleurs, alors qu'on m'avait offert l'espace de réfléchir à cette fatalité prochaine, j'avais concentré tous mes efforts à n'en rien faire. Décidais-je donc, à présent qu'il était bien trop tard, de me faire une opinion de ce qu'était la mort ? Et, au fond, qu'en aurais-je su, même en l'ayant étudiée tout au long de mon existence ? Cette histoire-là de moi se serait achevée de la même façon, dans tous les cas. Mon trépas était aussi inévitable que je n'avais en rien choisi de naître, et c'est comme si dès l'instant où les lumières de mon esprit avaient fait écho en moi, j'avais reconnu cette calamité.

J'étais heureux d'avoir connu ces six mois de paix durant lesquels j'avais connu l'amour inconditionnel, ces six mois durant lesquels j'aurais été supposé entreprendre une introspection sur la vie, sa beauté et ce que je voulais en faire, ce pourquoi je souhaitais vivre. Je n'en avais rien fait. Enfin, presque.

Cet espace, j'en avais usé pour être tout à l'acceptation de ce sort qui me guettait. Après tout, la vie n'était que poussière temporelle, qu'importe le temps accordé à chacun de nous. Qu'importe si je me connaissais destiné à ne jamais ouvrir les yeux que pour rencontrer mes créateurs.

Ainsi donc, mon seul souhait, dans la vie, aura été de sourire en cet instant unique où j'ouvrais les yeux sur la vie alors que mon souffle se perdait dans la mort. Alors que mes yeux, à travers un brouillard de sécrétions, se battaient pour se fixer sur ceux de maman, je vis celle qui m'avait aimé de tout son être, sans jugement ni prétentions, se figer d'une horreur qui ne dura qu'un instant, le temps d'un clin d'oeil, avant qu'elle n'éclate d'un rire émerveillé. Elle seule pouvait comprendre, lire dans mon regard qui se mourrait, dans mon sourire qui se crispait, que j'avais accepté mon sort et que j'étais en paix.

Maman avait senti le malheur venir et m'avait aimé plus encore qu'humainement possible, juste pour combler ce temps, cette poussière de vie que j'aurai été le temps d'une minute ou deux. Les bras de maman étaient chauds, rassurant, et mes sens envahis qui de plus en plus se taisaient, n'émettaient plus cette terrible pointe de peur que j'avais ressenti plus tôt, et je pouvais sincèrement être en paix, persuadé que c'était à ce dernier sourire que maman songerait lorsque, déchirée, elle réaliserait combien la vie est courte et comment rapide se fait la mort une fois la fin venue, une fois face au mur.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire Raton Lunaire ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0