Tout n'est question que de temps

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La jeune femme se réveilla sur ce qui semblait être une pelouse. Il faisait nuit, et elle se surpris à se réveiller dans un accoutrement assez spécial : en effet elle portait une longue robe bleue de soirée. Un peu échancrée sur le côté, elle avait l'air d'être fait dentelle. Baissant la tête, elle remarqua que le haut de son bustier était à épaule tombante et qu'au toucher il s'agissait d'un autre type de tissu, du velour peut être ?

En face d'elle se trouvait un bâtiment qu'elle jurait être celui de son ancien lycée, elle ne comprenait pas tout ce que cela pouvait signifier mais une nouvelle migraine vînt lui rappeler qu'elle avait sacrément besoin d'un Doliprane. Elle se releva comme elle pu mais fut prise de vertige, ce qui la força à s'appuyer contre un arbre pour reprendre son équilibre. La tête ne tournant plus, elle se décida à marcher vers le bâtiment. La grande porte avait été décoré de ballon bleu et blanc ainsi que d'une pancarte : "Bal de Promo années ****-****", elle n'arrivait pas à distinguer les chiffres, cela semblait flou, était-ce son mal de crâne qui lui occasionait ce genre de gênes ?

Poussant tant bien que mal la porte, qui paraissait peser plus lourd que ce dont elle se souvenait. "Pourtant on dirait qu'il ne l'ont pas changé" pensa t-elle.

Elle déambula, seule dans les couloirs de son ancien lycée. Pour un bal de promo, il n'y avait pas l'air d'y avoir beaucoup d'ambiance. Elle continua son périple pour arriver au gymnase, le lieu-dit de la fête qui n'était pas très festive. Sans grande surprise, celui ci était décoré aux couleurs de l'école mais vide à première vue. Elle mit ses mains devant ses yeux en visière pour essayer de trouver signe de vie mais sa vue étant assez fortement affaiblie elle ne vit rien. Elle décida d'entrer. Il était bien des mots pour qualifier son ressenti mais "subjugué" semblait être celui qui correspondait le mieux à cet instant. Comme si en ce lieu elle était dans un musée, elle contempla avec admiration le travail des organisateurs qui avait fait un travail remarquable : des rubans bleus et blanc sur lesquelles étaient inscrits en lettre dorées "Joyeux Bal de Promo" embellissaient les gradins. Les tables étaient garnies de nappes dans les mêmes tons avec quelques branches de violette placés par ci par là. Les chaises couvertes d'un drap, étaient noués par un noeud mauve.

La jeune femme émerveillée se pilla net lorsqu'elle vit un homme de dos, en smoking noir, les bras derrière le dos comme un visiteur observant une toile. Grand, cheveux bruns, il lui rappelait quelqu'un mais ne savait plus qui. Il observait une armoire où se trouvait des trophées et médailles. N'osant approcher elle décida de prendre la parole mais celui ci fut plus rapide et tourna successivement la tête puis le reste de son corps dans sa direction en souriant.

  • Michael ? fit elle stupéfaite avant d'éprouver une autre douleur qui n'avait rien avoir avec ses migraines précédentes : elle avait mal mais c'était son coeur qui souffrait à présent.

L'homme s'approcha d'elle, caressa sa joue et ramena une mèche de ses cheveux derrière son oreille.

  • Tu es enfin réveillée...
  • Michael, qu'est ce qu'il se passe ? Pourquoi on est ici ? Pourquoi n'y a t il personne à part nous et pourquoi je me suis réveillée au sol avec des maux de crâne ?
  • Du calme, du calme, du calme...lui dit il

Il vit qu'elle était inquiéte et essaya de la rassurer. Il leva la tête comme pour faire le point, puis plongea son regard tendre dans le sien avec un léger sourire. Il y avait quelque chose dans son regard qu'elle ne pouvait déceler mais elle avait l'impression qu'il pouvait s'agir d'une mauvaise nouvelle.

  • Tu as subis un trauma au crâne... vu ton état il valait mieux que tu restes dans cette position pour éviter de l'empirer, les gens... tu sais quoi ? C'est pas important, le principal c'est qu'on soit là toi et moi tout ce qui compte c'est ce moment présent...j'n'ai pas beaucoup de temps...
  • Que... Beaucoup de temps ? lui demanda t elle incrédule
  • Que dis tu de danser ?
  • Mais je...
  • Je t'expliquerai... fais moi confiance
  • Et mon mal de crâne ? Michael si je danse je vais encore avoir plus le tournis !
  • Effectivement...

Il souffla dans ses mains, puis les frotta avant de les appliquer sur ses tempes en massant ce qui eu un effet quasi immédiat. C'était surréaliste !

  • Ca va mieux ?
  • Beaucoup mieux merci...
  • Bien...

A peine il lui tendit la main, que les premiers accords de "True" des Spandau Ballet se fit entendre, pourtant il n'y avait aucun DJ pour jouer la musique.

  • Notre musique..., murmura-t-elle avant de glisser doucement sa main dans celle de son cavalier

Il l'a mena tel un gentleman sur la piste de dance, le couple prit place elle posant sa main sur son épaule, lui passant délicatement une main derrière sa taille, chacun plongeant son regard dans celui de l'autre. Elle eu un rictus.

  • Qu'est ce qu'il y a j'ai une tâche sur le visage ?, plaisanta-t-il
  • J'me demandais juste... est ce que tout ceci est réel ?
  • Bien sûr que ceci est réel !, s'exclama-t-il faussement indigné
  • Alors.... alors pourquoi j'ai le sentiment que quelque chose m'échappe ? Regardes j'en mettrais ma main à couper qu'il n'y avait pas de bague, cette bague à mon doigt....Mike je t'en supplies dit moi ce qu'il se passe, je le vois bien que quelque chose ne va pas...

Il soupira, puis porta son attention sur la bague.

  • C'est celle que j'avais voulu t'offrir le jour de ma demande en mariage...
  • Et où je t'avais demandé de me laisser du temps, oui je m'en souviens... s'il te plaît viens en au fait.
  • Tu sais que j'ai toujours aimé ta détermination et ta façon de lire les gens comme dans un livre ouvert ?

Son expression faciale trahit son impatience, et il s'empressa d'ajouter :

  • Et je dois dire que tu as vu juste, il y a quelque chose que je dois te dire...
  • Quelque chose de grave ?
  • Plutôt oui... Voilà, je suis contraint à partir ce soir, quelque part, je ne sais où on ne me l'a pas encore dit et...
  • Et tu as accepté ?
  • Oui...
  • Bon et viens dépêchons nous à faire nos valises je viens avec toi !
  • C'est une sacré mauvaise idée...
  • Et pourquoi ça ? Si t'as crû que j'allais te laisser partir tu te fourres le doigt dans l'oeil ! s'énerva t elle
  • Parce que l'endroit où je vais est un aller simple, même les explorateurs les plus chevronnés ne s'y aventure pas comme ça... pas de retour possible en arrière, tu as ta famille, ton travail...
  • Mais toi aussi !
  • Oui mais la différence c'est qu'ils comprendront, à vrai dire la seule accroche que j'ai ici c'est toi et je t'avouerais que ce n'est pas si facile de te laisser comme ça...
  • Mais demain... lorsque je me réveillerais... que je ne te verrais pas allongé à côté de moi dans le lit, me rendant compte de la réalité, comment est ce que je suis censé le supporter ? Tu peux pas me faire ça !, sanglota t elle des larmes de rages et de tristesse coulant le long de ses joues

Elle brisa leur union et se dirigea d'un pas pressé vers la sortie avant qu'il ne l'a rattrape, l'enlaçant, sa tête posée dans le creux de son cou, la musique continuant à jouer.

  • Mon coeur est brisé Mike...depuis un moment déjà...
  • Je le sais... on savait tous les deux qu'un jour ça arriverait avec mon métier...
  • Oui mais ils n'étaient pas obligés de te délocaliser aussi vite ? Sont ils sans coeur ?
  • Je ne pense pas... ils ont sûrement pensé que j'avais besoin de renouveau...
  • Et bien ils se sont trompés...
  • Ils se trompent rarement, et quoi qu'on veuille on est pas en mesure de négocier.
  • Il y a bien des gens qui y arrivent pourquoi pas toi ?
  • C'est compliqué...

Elle fit volte face, les poings serrés et les ongles enfoncés dans sa peau que du sang commença un peu à couler.

  • Non ! La seule chose compliqué ici c'est que lorsque tu seras partie, ce n'est pas toi qui passera tes nuits seul à tenter de savoir pourquoi les choses sont ainsi ? Où est ce qu tu es ? Ce que tu fais ? Et comment suis je sensée faire pour moins en souffrir ? J'ai l'impression que cela t'es égal..., s'indigna-t-elle
  • Bon sang, ouvres les yeux Jane ! Jane ?

Elle porta sa main à sa poitrine comme si elle manquait d'air et manqua de s'écrouler à terre si Mike ne lui avait pas amorti sa chute. Assis au sol, il prit sa tête dans ses mains, comme pour vérifier que tout allait bien avant de la serrer contre lui. Elle chuchota :

  • Si je ne peux venir avec toi, je préfère mourir car j'ai besoin de toi à mes côtés...
  • Serais tu devenue folle ? Tu m'a fais peur l'espace d'un instant j'ai crû..
  • Que tu allais me perdre ? Et bien c'est ce que je ressens en ce moment même...

Un compte à rebours s'enclancha, l'horloge qui habituellement sert à donner le temps qu'il reste lors de match de basket, indiquait à présent 11h58. Une voix robotisée surgissant de nulle part et envahissant la pièce répéta machinalement "Deux minutes, deux minutes"

  • C'est trop tôt, prononça Mike pour lui même avant de regarder à nouveau en direction de sa partenaire. Tu sais quoi ? On s'en fout du temps qu'il peut nous rester. Il est infini !

Il l'aida à se relever et tous deux repris place sur la piste de dance. Tout le corps de Jane tressaillait, elle s'aggripa à la veste de Mike comme elle pu sa tête enfouie sur son épaule et sa poitrine lui faisant attrocement mal comme si on s'amusait à lui tordre le coeur comme un vieux torchon ou bien qu'on lui applatissait la cage thoracique.

  • Mike j'ai peur !, hurla-t-elle de douleur
  • Hey, lui dit il en lui relevant la tête et lui ressuyant une larme, concentres toi sur ma voix, je suis là, c'est tout ce qui comptes.
  • Mais demain...
  • Demain arrivera dans un million d'année, la rassura-t-il
  • Comment peux tu en être aussi sûr ?
  • Parce qu'il suffit d'imaginer que ce moment est éternel.
  • Donc tu ne partiras que dans un million d'année ?

Il prit un air réfléchissant

  • Et bien il me semble oui...
  • Je t'aime éternellement alors...
  • Et moi pour l'éternité...

Des voix se firent entendre, un mélange de cris, de pleurs et de sirènes retentirent

  • Ne les laisse pas m'emmener, implora-t-elle. Laisses moi être avec toi encore un moment
  • Tant qu'on sera ensemble il ne t'arrivera rien je te le promets

Le couple s'embrassa au milieu du vacarme assourdissant, le bâtiment s'éffondrait, la musique devenait de plus en plus inaudible, mais ils restaient là, comme deux poussières dans l'univers qui ne cessaient de virevolter et ne voulant pas se séparer. A un moment donné les hurlements qui peinaient à sortir de ce lot inconsidérable de bruit, finirent par évoluer en un long sifflement aigue que l'on pourrait avoir lors d'une otite. Comme une seconde naissance, elle peina à respirer, sa poitrine la brûlait et elle ne pu émettre qu'un faible cri qui se perdit dans le remue-ménage autour d'elle. Reprenant ses esprits, elle constata qu'elle avait un masque respiratoire sur le visage, tout allait si vite, elle tourna la tête et vit un homme gisant à terre sur lequel on déployait un drap. Un homme était accroupi près de lui, il avait l'air de se recueillir une dernière fois. Puis apercevant Jane, il lui sourit chaleureusement.

Jane demanda à ce qu'on la rapproche du corps mais les médecins autour d'elle étaient occupés à d'autres tâches plus importantes. Enlevant son masque à oxygène, elle tituba du piédestal sur lequel elle était n'ayant pas pris réellement compte de la distance qu'il y avait jusqu'au sol. Elle essaya de contenir au max ses jurons, ce n'était pas une entorse qui allait l'empêcher d'arriver à son but. Les secouristes remarquèrent la tentative de fuite de leu patiente.

Madame, veuillez revenir vous venez de subir un traumatisme crânien suite à une tentative d'homicide ! Vous ne devez pas bouger ! fit une voix féminine dans son dos

Ils se mettèrent à plusieurs pour tenter de la ramener sur son lit de fortune, mais avec l'adrénaline elle arriva quand même à se défaire de leur prise.

  • Il faut... que j'aille... le voir, peina-t-elle à articuler, sûrement à cause de la douleur lancinante émanant de sa cheville ou de sa poitrine, ou bien il s'agissait des médicaments qui commençaient à faire effet.

Arrivée près du corps inanimé, elle releva la tête vers lui, les larmes aux yeux, et il lui fit signe qu'elle pouvait soulever le drap. Délicatement, n'osant regarder, elle découvrit une vérité qui la déchirait intérieurement. Une main, caressa sa joue pour essuyer une larme, c'était celle de l'homme.

  • Je leur ai demandé de m'accorder encore un peu de temps, j'pouvais pas te quitter comme ça...
  • Tu as souffert ?, pleura-t-elle
  • A vrai dire, je n'en sens plus mes pieds...

Elle le dévisagea incrédule.

  • Une éternité à danser c'est long..., dit-il avec un air sérieux.

Elle réprima un rire.

  • Je ne sais pas comment je vais faire sans toi, Mike...
  • Tu es une femme forte, tu arriveras... et puis demain on sera réunit
  • Mais tu as dit que demain était une éternité
  • Tout est une question de point de vue...

Il lui décocha un clin d'oeil accompagné d'un sourire malicieux, puis lui posa un baiser délicat sur les lèvres, avant de se relever.

  • J'suis obligé d'y aller... ils ont été déjà beaucoup trop clément en m'accordant plus de temps...
  • Tu resteras quand même avec moi, hein ?
  • Je n'en sais rien, mais si tu te souviens de moi c'est comme si j'étais toujours avec toi je supposes
  • Alors à demain Mike, je t'aime à jamais...
  • A dans une éternité mon Coeur, ma tendre Jane, profites doublement de la vie pour moi, c'est là le plus beau cadeau que tu puisses me faire.

Il marcha droit devant lui, jusqu'a finir par disparaître dans la foule. Jane s'éffondrant en larme sur le corps de son bien-aimé, les médecins s'affairant autour d'eux.

FIN

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