Le lendemain, Scarlett s’éveilla avec de sombres pensées. Les souvenirs de la veille lui revenaient, accompagnés par ce que sa mère aurait pensé d’elle, ce qui ne faisait qu’ajouter à son embarras. Pour éviter de voir son père, elle se prépara et alla ramasser les œufs que leurs poules avaient pondus.

Au moment où elle rentrait avec son panier, son père lui tendit un poulet auquel il venait de tordre le cou.

– Amène ça, à la boulangerie avec six œufs, ordonna-t-il.

La jeune femme acquiesça.

– Et ne traîne pas en route !

Docile, elle prit l’animal dans son panier, et suivit le chemin de la boulangerie. Son estomac cria son mécontentement face au vide qui l’habitait. Elle l’ignora. L’envie de manger n’était pas au rendez-vous. Elle supporterait la faim si cela pouvait lui éviter les nausées qui la suivaient depuis la veille.

Une fois sa livraison accomplie, Scarlett remarque un attroupement sur la place. Alors qu’elle allait changer de route, elle fut rejointe par Mary. Son amie glissa sa main sous son bras, avec un sourire rayonnant.

– Je t’ai cherchée hier…

– Je suis rentrée. Je ne voulais pas inquiéter mon père.

Ce qui n’était pas tout à fait vrai, mais elle ne souhaitait pas parler des avènements de la veille.

– Alors ?

– Alors quoi ?

– Hier… Raconte-moi !

Scarlett baissa la tête.

– Ne sois pas timide.

– Ce n’est pas ça…

Comment dire la vérité ?

– C’était comment ?

– Décevant !

Le mot était dit.