L'Enterrement
Ses mains plongent
dans la terre noyée
inondée
poussiéreuse sous les vagues
ondoyantes
du soleil
hurlant
ses doigts
à lui
longs, lisses
s’enracinent.
Ses bras
courts, secs
ses bras se tendent
douloureusement
ses bras cherchent
dans la terre
toujours plus loin
ils s’enfoncent
ne reviennent pas
ses bras.
Sa peau verte chatoie
verte comme l’herbe
du petit jardin
où il s’enfouit
plus loin
un beau vert, pas comme
une carcasse purulente
plutôt
comme un champ d’émeraude un peu
ravagé.
Ses cheveux
très bruns, en brosse
bien ordonnés
ses cheveux, comme un fond de lac
englouti.
Son corps, abimé
plat, osseux, scarifié
son corps crisse contre lui-même
son corps crie
encrassé à l’intérieur
par des cristaux bruyants
très beaux
son corps, empoisonné
s’enterre dans le jardin.
Ses yeux, très noirs
ses yeux avalent les cieux
recrachent les ténèbres
chauds
qui mugissent
atrocement
ses yeux comme un abîme
où l’on voudrait s’enfuir
se fondre
ses yeux comme des soldats
dans un champ d’émeraude
ravagé
sous le soleil
avalé
ses yeux très noirs
magnifiques.
Son nez
tout droit
très court
trop rêche
sous l’astre
qui tape
ses lèvres
oubliées
ses ongles
cassants
cassés
dans la terre
il confond
lui
et le reste
quand il s’enfonce
toujours plus loin
plus profond
tout au bout
de la terre.
Il n’a même pas de nom.
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