Partie 1 ou le rituel du matin

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Dring ! Dring ! Dri !… Boum !

Et voilà, un réveil en moins. J'ouvre paresseusement un œil. Un timide rayon de soleil éclaire un coin de ma chambre. Déjà le matin… Mon regard dérive dans la pièce : des cahiers, des crayons et un énorme tas de feuilles sur le sol, éparpillées aux quatre coins de la pièce. Je me relève et frotte mes yeux ensommeillés. Le week-end était vraiment trop court ; j'ai à peine eu le temps de finir la liste des gens à éviter à Belle-Cœur. Quoi ? Tu ne pensais tout de même pas que c'était des feuilles d'exercices ou de notes quand même ?! Moi, réviser ? Quand ce sera possible de finir Temple Run ! Mes yeux se ferment à nouveaux. J'enfouis ma tête dans mon oreiller, profitant un peu plus de la chaleur de mon lit douillet. Ah, je pourrais rester comme ça pendant…

Toc ! Toc !

– Ma puce, il faut se lever.

– Maman ! Cinq minutes encore.

Les bruits de pas s'éloignent. J'ai presque l'impression d'entendre les murmures colériques à travers la porte en bois. Je soupire. Une coche pour moi aujourd'hui : Mom va être de mauvaise humeur. Elle déteste que je prenne aussi à la légère mes études, mais qu'y puis-je ? Je ne suis pas un rat de bibliothèque 2.0. Je ne suis pas comme elle : toujours plongée dans un livre poussiéreux de Mamie ou à parler politique et météo. J'suis un O.V.N.I. dans cette famille d'érudits. Mais bon, c'est pas mon problème maintenant. J'ai enfin un peu de tranquillité…

•ⱤⱩ•

Un rayon de soleil m'éblouit. J'me retourne dans mon lit. Grr ! Je veux encore dormir un peu… Attends. Il est quelle heure !? Je me précipite sur mon téléphone posé sur ma table de nuit. 12H10 ! Merde ! J'ai manqué tous les cours de la matinée. Pff, encore des feuilles d'absences à signer. J'suis bonne pour un mois de corvées ménagères. Mom va me tuer ! Je prends ma tête dans mes mains. Déjà qu'elle hésitait à me laisser dormir aussi tard… Je secoue ma tête pour chasser cette idée noire. C'est pas en m'apitoyant sur mon sort que je vais révolutionner le monde, ça va juste me rendre malade. Tiens la bonne idée pour rater les cours. Note à moi-même : trouver un moyen d'attraper des microbes en moins d'une journée.

Je sors de mon lit, grognant contre le froid qui m'accueille. Grr, rester un peu plus longtemps dans mon lit c'est trop demandé ? Malheureusement oui. Madame est attendue au service restauration et madame est déjà très en retard. Ah oui, madame va aussi recevoir une sacrée correction ce soir. Je m'étire lentement, histoire de ne pas brusquer mes muscles rompus à l'exercice quotidien des MP/minute (message privé). Et c'est là que tu me dis de me dépêcher. Pour quoi faire ? Je n'ai aucune envie d'interrompre le cours de physique. Quitte à manquer des périodes, autant le faire dans les règles, non ? J'enfile mes pantoufles lapin usées. Note à moi-même : acheter une paire moins ringarde. Si mon crew savait que je porte ces trucs, je serais morte ! J'ouvre la porte de ma chambre le plus silencieusement que possible : il reste peut-être encore quelqu'un. Pas d'eau qui coule, pas de couverts en mouvements, pas de clavier d'ordi en cours d'utilisation ; la maison est plongée dans un silence de cimetière et je ne fais pas cette méta-truc pour le plaisir. Je préférerais encore vivre avec des cadavres, des squelettes, des zombies, tout ce que tu veux plutôt que de partager mon toit avec Mom, Pap et Gab. Qu'est-ce qu'ils peuvent me taper sur les nerfs ces trois-là ! Limite s'ils sont payés pour me faire chier.

Cling !

Mon corps se fige. Tiens, quand on parle du loup. Ça, c'est le bruit des outils de Gab. Merde, il est encore à la maison. Gab, c'est mon… *gros soupir* mon grand frère. En gros, c'est le gars qu'il faut à tout prix éviter si tu veux passer une bonne journée. Il a beau avoir la cote auprès des filles, ça reste un gros crétin qui n'arrête pas de me chercher des poux. « Papa et Maman savent que tu sèches les cours ? Tu leur as bien dit que monsieur Joe voulait leur parler ? » et ça, c'est rien encore. Le surnom qu'il m'a donné, ugh, je le déteste. Mieux vaut pour ma fierté que tu ne l'entendes jamais.

En respirant un bon coup, je pose mon pied sur la première marche de l'escalier. Un grincement horrible m'accueille. Je grimace. J'sais pas ce que je préfère : le bisou baveux de Mom ou le chant matinal de cette antiquité ? Nah, c'est une question trop dure. De toute façon, plus que trente fois et je pourrais enfin déguster mon p'tit déj en paix. Et ça, même Gab ne pourra pas me le gâcher avec ses gamineries.

Criiii ! Crriiiii !

Je serre les poings. Plus discret, tu meurs.

Crrriiiii ! Crrii !

Raah ! J'en peux plus de ce bruit infernal. Je me précipite vers le bas comme une furie. Malheureusement pour moi, je sens l'une de mes pantoufles s'accrocher à un clou. Ce qui veut dire que…

Boum !

Ce qui veut dire que j'me prends cinq marches en pleine face. Même la moquette du rez-de-chaussé ne rend pas moins douloureuse cette chute.

– Ouch, ça fait mal !

– Alors, comme ça on préfère manger les marches de l'escalier plutôt que des toasts ? C'est noté.

Je me relève précipitamment en faisant face à Gab, tout souriant. Ce débile vient sans doute de sortir de sa chambre en entendant le raffut que j'ai fait. Il porte d'ailleurs encore son tablier avec des taches d'essence qui dégage une odeur nauséabonde. Pouah ! Comment il fait pour porter ça ? Le pire dans tout ça, c'est que ça va parfaitement avec son style vestimentaire. Des cheveux noirs en bataille, des yeux bleu azur et un mini grain de beauté sur sa joue gauche, en résumé : rien de très spécial. J'essaie de prendre une posture intimidante, mais, peine perdu, il me dépasse de dix bons centimètres (et accessoirement, mes jambes me font souffrir le martyre après une chute pareille). Grr, que je déteste être petite.

– Qu'est-ce que tu veux, Gab ?

– Ce que je veux Fée Clochette ? Je veux savoir pourquoi tu es encore à la maison à cette heure-ci.

Gasp ! Il l'a dit. La honte. J'essaie de me ressaisir pour éviter que ma voix tremble. Manquerait plus que ça, me montrer faible face à ce boulet de service.

– J'me suis juste rendormi. Rien d'extra, Piggy.

Les yeux de Gab se plissent au son de son surnom, mais j'en n'ai rien à cirer et le contourne pour aller à la cuisine. S'il croit qu'il me fait peur, il se plante comme un chef. Il a beau être plus grand que moi en âge et en taille, jamais je ne m'inclinerai devant sa tête de porc. Malgré ça, un frisson me traverse quand il pose sa main sur mon épaule.

– Crois-moi, j'vais aller le dire à Maman et elle va pas être contente.

– Fais-toi plaisir, cafteur.

Je retire brusquement sa main avant de mettre les pieds sur le carrelage de la cuisine. Ça, c'est un beau début de journée.

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