2.Premiers instants troublants...

3 minutes de lecture

La promenade sur les quais touchait à sa fin, mais Laurène n’avait pas envie de rentrer. Avec Miguel, pendant près de trois quarts d’heure, elle avait réussi à oublier sa vie, les vicissitudes de son existence. Il l’avait fait voyager, méditerranéen, entre rire et nostalgie adolescente. Alors, la perspective de mettre un terme à cette parenthèse la rendit soudainement mélancolique. Elle frémit sans raison. Miguel lut instantanément le frisson sur sa peau et lui glissa sa veste sur les épaules. Ils continuèrent quelques minutes leur pérégrination nocturne lorsqu’il effleura doucement sa main avant de la prendre dans la sienne. Il s’arrêta un instant pour plonger dans ses prunelles et caressa doucement son visage.

  • Pourquoi tu ne le quittes pas ?
  • Miguel…
  • C’est vrai quoi ! Il n’a pas le droit de te rendre aussi triste !
  • Ce n’est pas si simple…
  • Bien sûr que si, c’est simple ! Ça ne fonctionne plus entre vous, tu romps avec lui, point barre !
  • Mais il ne s'agit pas d’une vulgaire aventure amoureuse de quelques semaines, quelques mois tout au plus, qui se terminerait en queue de poisson, Miguel ! C'est tout un pan de ma vie qui s'effondre, vingt ans de mariage à foutre en l’air…
  • Tu l’aimes encore ?
  • J’en sais rien… Probablement pour que ça me fasse aussi mal, pour que je lui en veuille autant.

Le bel hidalgo rapprocha ses lèvres de celles de Laurène pour lui prendre la bouche, l’embrasser tendrement, puis plus fougueusement. La jolie quadra ne le repoussa pas, au contraire, enroulant même ses bras autour de son cou, mêlant sa langue à la sienne. Grisé par ce baiser, Miguel se laissa aller à davantage de hardiesse en remontant sa main le long de la cuisse de sa belle pour la glisser sous le tissu satiné de sa robe fendue, avide de découvrir de ses doigts ce que cet écrin masquait. Leurs deux corps étaient serrés l’un contre l’autre, Laurène pouvant sentir sans équivoque possible le désir du beau brun – elle-même le désirait de tout son être et l’humidité qui commençait à mouiller son string dentelle la trahissait – mais elle le stoppa net avant qu’il ne puisse s’en apercevoir par lui-même, se dégageant ainsi de son étreinte.

  • Désolée Miguel mais… Je ne peux pas !
  • On pourrait poursuivre chez moi si tu voulais…
  • Si j’avais été libre, peut-être, mais là, définitivement non. Je regrette...
  • Je peux quand même te raccompagner quelque part ?
  • Oui... Julie, ma meilleure amie, habite à deux pas d’ici. Je ne me sens pas de rentrer avec Jean-Louis – mon mari – comme si de rien n’était…

Devant le portail en fer forgé d’un vieil immeuble, l’hidalgo tenta un nouveau french kiss que Laurène esquiva, son baiser s’échouant à la commissure de ses lèvres.

  • Merci pour ces délicieux instants volés, Miguel…

Celui-ci sortit de la poche intérieure de sa veste – que venait de lui rendre celle qu’il courtisait – une carte de visite qu’il lui tendit. Elle s’en saisit et la lut avec amusement.

  • Comme ça, si par hasard tu avais des envies de changement de voiture ou d’autre chose… Ben, tu sais où me joindre.
  • Je n’y manquerais pas ! sourit-elle. Même si je ne t’imagine pas du tout au volant d’une Mini.
  • C’est un produit très prisé de la gent féminine, se défendit-il narquois, et puis tout n’est pas aussi mini que son nom le laisse penser…

L’allusion implicite fit rougir Laurène, qui égara discrètement son regard vers l’entre-jambe de son compagnon nocturne. Son fantasme sur la virilité du beau brun attisait une flamme profondément enfouie en elle, sa chair se rappelant ainsi à son bon souvenir en lui dictant de céder à cette pulsion sexuelle qu’elle s’efforçait de refouler.

  • Bonne nuit, Laurène… souffla à son oreille Miguel en lui baisant furtivement le cou.
  • Bonne nuit, Miguel… répondit-elle dans un soupir qui ressemblait presque à une supplication.

Parce que mentalement, elle le suppliait de s'en aller. Pour ne pas craquer...

Elle l’appellerait. Désormais, elle en était certaine. Même si c’était une folie, même si cela risquait d’être la tentation de trop. De toute son existence, elle n’avait jamais fauté. Elle n’en avait jamais eu autant envie...

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire Aventador ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0