24. Déclaration

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Miguel. Ce prénom trop familier aux oreilles de Valentine avait claqué dans l'air comme un coup de fusil. Car bien davantage que la séparation de ses parents, ce furent bel et bien les révélations autour de l'hidalgo qui ébranlèrent la jeune femme. Son père avait parlé d'un gigolo, ce qui laissait supposer que l'homme en question devait être sensiblement moins âgé que sa mère ; il avait également évoqué sa profession. Cela concordait en tout point... Si Miguel ne répondait plus à ses sextos, c'est parce qu'il en baisait une autre, une cougar avide de sa queue, une meuf qui cachait bien son jeu derrière ses attitudes de sainte-nitouche. Et cette rivale n'était autre que sa reum !

Ravagée par cette jalousie obsessionnelle qui avait corrodé sa relation avec l'andalou, Valentine crevait d'envie de lui faire la peau, de lui arracher les yeux. Mais ce matin-là, elle n'avait pas le courage d'affronter sa génitrice.

D'ailleurs, Laurène avait déjà quitté la villa tandis que Jean-Louis s'était retiré dans son bureau. Personne ne s'était soucié d'elle, de ce qu'elle avait pu ressentir en entendant leur conversation. Pourtant, la présence de sa voiture dans la cour aurait dû leur mettre la puce à l'oreille : leur fille était bien là, dans sa chambre. Une fille dont même ses propres parents se contrefichaient complètement.

Une alerte MMS interrompit le flot de pensées négatives de la jeune femme : un message de Quentin.

***

[Salut ma belle ! Je sais pas trop dire ces choses-là autrement qu'en chanson, alors je te dédie ce morceau de Cabrel. Bonne journée à toi. Je t'embrasse... Q.]

***

Il avait enregistré un cover pour elle : Le pas des ballerines. Une façon aussi maladroite que touchante de lui avouer à demi-mots ses sentiments. Elle en sourit furtivement. Elle l'aimait aussi, mais pas de la même manière que lui, pas comme il l'espérait. Elle aurait voulu l'appeler, le remercier de vive voix, lui parler de Miguel, de ce qu'elle éprouvait pour lui, de sa souffrance de le savoir avec une autre... Il l'aurait comprise, oui, mais en aurait eu mal aussi, et elle refusait de lui faire mal ; il ne méritait pas ça. Un SMS laconique suffirait : elle le justifierait par sa nuit chaotique, sa lassitude. Il ne se formaliserait pas.

Se déclarer en chanson. L'idée de l'adolescent faisait son chemin dans l'esprit de la jeune femme. Et si elle faisait de même avec Miguel ? Une dernière tentative pour le retenir, l'émouvoir... Et puis, partir. D'un air décidé, elle s'empara de son sac et sortit de la maison en claquant la porte d'entrée. Direction le « studio » pour enregistrer ce qu'elle avait sur le cœur : Pour un instant, un titre de Jessica Marquez.

***

« Dis moi que c'est pour un instant /
Que rien n'est décidé vraiment /
Que ton cœur a besoin de temps /
Mais que tu penses à moi souvent /

[...]

J'ai tant besoin de ton regard /
De ton sourire où je m'égare /
De toucher la peau de ton corps /
Et ma bouche qui réclame encore /

J'en passe des nuits dans la tourmente /
A flipper du sort qui m'attend /
Le doigt calé sur la détente /
La solitude à bout portant... »

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