Vengeance

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Le message a été envoyé à l'adresse d'Hermione. Une façon pour Potter de lui signifier qu'il sait où il loge, sans doute. C'est particulièrement osé de sa part. Il a pris le risque que la lettre tombe entre les mains d'Hermione. Mais, comparé aux risques que Potter a pris ces derniers jours, celui-ci semble le moindre de tous.

Drago serre le message entre ses doigts. Il ressent brusquement l'envie de casser quelque chose. Les quelques lignes rapidement tracées à la plume l'obsèdent :

« Malefoy, comme tu l'auras peut-être deviné, j'ai Manz et Lensher en ma possession. Si tu tiens toujours à ta vengeance, viens donc les récupérer. Tu sais où me trouver. »

Potter... Potter a enlevé Manz et Lensher, et il ne s'en cache même pas. Pire même : il le revendique. Drago secoue la tête en songeant aux implications folles que cet acte pourrait avoir. Potter a joué plus que sa carrière, cette fois. Il a joué sa vie. S'il venait à être découvert, il ne pourrait pas échapper à un séjour à Azkaban, où des centaines de prisonniers en colère se feraient une joie de lui mener la vie dure. Mais Potter semble indifférent à cette possibilité. Rien que le fait de lui envoyer cette lettre – qui l'incrimine, même si elle ne porte pas de signature – démontre à quel point il n'en a rien à foutre des conséquences. Y a-t-il seulement réfléchi ?

Drago soupire, entièrement absorbé par le bruit de la pluie qui tombe à l'extérieur de la maison. Il s'interroge. Dans quel état d'esprit Potter doit-il se trouver pour en arriver à des extrémités pareilles ? Est-il réellement devenu fou ? Est-ce le désespoir qui parle ?

Drago ne voit pas d'autre solution. Aussi abjecte que cela lui paraisse, Potter n'a agi ainsi que pour le forcer à revenir dans sa vie. Pour vaincre l'exécration de Malefoy à son égard, il s'est figuré ce que Drago désirait le plus au monde, et il le lui a pris : Manz et Lensher. Parce qu'il savait que Drago viendrait les chercher. Parce qu'il savait qu'entre sa haine pour lui et sa vengeance pour Jude, il choisirait Jude et sa vengeance, quoi qu'il lui en coûte. Drago aussi le sait. Il le sait à l'instant même où il relit ces lignes. Il n'a pas d'autre choix. Potter a franchi une ligne dont il ne peut plus revenir cette fois, et Drago se laisse entraîner avec lui.

Il transplane, sans adresser un mot à Hermione endormie.

XXX

Assis seul dans le noir dans la cave de la boutique d'Harpocrate, Harry attend. Il est loin d'éprouver le calme serein qu'il a affiché devant les sbires de Malefoy avant de les renvoyer chez eux. Livré à lui-même à présent, il laisse libre cours à sa nervosité, et tente d'ignorer tout ce que sa conscience s'acharne à lui renvoyer en pleine figure.

Sans arrêt, il revoit ces images. Sans arrêt, il revoit cette cave sinistre, baignée par la lueur des candélabres, et le corps de Malefoy, pâle, maigre, étendu devant lui. Les symboles hideux qu'Harpocrate a tracés sur sa peau nue au pinceau, avec du sang de licorne. Le corps sale et décharné de Does à côté de lui... Sans arrêt, il revoit le regard suppliant de Malefoy, la panique dans ses yeux, dans sa voix, et cette façon qu'il avait de le dévisager comme s'il avait affaire à un fou... Il se revoit serrant la main de Malefoy dans la sienne, pour le forcer à empoigner le couteau et à poignarder Does. Il revoit les convulsions sans fin de ce dernier, et le sang chaud qui souillait leurs deux mains liées, et les paroles gutturales d'Harpocrate, jusqu'à ce que quelque chose de monstrueux, de sombre, ne s'échappe du corps de Malefoy pour mourir aussitôt... Il revoit le chandelier voler en éclats, emportant avec lui le virus qui rongeait Malefoy, et une partie de son âme...

Une partie de l'âme de Malefoy qui est morte sous ses yeux. A cause de lui.

Exténué, rattrapé par ces visions de cauchemar, Harry enfouit sa tête entre ses mains. Le pire, ce ne sont pas les gémissements de Malefoy. Ce ne sont pas les cris qu'il a poussés tout au long du rituel, appelant tour à tour des personnes qu'Harry et Harpocrate ne pouvaient voir. Non, le pire, c'est la terreur qu'Harry a lu dans son regard, la terreur pure, absolue, tandis que Drago contemplait un abyme visible de lui seul. Harry ignore ce qu'il a vu. Harry ignore quel mal ou créature terrible s'est logé dans son cœur à la place du petit fragment d'âme qu'il lui a arraché ce jour-là. Mais depuis, Harry n'a pu fermer l'œil. A chaque fois, les remords ne lui laissent aucun repos, le plongeant dans l'inconscience pour l'en sortir aussitôt, avec des visions de mort et de sang. Alors lui revient le réveil de Malefoy dans sa chambre d'ami, et sa colère, et ses suppliques pendant le rituel...

Harry se mord les lèvres, jusqu'à les transpercer. Il s'en veut. Il n'y a pas de mots pour décrire la culpabilité qui l'assaille. Mais plus que la culpabilité, c'est l'inquiétude qui le torture jour et nuit jusqu'à la folie. L'inquiétude qu'il ressent pour Malefoy. L'inquiétude qu'il ressent pour ce vide qu'il a créé en lui...

Harry serre les poings, chassant ces pensées sans y parvenir. Il est convaincu du bien-fondé de son acte. Cette phrase, il se la répète à longueur de temps. Il est convaincu d'avoir bien agi. Il n'y avait pas d'autre solution. Sans cela, Malefoy serait mort. Alors pourquoi ces tourments sans fin ?

Parce qu'au fond de lui, et même s'il préfèrerait mourir plutôt que de l'admettre, Harry est mortifié par ce qu'il a fait. Par ce qu'il a été capable de faire, à un homme qu'il prétend aimer. Harry a côtoyé la magie noire de près. Jamais il ne s'est senti aussi proche de Voldemort qu'à cet instant terrible dans cette cave. Une partie de l'âme de Malefoy est morte ce jour-là, mais une partie de la sienne aussi. Il en est sûr, il le réalise à présent. On ne peut pas rester indifférent à une telle expérience. La création d'un Horcruxe... La création forcée d'un Horcruxe.

Harry se prend la tête entre les mains. A nouveau, il cherche à fuir la culpabilité. Malefoy va venir, et même si cette rencontre le terrifie, tout s'arrangera alors. Il ne peut en être autrement. Il faut qu'il en soit ainsi. Harry a capturé Manz et Lensher pour lui... Parce qu'il veut qu'il aille bien. Il faut qu'il aille bien. Et si se venger de Manz et Lensher est ce qu'il lui faut pour aller bien... Alors, Harry les lui livrera sur un plateau d'argent.

Des coups sourds se font soudain entendre à la porte d'entrée au niveau supérieur. Harry sursaute. Est-ce que c'est lui ? Tendant l'oreille, plus à l'affut que jamais et en même temps tétanisé par l'angoisse, Harry entend la voix nasillarde d'Harpocrate sans parvenir à comprendre ce qu'il dit. Quelques secondes plus tard, la porte de la cave s'ouvre et des pas se font entendre dans l'escalier.

C'est lui. Harry ne saurait dire comment, mais il le sait avant même de l'avoir vu. Il le reconnait au bruit de ses pas, à son odeur imperceptible qui a contaminé la pièce, à l'atmosphère en elle-même qui lui parait transformée... Harry tente de juguler ses émotions avant qu'elle ne le possède complètement.

Drago Malefoy arrive au bas de l'escalier. Lorsqu'il aperçoit Harry, il s'immobilise, le dévisage de son regard froid. Harry reste paralysé. Il a tellement changé...

Cela fait des semaines qu'Harry ne l'a pas vu. Depuis qu'il s'est enfui de chez lui, juste après le rituel. Le virus venait tout juste de l'abandonner alors. A présent, l'homme qu'il a sous les yeux parait métamorphosé. Malefoy a repris du poids. Cela lui donne une carrure plus grande, plus imposante, mais toujours avec cette tension féline qui rend gracieux le moindre de ses gestes. Son teint reste pâle, mais sans cette lueur grisâtre propre à la maladie. Plus que jamais, ses yeux brillent d'un éclat lucide sous ses sourcils fins. Ses cheveux ont commencé à repousser, il les a laissés faire, enfin. Mais ce qui choque le plus Harry, c'est que Malefoy s'est rasé. Il s'est débarrassé de l'épaisse barbe blonde qui jusqu'alors dévorait ses traits, et là, en pleine lumière, Harry aperçoit sous la dureté des traits le visage de l'adolescent qu'il a connu. Mais surtout, le visage de l'homme que Malefoy pourrait devenir. Le prisonnier d'Azkaban, s'il est toujours là, s'efface peu à peu. Malefoy parait plus libre. Plus accompli. Un homme à part entière. Pas totalement guéri, mais en bonne voie pour l'être. Hermione, est-ce toi qui a fait cela... ?

Harry a soudain l'impression d'avoir le cœur au bord des lèvres. Malefoy n'a pas dit un mot, et déjà la culpabilité lui donne envie de vomir. C'est lui qui a donné rendez-vous à Malefoy dans cette cave sordide. C'est lui qui l'a attiré ici, pour la seconde fois. Et c'est lui qui va le conduire dans les ténèbres, pour la seconde fois. Est-ce vraiment la solution ? Est-ce vraiment cela qui va se produire ? Harry vient-il de détruire sans réfléchir tous les efforts qu'Hermione a déployés ?

La jalousie l'étreint, sans qu'il s'autorise à y laisser libre cours. Il ne le mérite pas. Il voudrait se jeter à genoux et supplier qu'on lui pardonne...

- Où sont-ils ? demande soudain Malefoy.

Sa voix a claqué comme un fouet. Harry manque de sursauter et d'éclater en sanglots. Il tâche de reprendre son emprise sur lui-même, de se rappeler les raisons de ses actes :

- Ils ne sont pas ici, articule-t-il finalement.

Malefoy ne lui accorde rien de plus qu'un regard d'impatience. Harry sent que sa présence le révulse au plus haut point et qu'il veut en finir au plus vite, en passant le moins de temps possible dans la même pièce que lui. Sortant sa baguette, Malefoy le contourne et entreprend de fouiller les différentes pièces du sous-sol. Les tables de pierre où s'est accompli le rituel sont toujours là. Malefoy passe devant sans parvenir à dissimuler un tremblement.

Immobile, en silence, Harry attend, mortifié. Il n'ose pas bouger, à peine ose-t-il respirer. Il se sent à peine le droit de vivre. Son cœur bat à ses oreilles, et plus que jamais, il lutte pour se rappeler quelle attitude adopter, pourquoi il a fait ce qu'il a fait, et ce qu'il espère obtenir de tout ceci.

Au bout de quelques minutes, Malefoy doit se rendre à l'évidence. Harry le voit fondre sur lui et lève les mains en signe de défense :

- Où sont-ils ?! hurle Malefoy en le plaquant contre le mur de pierre. Où sont-ils ?!

- Je... Je t'ai dit qu'ils n'étaient pas ici, balbutie tant bien que mal Harry. Baisse cette baguette : tu sais qu'aucun sortilège de torture ne me fera parler.

Malefoy le fixe de longues secondes sans rien dire, les traits figés dans une fureur contenue, froide, terrible. Harry peut sentir toute la force de sa poigne s'enfoncer dans sa chair. Au bout d'un moment, Malefoy le relâche comme s'il avait affaire à une chose particulièrement répugnante et recule :

- Je n'arrive pas à y croire, crache-t-il avec un rictus. Tu comptes me faire du chantage contre Manz et Lensher. Tu comptes me faire du chantage pour ça ! Alors vas-y, Potter ! Dis-moi ce que tu veux !

Harry secoue la tête, abasourdi par le choc :

- Non, non ! se défend-t-il. Jamais je ne...

Sachant qu'il ne s'en sortira pas ainsi, il se soustrait un instant à ce regard de glace qui l'accuse, et prend le temps de rassembler ses pensées :

- Je savais que nous n'aurions aucune chance de parler si je te les livrai tout de suite.

- Alors c'est ça que tu veux ? répond Malefoy. Tu veux parler ?

- Je voulais te dire que j'ai fait ça pour toi ! Je me suis emparé d'eux pour toi !

- Et je devrais me montrer reconnaissant, c'est ça ?!

Le dégoût, la rage qu'Harry perçoit dans la répartie de Malefoy l'atteignent en plein cœur :

- Je t'ai sauvé la vie..., murmure-t-il. Et je te les livre. Parce que je sais que c'est ce que tu veux. Parce que je veux que tu ailles bien. Parce que je ne veux pas que tu me vois comme ton ennemi...

Inspirant à fond, Malefoy s'approche soudain de lui, ses yeux limpides réduits à deux fentes :

- Ecoute-moi bien, Potter, souffle-t-il. Rien ne pourra effacer ce que tu m'as fait, tu m'entends ? Rien. Tu peux être fier de toi : tu as créé un monstre. Si tu ne détenais pas ce que je veux, je n'aurais aucun remords à te tuer sur le champ. Et sans baguette.

Harry sent malgré lui ses yeux se remplir de larmes :

- Dis-moi juste que tu vas bien..., implore-t-il. Je t'en supplie, il faut que tu ailles bien... Il faut que tu me pardonnes... Que tu me dises que tu pourras aller mieux un jour... Qu'il pourra y avoir une nouvelle chance entre nous, que je ne suis pas condamné à être haï par toi...

Le visage de Malefoy perd soudain toute expression. Au fond de ses yeux, Harry pourrait presque y voir de la pitié :

- Tu me demandes quelque chose que je ne peux pas te donner, répond Malefoy très calmement, et sans plus aucune nuance de haine. Jamais je ne te pardonnerai. C'est impossible.

- Même pas en échange de Manz et Lensher ? demande Harry.

Ce faisant, il a conscience de se livrer au chantage même qu'il s'était défendu de pratiquer. Mais Malefoy ne relève pas. Son regard s'assombrit, se charge d'une fureur et d'un chagrin terribles. C'est son tour de reculer contre le mur, et il reste là sans bouger, les yeux fixés au sol, comme incapable de parler. Placé face à un dilemme terrible, un dilemme d'honneur. Harry voit sa souffrance, et il revoit sa souffrance lors du rituel. Il revoit sa souffrance dans ses cauchemars, et à son réveil dans la chambre d'ami. Il voit sa souffrance à l'instant même, et il réalise qu'il en est à l'origine. A cet instant, son dégoût pour lui-même devient si intense qu'il s'enfonce les ongles dans la chair de ses paumes. La douleur ne le soulage pas. Il voit cet être qui a déjà tant souffert et qui souffre encore, à cause de lui. Et lui est tout simplement trop lâche pour lui donner ce qu'il veut et le laisser partir. Parce qu'il a peur de le perdre...

Il ne supporte plus de le voir ainsi. Doucement, comme dans un rêve, il se rapproche en tendant la main vers lui. Il procède à pas très lents, circonspect, comme un enfant qui craint à tout instant de se faire corriger. Malefoy ne réagit pas. Il ne réagit pas non plus lorsqu'Harry finit par lui presser l'épaule. Jusqu'à ce que soudain, comme une décision qu'il aurait prise, Malefoy relève la tête et plante ses yeux dans les siens.

Ce contact crucifie Harry sur place. L'espace d'une seconde, il n'ose plus faire le moindre geste. Les grands yeux gris de Malefoy le dévisagent, ouverts, avec une sorte d'abandon total. Comme si Malefoy avait renoncé à tous ses murs pour brusquement regarder son ennemi bien en face, et lui laisser voir au fond de lui-même. Et ce qu'Harry voit est d'une terrible beauté. L'éclat très pâle des iris est souligné par des pleurs qui ne couleront jamais. Malefoy ne le permettra pas. Pourtant, une larme rebelle se fraye un chemin au bord des cils et coule en un battement de paupière. Sans réfléchir, Harry l'essuie doucement. Il n'a pas conscience d'avoir effleuré le visage de Malefoy en ce faisant. Il n'a pas conscience de s'approcher de plus en plus, de cet homme qu'il aime et qu'il craint tant, qui pourrait le tuer d'une seconde à l'autre, jusqu'à poser ses lèvres sur les siennes.

Malefoy ne réagit pas. Harry recule presqu'aussitôt, stupéfait par son propre geste. Son premier réflexe lui commande de fuir, mais il se retient, se force à croiser le regard qu'il redoute tellement. Malefoy ne lui oppose que ses yeux grands ouverts, francs, sans barrière. Un regard terrifiant en soi, par ce qu'il a de pénétrant. L'espace d'un instant, il y flotte comme une vague d'interrogation, puis de dégoût, puis de résignation, puis plus rien. Ce regard ne le quitte pas, ne le juge pas, ne dit rien. Il l'aspire tout simplement. Il semble avoir accepté quelque chose qu'Harry n'est pas encore en mesure de comprendre.

Bercé par cette incompréhension, Harry reste sans rien faire, ne comprenant pas pourquoi les neuf cercles de l'Enfer ne se sont pas déjà abattus sur lui, pourquoi Malefoy reste aussi passif et pourquoi il ne l'incendie pas de toute sa colère. Il réalise soudain que malgré les apparences de guérison, il y a du désespoir dans l'homme en face de lui, et à nouveau, cela lui est insupportable. Il donnerait tout pour qu'il le laisse l'aider. Pour qu'il le laisse l'aider à aller mieux. Pour qu'il le laisse le serrer dans ses bras, le consoler, et l'embrasser comme il vient de le faire.

Harry embrasse Malefoy à nouveau. La première fois n'était peut-être qu'un rêve, il a besoin d'être sûr... Il l'embrasse, et il lui semble que doucement, imperceptiblement, Malefoy a répondu à son baiser. Ce n'était qu'un vague mouvement des lèvres, rien de plus. Mais cela suffit pour qu'Harry le dévisage cette fois avec le plus extrême étonnement. Ce n'est pas logique. Pourquoi réagit-il ainsi ? Il ne devrait pas...

Malefoy fronce soudain les sourcils, comme en proie à une résolution terrible, puis il plaque sur les lèvres d'Harry un baiser mortellement sérieux. Harry manque presque reculer de surprise, tant la situation lui semble irréaliste. Il sent l'odeur de Malefoy, son corps pressé contre le sien, ses mains qui le retiennent de s'éloigner, et sa bouche contre la sienne, chaude et résolue. Il n'est plus passif cette fois : c'est une invitation, qui jette Harry dans une confusion sans nom. Jamais, dans tous les scénarios les plus fous qu'il a imaginés, les choses ne prenaient une telle tournure.

Pourtant, malgré l'égarement de son esprit, Harry reste réceptif à la présence de celui qu'il aime de toutes les fibres de son corps. En dépit de sa raison qui lui hurle l'incompréhension et le danger, il est dans l'incapacité totale de résister plus longtemps : pas quand Malefoy l'embrasse d'un baiser passionné, dur, ardent. Il lui rend son baiser : l'enlace de toutes ses forces et mêle sa langue à la sienne. Il veut descendre ses mains, les promener sur ce corps qu'il a tellement vu souffrir, mais Malefoy semble soudain saisi d'un frisson et l'écarte. A gestes vifs, saccadés, le souffle court, il défait la ceinture de son pantalon sans le regarder et se retourne.

- Qu'est-ce que tu fais ? s'exclame Harry, totalement stupéfait.

Malefoy avale sa salive, visiblement incapable de réguler sa respiration :

- C'est ce que tu veux, non ? dit-il en le fuyant toujours. Alors finissons-en vite.

Harry a la sensation de se prendre un coup de massue en plein ventre. En l'espace d'une seconde, les conséquences de ce que Malefoy vient de dire lui tombent dessus et manquent de le faire vomir.

- Qu'est-ce que tu dis ? balbutie-t-il.

Malefoy se tourne à nouveau vers lui avec impatience :

- C'est ce que tu as toujours voulu, je me trompe ? Alors prends ce que tu veux. Mais ensuite, tu m'emmènes à Manz et Lensher.

Harry recule. Il manque de s'effondrer contre le bureau derrière lui. Tout ce qu'il a vu passer dans les yeux de Malefoy... L'hésitation, la fuite, puis une décision, une forme de résolution, de résignation, une calme acceptation... Alors c'est ainsi qu'il le juge ? Malefoy a cru qu'il voulait marchander Manz et Lensher contre... contre quoi ? Malefoy est réellement prêt à aller jusque-là pour obtenir sa vengeance ?

Les implications d'un tel acte résonnent d'autant plus fort pour Harry car il connait le passé de Malefoy. S'offrir à lui alors qu'il a déjà été abusé tellement de fois... Harry a définitivement envie de vomir. Ce n'est pas l'attitude de Malefoy qui le dégoûte : c'est encore et toujours lui-même. Les retranchements dans lesquels il a poussé le Serpentard... Une fois encore, il est rattrapé par les conséquences fracassantes de ses actes. Et comme un idiot, il n'a rien vu venir. Comment a-t-il pu croire une seule seconde que Malefoy le désirait réellement ?

Ce constat serre un peu plus le cœur d'Harry, car il réalise qu'entre se prostituer pour obtenir sa vengeance, ou renoncer, Malefoy a choisi sa vengeance. Il a choisi sa vengeance pour Jude, quitte à coucher avec son pire ennemi, quitte à se livrer au plus horrible des marchandages...

- Ce n'est pas ce que je veux..., articule péniblement Harry une fois remis du choc.

Le mal-être fait place à l'incompréhension à présent :

- Comment as-tu pu croire une seule seconde que c'était ce que je voulais ?

La monstruosité de l'acte lui fait monter les larmes aux yeux :

- Ce n'est pas comme ça que je te veux, déclare-t-il, s'efforçant de ne pas détourner le regard à l'évocation de son désir. Tu entends ? Jamais.

A l'autre bout de la pièce, Malefoy observe sa réaction, circonspect. Ses deux poings sont crispés et il s'essuie les lèvres du revers de la paume d'un geste tremblant :

- Qu'est-ce que tu veux alors ? demande-t-il en désespoir de cause.

C'est seulement à cet instant qu'Harry réalise tout le désespoir de cet homme. Tout le chagrin et le deuil qu'il porte, et qui le possèdent, quitte à le priver de sa dignité, de son intégrité, de ses choix. Malefoy est prêt à n'importe quoi pour retrouver Manz et Lensher. Et en arrivant ici, dans cette cave vide, devant le refus d'Harry... Il a cru qu'Harry ne lui donnerait jamais ce qu'il voudrait. Il a cru qu'il ne cèderait pas. Il a cru devoir prendre sur lui et utiliser son dernier recours... Il a cru qu'Harry ne désirait que sa chair, comme un vulgaire morceau de viande...

C'est cette pensée, parmi toutes les autres, qui brise le cœur d'Harry. Laissant libre cours à ses larmes, il supplie humblement :

- Je voudrais seulement que tu reconnaisses mon amour pour toi, énonce-t-il. A chaque fois que je t'en parle, tu te détournes, tu t'en moques ou tu le dénigres. Rien que ta réaction à l'instant le prouve. Mais je sais ce que je ressens ! Je n'éprouve pas... qu'une simple attirance physique pour toi, et encore moins une passade ! Je t'aime ! Je le sais, je le sens, dans toutes les fibres de mon corps ! Il fallait bien de l'amour pour agir comme je l'ai fait, non ? Et ne dis pas que je ne te connais pas : je t'aime parce que tu es à la fois l'homme le plus courageux, le plus fort, le plus vulnérable, et oui le plus désirable, c'est vrai, que j'ai jamais rencontré ! Personne ne mérite le bonheur et la rédemption plus que toi ! J'aime tout cela en toi ! Ton intelligence, ta droiture, et même ta résolution contre moi !

Harry termine, alors que sa voix se brise :

- Je t'aime, et je veux que tu le reconnaisses... Cesse de prétendre que je suis amoureux d'une chimère...

Malefoy le dévisage, toujours tremblant. Visiblement saisi par son discours. Au bout d'un moment, peinant toujours à reprendre son souffle, il articule simplement :

- Très bien...

Et il hoche la tête, en guise de consentement. Mais le regard qu'Harry et lui échangent à cet instant vaut tous les regards du monde. Pour la première fois, Harry a l'impression d'avoir touché Malefoy. De s'être connecté à lui, aussi brièvement que ce fut. Pour la première, ils ont partagé quelque chose, et Harry ressent déjà la brûlure de ce contact.

Mais sous ses yeux, Malefoy se décompose soudain : sa façade éclate, et ses tremblements deviennent incontrôlables. Harry remarque son teint devenu livide et ses traits tirés. En dix secondes, Malefoy semble avoir perdu tout le progrès qu'il a gagné :

- Je ne me sens pas bien..., murmure-t-il.

Harry accourt pour le soutenir, mais il s'écarte de lui comme de la peste et se précipite dans la pièce voisine munie d'un évier, où il vomit sans pouvoir contenir les spasmes qui l'agitent.

Harry reste sans voix, les bras ballants, plus mortifié que jamais. Avoir sous les yeux la manifestation physique de ce qu'il inspire à Malefoy lui fait mal au-delà de toute imagination. Mais encore une fois, c'est l'horreur de ce qu'il lui a infligé qui le rattrape. Un contact forcé. Mais plus que ça : le contraindre à s'abandonner lui-même. Harry réalise que pendant tout ce temps où ils se sont observés et embrassés, Malefoy a contenu ce malaise intérieur qui se déverse hors de lui désormais, et Harry comprend pourquoi : qu'est-ce que cela a donc pu coûter à un homme tel que lui, un homme qui s'est fait violé et qui a subi tant de sévices, de s'offrir ainsi à un adversaire qui le révulse ?

Plus que jamais, Harry est malade de lui-même. Cet instant de compréhension qu'il a partagé avec Malefoy lui semble désormais souillé, car il ne le mérite pas. Renonçant à empoigner Malefoy pour l'aider, il se contente de lui tendre un verre d'eau :

- Allez viens, dit-il après qu'il l'ait accepté. Je t'emmène à Manz et Lensher.

Il attend que Malefoy ait un peu récupéré pour lui tendre le bras, lui signifiant qu'il faudra un contact physique pour transplaner. Après une brève hésitation, Malefoy s'approche de lui et lui serre le poignet.

XXX

Ils atterrissent dans une petite pièce encombrée que Malefoy reconnait aussitôt. C'est l'arrière-boutique de « Chez Constantine ». La boutique n'a toujours pas été liquidée, et des bruits de pas se font aussitôt entendre depuis l'entrée, révélant la bande de jeunes voleurs que Malefoy a pris sous son aile :

- Chef ! s'exclame son second en se précipitant vers lui. Vous êtes revenu !

Abasourdi, Malefoy finit par lui offrir une poignée de main. Le garçon rayonne de son sourire édenté :

- Vous allez bien ? demande-t-il en voyant le teint cireux de son mentor. On s'est fait du souci pour vous.

- Tout va bien, Jack, articule Malefoy d'une voix plus lasse qu'il ne l'aurait voulue.

- Les deux salopards sont ici, déclare Jack avec un sérieux rempli de fierté. Potter...

Apercevant l'Auror dans un coin de la pièce, il se reprend :

- Monsieur Potter a dit que vous viendriez pour eux.

Malefoy hoche la tête. En silence, Harry lui indique la trappe et les escaliers qui descendent aux réserves :

- Restez là-haut, dit-il à l'intention des jeunes.

Il suit Malefoy et referme la trappe sur eux. Manz et Lensher sont là. Ligotés à même le sol, incapables de bouger, mais bien conscients. Malefoy voit l'éclat de surprise, de fureur et de terreur pure dans leur regard, lorsqu'ils le reconnaissent.

Harry se recule humblement :

- Tu veux que je te laisse seul ? demande-t-il.

Malefoy hoche la tête. Harry ne demande pas son reste et s'en va. Alors seulement, Malefoy s'agenouille auprès des deux prisonniers. Il sort sa baguette quelques secondes, joue avec elle, la range.

- Cela fait longtemps que je veux vous voir, dit-il à l'adresse des deux hommes.

Ces derniers ne contiennent plus leurs tremblements à présent. Manz a l'air plus combattif : il y a de la colère dans ses yeux écarquillés comme un fou, mais Lensher lui s'est pissé dessus. Malefoy a un rictus de mépris. D'un geste vif, il défait le bâillon des deux hommes :

- Si tu dois nous tuer, fais-le tout de suite, crache Manz comme si son sort lui était égal.

Drago va vite se charger de corriger cela. Il sourit :

- Si tu t'imagines que je vais te tuer vite, tu te trompes. Je vais t'infliger tout ce que tu as fait subir à Jude. Et plus encore.

En disant cela, il dégaine la paire de stylets qu'il a pris soin d'apporter avec lui. Il prend plaisir à jouer un instant avec le reflet des lames.

- Sauf le viol, complète-t-il d'un air nonchalant. Parce que rien ne m'abaissera jamais à votre niveau, espèces d'ordure.

Pour la première fois, le dégoût et la haine totale qu'il ressent font surface :

- En revanche, je peux vous assurer que vous allez regretter d'être nés.

Et sans un mot de plus, Malefoy se penche et tranche l'oreille de Lensher.

XXX

Plusieurs heures s'écoulent. Le plancher de l'arrière-boutique ne suffit pas à étouffer les cris, mais personne ne dit rien. Les jeunes s'entreregardent avec indifférence, jetant de temps à autre des regards curieux vers Harry. Tous ici sont des hommes de violence. Tous ici ont appris à ne plus s'émouvoir de quelques hurlements, si bestiaux soient-ils.

Au bout de ces quelques heures, Malefoy contemple enfin ses ennemis mourir lentement sous ses yeux. Tout au long de la journée, il les a amputés, écorchés et mutilés pour les guérir juste après, et recommencer. Les bourreaux d'Azkaban ont été d'excellents maîtres en la matière. Cette fois encore, il hésite. Manz pourra-t-il survivre encore un peu s'il lui fait repousser la peau du visage ? Lensher trouvera-t-il encore assez de forces en lui pour supplier lorsqu'il lui arrachera les ongles pour la troisième fois ?

Il y a quelque chose de jouissif dans la répétition, la torture pour la simple torture, sans questions, sans exigences, insensible aux suppliques. Durant la journée entière où Drago s'est adonné à sa vengeance, pas une seconde la morale de ses actes ne lui est parvenue en tête. Il est de retour à Azkaban, au fond de cette réserve. Il a abandonné sa morale là-bas il y a bien longtemps. Depuis la mort de son père et le meurtre de Monroe, Drago se sait capable de choses que l'on peut à peine murmurer. Des choses qui glaceraient Hermione d'effroi s'il venait à les lui avouer dans le creux de son étreinte. Mais il n'en a rien à faire. Malefoy a accepté cette part d'ombre en lui : il en a conscience et il le sait. Il sait qu'elle l'a aidé à survivre. Elle a fait de lui un homme suffisamment dur pour inspirer respect et terreur à ses camarades criminels. Et aujourd'hui, elle prend la vie de ceux qui lui ont fait du mal, à lui et à l'innocent qu'il aimait, sans morale ni remords.

Une seule pensée arrête Drago l'espace d'une seconde : c'est le vide que Potter a créé en lui. Plus que jamais aujourd'hui, Drago a la sensation que ce vide soutient cette part d'ombre qui le compose. Pire même : qu'elle la nourrit.

Avec un haussement d'épaules, Drago achève sa tâche sinistre : il tranche l'entrejambe des deux hommes et les laissent se vider de leur sang. Ils sont déjà trop amorphes pour réagir : tout juste sont-ils pris de quelques convulsions avant de rendre leur dernier soupir.

Drago soupire à son tour. Il ne se sent pas mieux, mais cela, il s'y attendait. La vengeance n'a jamais été une question de bien-être. Il l'a fait pour Jude. Pas pour lui. Pour lui, il n'y a plus de retour possible.

Tandis qu'il tourne le dos au carnage et qu'il remonte l'escalier, Drago retrouve la lumière du jour. Il a conscience, au poids de l'obscurité qu'il abandonne, qu'il a franchi une limite aujourd'hui. Il pense soudain à Hermione. S'il a un jour eu le moindre espoir de changer de chemin vers la lumière, il vient de le laisser tomber, il le sait. Il y a trop d'abyme en lui désormais. Quelque part, cela le rend triste. Mais il est trop étourdi pour le ressentir.

Potter et les jeunes l'accueillent dans un silence religieux. Le second – Jack – saute aussitôt sur ses pieds et s'exclame avec son enthousiasme habituel :

- Qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse des corps, chefs ?

Drago frotte ses mains ensanglantées l'une contre l'autre, éliminant des particules séchées :

- Abandonnez-les en pleine rue, ordonne-t-il simplement. Et placez-leur un écriteau autour du cou, qui indique « Violeurs et Assassins ». Que tout le monde sache ce qu'ils ont fait.

- Ça risque de mettre les Aurors sur ta piste, objecte Potter.

Malefoy secoue la tête :

- Aucune importance. Ça devrait t'arranger de toute façon, non ? Tu as pris le risque de t'incriminer en les emmenant. Je te décharge d'éventuels soupçons.

Potter fait mine de protester, mais Jack lui coupe la parole :

- Ça ne va pas plaire à Zabini, sourit-il, visiblement ravi. Manz et Lensher travaillaient pour lui avant de se faire coffrer.

Drago lui retourne un sourire froid mais intéressé :

- Blaise s'en est sorti ? s'amuse-t-il. Encore mieux.

Potter fronce les sourcils :

- Je ne suis pas persuadé que tu veuilles te lancer dans une guerre civile avec Zabini, dit-il, méfiant. Il prendra ces corps comme une attaque personnelle.

Drago hausse les épaules :

- Vis avec le monstre que tu as créé, Potter.

Potter ne répond rien. Il regarde Drago nettoyer ses stylets et ses mains, puis, au bout d'un moment, se décide à lui montrer quelque chose :

- Il y a autre chose que je me suis procuré pour toi, dit-il doucement, comme on s'adresse à un animal particulièrement dangereux.

Où est passé l'homme vulnérable et tremblant d'il y a à peine quelques heures ? Harry ne reconnait pas ce Malefoy-là. Il est résolu, déterminé et... vide. C'est le Malefoy d'Azkaban.

Tournant son regard vers lui, Malefoy le suit jusque dans l'arrière-boutique. Là, Harry dévoile une forme noire posée sur l'un des plans de travail, dissimulée sous un drap.

Drago comprend immédiatement ce que c'est. Aucun des jeunes ne l'a suivi. Harry lui-même se retire légèrement. Délicatement, Drago dévoile le tissu, révélant un petit cercueil fait de simples planches en sapin.

- J'ai fait les démarches auprès de la prison, explique Potter. Je me suis dit que tu aimerais le savoir en dehors de cet endroit. Et qu'on pourrait lui donner une sépulture décente... quand tu serais prêt.

Malefoy ne répond rien. Cherchant la rainure du bout des doigts, il tente de déclouer le couvercle.

- Je ne ferais pas ça si j'étais toi, intervient Harry. Il a été enterré il y a plusieurs semaines...

- Je veux le voir.

- Ce n'est sans doute pas l'image que tu devrais garder de lui...

- Je veux le voir.

Harry ne dit plus rien. Il quitte la pièce, une terrible morsure à l'âme. Drago reste seul avec le cercueil. Seul avec cette chose qui accélère les battements de son cœur, qui le terrifie et qu'il sait qu'il doit voir malgré tout. Il sort sa baguette et éclate doucement les clous qui retiennent le couvercle. Aussitôt, une vague de poussière terreuse et de puanteur envahissent la pièce. Drago fronce le nez. Azkaban a endurci ses sens. Les mains tremblantes, il fait basculer le couvercle et découvre ce qu'il contient.

Une éternité semble passer dans chaque seconde. Drago a la sensation que le temps s'est suspendu. Il est prisonnier en Enfer, condamné à visualiser la même scène d'horreur, encore et encore...

Jude n'a plus d'humain que le nom. Ce que les coups mortels ne lui avaient pas déjà volé, les vers le lui ont pris. Son visage méconnaissable a noirci, gonflé, puis éclaté sous le poids des larves, laissant deviner l'éclat discret des os, sous la chair en putréfaction... Les mains, seul autre élément visible du corps, semblent épargnées par la vermine, mais détruites de s'être protégées. Jude a visiblement frappé et griffé pour se défendre. En vain. Tous ses ongles sont cassés. Les effleurant timidement du bout des doigts, Drago songe aux ongles de Lensher.

Il pleure en silence. Il aurait voulu qu'il reste encore quelque chose à embrasser, à aimer dans ce cercueil. Mais il ne reste plus rien. Jude est à un millier de kilomètres de cette chair malmenée. Seules quelques mèches de cheveux blonds brillent encore d'une lueur innocente sous les rayons du Soleil. Drago s'y raccroche. Ressortant l'une de ses lames, il tranche l'une des mèches, la lisse, et la glisse dans la poche intérieure de sa chemise. S'il doit y avoir une lumière dans sa vie, ce sera celle-ci. La lumière qu'il a perdue. Toutes les autres lui semblent désormais incapables de l'atteindre...

Se redressant enfin, Drago replace respectueusement le couvercle sur le cercueil. Il retourne dans la pièce principale. Son regard croise celui de Potter, et malgré lui, il ne peut retenir un élan de reconnaissance sincère, cette fois. Potter a sans doute accompli le seul acte sur Terre susceptible de trouver grâce à ses yeux. Pour cela, il peut bien tolérer sa présence :

- Jude a toujours détesté les endroits confinés, déclare-t-il d'une voix tremblante. Il n'aurait pas voulu être inhumé sous terre. Nous le brûlerons.

Tous les jeunes acquiescent silencieusement. Déterminé, le regard froid soudain, Drago se tourne vers Harry :

- J'ai connu un garçon qui m'aimait, Potter, déclare-t-il. Et il en est mort.

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