Prologues

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C'est sous la brume humide du début de l'automne que je rencontrais Dara. Ou plutôt devrais-je dire qu'elle me trouva car ainsi que je l’appris par la suite elle me cherchait depuis longtemps.

***

Je m'étais réveillé bien avant l'aube et ne pouvant plus dormir, je décidai d'aller me promener dans les bois de Aden. Aden était le nom du seigneur de notre de petite ville isolée dans le comté de Folk en Edonie. J'allais dans ces bois régulièrement, en fait dès que je pouvais échapper à la surveillance de la cuisinière du château.

Une fois entré dans le bois, je sentais toujours une grande paix se faire dans mon cœur et invariablement je me dirigeais vers mon trône, un rocher qui me donnait toujours l'impression d'être très spécial, de marquer un trésor en quelque sorte. Bien souvent j'avais tenté de le soulever pour voir s'il n'y en avait pas un dessous mais le rocher était bien évidemment trop lourd. Assis sur mon rocher je pouvais passer des heures entières, à suivre la vie des animaux du lieu, à la risée de tous les domestiques du château qui me traitaient tous de fou. Néanmoins grâce à cette réputation je pouvais me permettre presque tout…

Sauf avec la cuisinière…

Cela faisait maintenant 4 ans que j'étais entré au service du seigneur Aden comme garçon de cuisine. Cette espèce de vieille sorcière passait son temps à m'épier, dès que j'avais une minute de repos elle m'envoyait chercher quelque chose, si possible à l'autre bout du château ou elle me faisait récurer les casseroles en plein hiver à l'eau froide. Mais il faut admettre que je n'étais pas le seul dans ce cas, tous les marmitons étaient terrorisés, tyrannisés… Elle prenait un malin plaisir à laisser traîner des louches bouillantes sur la table pour éclater de rire au moment où l'un de nous la heurtait et se mettait à glapir de douleur. J'en garde un horrible souvenir.

D'ailleurs mon seul souvenir agréable datant de cette période consiste en ces heures que je passais dans les bois à jouer avec les écureuils et les lapins.

Mais ce jour-là il n'y avait ni lapin, ni écureuil pour m'accueillir à mon arrivée au rocher. Pourtant la forêt me paraissait pleine de bruissements, de mouvements furtifs. Elle ne ressemblait pas tout à fait à la paisible forêt de Aden. En fait au fur et à mesure que je m'approchais de mon trône la brume semblait plus épaisse.

Quelques minutes après m'être assis, le brouillard s'entrouvrit - c'est à dire qu'en fait, on aurait dit un rideau qu'on aurait soulevé mais c'est assez difficile à décrire - et Dara apparut.

Dara est une jeune fille mais il est difficile de lui donner un âge, autour de 16 ans vraisemblablement mais avec dans les yeux une sagesse immémoriale assez inhabituelle à cet âge… Tout du moins c'est ainsi que j'en jugeais quand elle se fut suffisamment approchée de moi car au prime abord je ne vis qu'une fine silhouette vêtue de vert et de rouille, et n'eussent été ses mouvements elle se serait fondue dans la forêt embrumée. De prés elle avait quelque chose qui retenait mon regard, elle m'apparaissait comme familière, comme si je la connaissais sans l'avoir jamais vu…

Elle vint s'asseoir à mes cotés. Je me rappelle que cela m'avait surpris au vu de l'étroitesse de mon rocher qui m'avait toujours semblait parfaitement adapté à ma taille, or maintenant nous y tenions parfaitement à deux.

Elle avait un visage fin sans être dur, au contraire il émanait d'elle une impression de douceur, ses yeux verts mordorés, chaleureux, ses cheveux châtains luisaient doucement. Elle était presque aussi grande que moi, ce qui me surprit car au château je dépassais toutes les filles de 1 bonne tête du haut de mes 1m75 et même plusieurs hommes. Les Edoniens ne sont pas bien grands.

Elle me laissa là détailler en silence, d'autant qu'elle faisait de même. à 16 ans, j'avais déjà ma taille adulte : je n'étais pas très large, plutôt tout en finesse mais quelques-uns uns des serviteurs, qui se sentaient si supérieurs de servir le seigneur en personne, avaient eu l'occasion de se rendre compte que ma minceur n'empêchait pas mes poings de frapper à toute vitesse… J'avais de longs cheveux blonds que je portais à l'époque en queue de cheval, mes yeux bleus n'en ressortaient que plus. On m'a souvent décrit à l'époque comme ayant le menton belliqueux, je préfère dire qu'il est volontaire.

Après quelques minutes de silence, Dara commença à parler : elle avait une voix douce avec des accents mélodieux qui ne correspondaient à aucune région de ma connaissance. Elle me raconta son histoire et c'est celle-ci qu'à mon tour je vais vous conter :

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