La fin de la téloche (1)

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Une vieille Audi A4 rouge s’est arrêtée à ma hauteur. La porte arrière s’est ouverte brusquement et une voix d’homme a rugi : « Montez monsieur Covache ! ». Je me suis exécuté docilement. Aussitôt à l’intérieur de la voiture, l’homme assis à côté de moi m’a attaché un bandeau au visage. J’ai eu à peine le temps de voir ceux qui m’entouraient.

- Désolé, monsieur Covache, a fait une voix de femme à l’avant. Mais nous devons prendre nos précautions.

J’ai hoché de la tête silencieusement, signe que je comprenais. Après tout, c’était moi qui les avais contactés. J’étais donc prêt à me soumettre à leurs exigences… Enfin je l’espérais…

La voiture a roulé pendant au moins une heure. Mes trois « accompagnateurs » ont à peine échangé. Au début, une « journaliste » à la radio débitait les nouvelles habituelles : les dernières vagues de licenciements, les suicides, les manifestations isolées très vite réprimées… mais la femme à l’avant a demandé au conducteur de changer. Une ébauche de discussion s’en est suivie : le conducteur a protesté sans trop de conviction et la femme a argué qu’elle en avait marre d’entendre toujours les mêmes conneries et que ça la déprimait.

- Oh, tu fais chier ! a grogné le type en appuyant sur une touche pour changer de station radio.

À côté de moi, le type a ricané puis il s’est allumé une cigarette demandant après coup s’il pouvait le faire. Les deux autres ont répondu affirmativement du bout des lèvres. Je crois que c’est tout. Ah non, un peu plus tard, tout en klaxonnant, le conducteur a gueulé contre un véhicule qui n’avançait pas devant lui. La femme lui a demandé de se calmer mais il lui a répondu qu’elle n’avait rien à lui dire et qu’elle devait être contente maintenant qu’il avait changé de station radio.

Après quelques manœuvres laborieuses, le moteur du véhicule s’est enfin tu. La femme à l’avant est sortie la première, m’ouvrant la portière.

- Faites attention à ne pas vous cogner la tête, monsieur Covache, a-t-elle murmuré en saisissant mon avant-bras.

Je l’ai remerciée d’une voix si basse qu’elle n’a rien entendu. Le bruit d’une allumette qu’on grattait s’est fait entendre. Mon voisin de banquette s’allumait une deuxième clope.

Nous avons descendu des escaliers puis marché pendant un long moment (du moins, il me semble. Notre notion du temps est perturbée lorsque la vue nous est soudainement ôtée). Les bruits de nos pas résonnaient très forts. Nous devions être dans un endroit très spacieux. Un parking souterrain par exemple. La main de la femme me tenait toujours le bras me guidant délicatement. Je ne pensais à rien de particulier. J’avais l’esprit comme anesthésié. Le reste aussi d’ailleurs.

- C’est bon, monsieur Covache, a dit un des types. Nous sommes arrivés.

Très doucement, la femme m’a dirigé pour que je m’asseye. Je me suis laissé faire, totalement confiant. Puis elle a retiré mon bandeau.

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