9 - Bois

Une minute de lecture

Il y a comme une petite musique mystérieuse qui résonne au fond de ma tête. Je sais qu’elle n’est pas réellement là, mais je la ressens complètement.

Un pas après l’autre, un avant l’autre. En avant. Mes pas craquent sur le sol.

Cette mélodie a ce côté triste et effacé. Si discrète que l’on pourrait ne pas la percevoir. Et en même temps, lorsqu’elle a atteint nos tympans, elle engloutit l’espace, entièrement. De sa force tranquille. De sa force désolée.

Les branches basses des arbrisseaux fouettent mes jambes. Certains jours, elles paraissent frôler. A ce moment, l’émotion est différente. Plus puissante.

C’est un sentiment étrange, auquel je n’ai pas l’impression d’appartenir, et qui pourtant m’envahit comme si jamais il n’avait été dissociable de moi.

Quelque chose dans ce lieu irradie de cette sensation. Les notes arrivent à mes oreilles, en petites cascades complexes. Des minuscules cascades, instables et éphémères.

Je les suis, je les poursuis, alors que de plus en plus, elles semblent s’enfuir. Loin, toujours plus loin.

Mélancoliques, elles donnent l’envie triste de s’abandonner, s’isoler et s’égarer, quelque part au milieu de leur monde. Mystérieuses et incompréhensibles, elles nous poussent à avancer, toujours les rattraper.

Cet univers veut-t-il que je me perde ? Complètement ?

Toujours un pied devant l’autre. Je continue, sans savoir plus qu’il y a quelques secondes pourquoi je le fait.

Les arbres se mélangent. Tous ressemblants. Tous différents. A chaque pas, le chemin semble se complexifier. Les courbes sont moins rondes. Plus abruptes. Plus franches.

J’abandonne le sens.

Je suis le chemin.

Celui que l’instinct m’indique comme mien.

Il semble étranger, triste, difficile, plus je m’y engage. Toujours plus. De cette force, qu’on aimerait écouter, et s’enfuir, loin. Et pourtant, quelque part, tout au fond de moi, quelque chose sait que ce n’est pas le mauvais choix.

Un pas, puis un autre.

Un pas.

Toujours plus près de la grotte sombre où tout finit. Et pourtant, tout autant près de la clairière baignée de lumière.

Tout est à accomplir.

Un pas.

Tout commence là.

Un pas.

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