16 - Plâtre
Ma main parcourt le mur. Mes doigts, chaque millimètre de ma peau ressent ses aspérités. Chaque relief, chaque petite bosse. C’est sûrement du plâtre, quoi que je n’en ai absolument aucune idée. Chaque renfoncement me fait penser à autre chose. Un oiseau, prenant son envol dans une étendue blanche de nuages persistants. Un autre, planant, à l’infini, comme au-dessus d’une étendue gelée- Les détails s’estompent, à droite comme à gauche, dans un presque monochrome. Il y a tant à dire sur presque rien. L’invisible est décrit aussi bien que si rien ne nous le cachait. J’aime voir les ours polaires s’endormir dans les grottes glacées. Leurs pas répétés affaiblir le sol. Les fissures minuscules zébrer la surface blanche, si fines, qu’il faudra beaucoup de balades pour les apercevoir. Les poissons danser, en-dessous, sans considérations pour l’au-dessus. L’eau entre dans leurs corps agiles, s’infiltre, se filtre. Evoluent en tandem, sans même le voir. Et le blanc se casse. Et c’est la fenêtre que je trouve. L’océan au dehors. Ours et poissons, un instant inconnu, se rencontrent. Tous n’en reviendront pas. Mais le nombre qui plus jamais n’existera, qui le remarquera ? Dans l’invisible, tout passera inaperçu. A l’abri des regards, des consciences… Et…
- Alors ! Voyons voir….
….
- Mais tout m’a l’air parfaitement en ordre ! Encore quelques semaines et pourra vous l’enlever ce plâtre !
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