Au travers du verre et vers les étoiles

2 minutes de lecture

Au travers de toi, je vois. Je vois moi. Je vois ça. Je vois le soleil se lever, la lune se coucher, les nuages naviguer dans un ciel d’été. Je vois les silhouettes de tant de gens. Petits, grands, gentils, attachants, pourri, méchants, tous passent également devant ma fenêtre, comme un coup de vent. Et pourtant. Pourtant, je les regarde, ces passants. Je les regarde, ces êtres, inlassablement. Il y a ceux qu’on reconnaît, ceux que secrètement on hait, sans vraiment savoir ce qu'on fait, et puis il y a ceux qui nous reviennent à la pensée, ceux qui sans cesse nous font chanter. De ceux-là, c’est comme si je ne retenais que toi. Toi, plus fine qu’un bout de bois, plus forte que n’importe quelle loi, à l’apparente fragilité du lilas, toi qui donne un sens à ma vie, qui est là, toujours pour moi, pour me rappeler à la vie, je te remercie pour toutes les vies que tu m’as offertes, pendant que je te regardais, toi, ma fenêtre. De mes doigts, je t’effleure une dernière fois, et je jette vers toi mes yeux vides de foi. Toi. Depuis des années, ce qui me retient à la vie, c’est toi. Depuis des décennies, ma seule vanité est là. Au travers de ça. Dans cette rue, où j’ai vu les enfants grandir, les adultes vieillir, les anciens disparaître, les bébés naître, j’ai compris ce que valait ma vie. De ces innombrables matins, de ces interminables nuits, des automnes malsains aux printemps éconduits, j’ai appris plus que n’importe qui. Parce que toi, fine feuille d’air, fleur de verre, tu as laissé passer la lumière. Tu l’as laissée m’atteindre, moi qui n’ai jamais pu que geindre. Tu l’as laissée m’éblouir au plus fort de la journée, tu l’as filtrée pour m’éclairer, et je n’ai pu que l’admirer. Je te remercie donc, cher amie, compagne de mes journées de solitude, mon seul amour, ma première vérité, mais aussi la dernière. Demain, quand le soleil se lèvera, quand l’homme à l’imperméable sortira, quand la femme à l’ombrelle bleue nourrira les oiseaux, je ne serais pas là, avec toi. Ne me demande pas pourquoi. Reste là, que tu puisses les regarder pour moi, me raconter la vie de l’enfant que je ne verrai pas, vibrer des rires et des cris de joie, refléter sur le fauteuil vide ta présence, encore une fois. Fais-le. Pour moi.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire Renouveau ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0