Chapitre 4

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A peine le seuil de l’appartement franchi, Inaya s’empressa de jeter son sac de cours.

« Ce garçon m’insupporte ! » s’écria-t-elle.

Elle soupira, avant de vérifier qu’elle était bien seule et qu’elle ne s’était pas encore donnée en spectacle.

« On dirait que maman n’est pas rentrée… » pensa-t-elle.

La jeune fille monta alors dans sa chambre.

« Bon, va falloir que je bosse un peu ! »

Elle prit son agenda qu’elle consulta attentivement, puis elle se mit au travail.

Inaya était inscrite dans une licence multidisciplinaire. Plutôt bonne élève dans toutes les matières et ne sachant pas quoi faire de sa vie, elle ne souhaitait pas se restreindre à un seul domaine, d’où ce choix.

Elle resta ainsi vautrée sur son bureau pendant plusieurs heures.

« C’est donc le manque d’hormones qui cause une augmentation de TSH… » murmura-t-elle.

Exténuée, elle finit par refermer son fichier.

« J’en peux plus ! » s’exclama-t-elle en se massant le cou.

La jeune fille se leva précipitamment de sa chaise et retourna en bas, avant de s’apercevoir que sa famille était enfin rentrée.

« Hey ! fit-elle, enthousiaste.

-Salut ! » répondirent en chœur ses parents.

Ces derniers revenaient de leurs courses. Ils étaient par conséquent entourés d’une pile d’achats.

« Est-ce que vous m’avez acheté mon coulant au chocolat ? » demanda Inaya, excitée.

Le visage de sa mère s’assombrit alors. Elle tenta de le dissimuler tant bien que mal :

« Oh, désolée ma chérie, fit-elle. Il n’y en avait plus dans les rayons quand nous sommes arrivés.

-Ah bon ? »

Inaya, surprise de cette justification inhabituelle, se tut.

« Bon pas grave, reprit-elle en haussant les épaules. Sinon, vous avez besoin d’aide ?

-J’veux bien ! ajouta son père. »

Après avoir rangé les achats, Inaya retourna dans sa chambre sans fermer la porte.

Plus bas, des murmures se firent alors entendre.

« Je culpabilise de lui mentir comme ça ! s’exclama sa mère d’un air dépité.

-Tu crois que je le sais pas ? rétorqua son interlocuteur. Mais qu’est-ce que tu veux faire ? On croule sous les dettes, on peut plus se permettre de dépenser inutilement ! »

La jeune fille n’avait pas manqué le moindre détail de cette conversation.

« J’étais sûre qu'y avait un souci… pensa-t-elle, attristée. »

Elle se remit alors sur son bureau, non pas pour réviser cette fois, mais pour allumer son ordinateur.

« Faut absolument que je trouve un job. » songea-t-elle.

Inaya était particulièrement proche de ses parents. Depuis l’enfance, ces derniers avaient beaucoup sacrifié pour lui apporter le confort qu’elle possédait aujourd’hui. Ainsi, elle ne supportait pas l’idée d’être un fardeau pour eux et souhaitait acquérir un minimum d’indépendance financière.

Après avoir scruté diverses annonces sur Internet, l’étudiante finit par désespérer.

« Y a rien, que des jobs sous-payés avec des conditions incompatibles avec mes études… »

Elle soupira, avant de se résigner à arrêter de rechercher pour aujourd’hui.

Le lendemain matin, Inaya se réveilla avec difficulté.

« Purée il est tôt… dit-elle en bâillant. »

Elle se leva de son lit tant bien que mal, malgré sa somnolence lui suggérant d’y retourner, afin de s’habiller. Après avoir déjeuné, la jeune fille décida de sortir prendre l’air.

Elle se dirigea vers un parc situé à mi-chemin entre son appartement et sa faculté. Ce dernier était doté d’un petit lac entouré de verdure, ainsi que de quelques arbres permettant aux visiteurs de s’adosser à l'ombre de leurs troncs lorsque le soleil rayonnait de son plein éclat.

La jeune fille s’assit sur l’herbe en face de l’étendue d’eau.

« Sérieux, j’me sens inutile… » pensa-t-elle à nouveau.

Elle resta plantée là, quelques minutes, avant de finir par perdre patience.

« Bon je commence à m’ennuyer. J’aurais dû prendre de quoi bouquiner au moins… »

Au moment où elle prononça ces mots, une étincelle traversa son esprit.

« Attends, bouquiner… livres… Mais c’est ça ! » s’écria-t-elle.

Elle se leva alors brutalement, comme revigorée.

Sans perdre davantage de temps, elle continua son chemin pour se diriger vers le campus, et plus précisément vers la bibliothèque universitaire.

« Comment j’ai fait pour pas y penser plus tôt ? songea-t-elle. »

En effet, la bibliothèque de la faculté cherchait activement des étudiants pour surveiller les salles et faire du rangement. Le travail était agréable, tout à fait conciliable avec des révisions et plutôt bien rémunéré.

« Mais c’est vraiment le job parfait pour moi ! »

Inaya se rendit alors à l’accueil, expliquant le motif de sa venue ainsi que ses solides motivations pour décrocher le poste. Sans surprise, il ne lui fallut pas plus de quelques minutes avant qu’on lui annonce qu’elle était parfaitement admissible, ce qui lui remit du baume au cœur instantanément.

Alors qu’elle se réjouissait de sa nouvelle situation, fredonnant son air de musique préférée avec quelques pas de danse, elle fut rapidement prise de court dans son élan.

« Tu vois pas que tu gênes ? » demanda un garçon arrivant juste derrière.

La jeune fille, de retour à la réalité, se retourna vivement, sans prêter attention à son interlocuteur :

« Tu viens de dire quoi là ?

-Tu gênes. »

Elle se tut alors, prenant conscience du visage qui lui tenait tête.

« Aaron ?! s’exclama-t-elle, étonnée.

-Yo ! Très sympa ta petite prestation, répondit-il avec un clin d’œil. »

Le rouge monta aux joues d’Inaya.

« Oh bordel, mais pourquoi est-ce qu’il m’arrive toujours ce genre de choses devant lui ? » pensa-t-elle.

Elle toussa pour tenter de dissimuler son sentiment de honte, avant de reprendre :

« Qu’est-ce que tu fais encore là ?

-Toujours aussi curieuse à mon sujet à ce que je vois. »

Il accompagna sa remarque d’un sourire malicieux.

« Laisse tomber, j’ai rien demandé, soupira-t-elle. J’ai pas envie que tu me gâches cette fabuleuse journée avec tes bêtises !

-Fabuleuse journée ? Rien que ça ?

-Eh oui hihi !

-Parce que t’as décroché ce fameux job de bibliothécaire ?

-Quoi ? Comment tu sais ? Oh non, t’es vraiment un stalker en fait ! »

Il gloussa :

« On t’entendait te réjouir à l’autre bout du couloir…

-Oh… »

Inaya s’arrêta un instant, avant de continuer :

« Bref, puisque t’as bien compris… Allez, laisse-moi tranquille ! J’ai d’autres chats à fouetter !

-T’es culottée quand même.

-Pardon ?

-Au cas où t’étais pas au courant, ça fait plus de cinq minutes que tu bloques le passage…

-Hein ?

-Donc c’est plutôt à toi de bouger, là.

-Le passage ? »

Inaya se rendit alors compte que sa petite prestation l’avait déplacée inconsciemment. Elle était en effet maintenant devant la porte permettant d’accéder à la bibliothèque.

« Oups ! »

Elle s’écarta spontanément.

« MER-CI ! » fit Aaron ironiquement.

Alors qu’il était sur le point de poursuivre son chemin, Inaya rattrapa son épaule instinctivement.

« Euh, attends… dit-elle.

-Quoi ?

-Tu viens souvent ici ?

-Pourquoi ? Tu veux calculer tes chances de tomber sur mon beau visage ? »

Inaya ne releva pas sa remarque.

« Non je suis sérieuse, tu viens souvent réviser ici ? »

Il pointa alors du doigt le bouquin qu’il tenait dans son bras :

« Je viens lire de temps en temps, quand j’ai besoin d’être au calme complet.

-Oh. »

Elle mit un court moment avant de prendre conscience de ces paroles :

« Attends, me dis pas que ça veut dire que je vais devoir me coltiner ta présence au taf ?!

-On dirait bien que si ! Ton vœu de me revoir semble avoir été exaucé. »

Il esquissa de nouveau son sourire avant de rentrer dans la bibliothèque, laissant Inaya seule.

« Oh mon dieu, dîtes-moi que je rêve… »

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