Le 15 janvier

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Je finis de nourrir mes hamsters puis descends les marches pour m'affaler dans le canapé. J'aimerai bien m'endormir là, maintenant. Mais je ne peux pas. Il y a tellement de choses que je dois faire. De toute façon je sais que je n'y arriverais pas. Depuis un moment je ne dors même pas une heure par nuit, réveillé par les dernières images où je les voyais encore ... Cela me hante.

Aujourd'hui il faut que je m'organise. Je dois aller voir ma cousine qui a certainement besoin de moi. Elle est trop jeune pour rester seule et sa compagnie aura le don de me rassurer. Je me sentirais moins seul. Elle n'habite pas loin de chez moi, à quinze minutes à pied. Ce n'est pas loin et ça vaut le coup d'y aller, plutôt que de rester là à ne rien faire, à ressasser des souvenirs qui me feront pleurer.

J'ouvre la porte et le froid s'engouffre déjà à l'intérieur de la maison. Je sors. La neige tombe en faisant des tourbillons avant de s'écraser sur le sol. Cela ne provoque plus le même effet qu'avant, où je pouvais m'amuser dehors pendant des heures à façonner des bonhommes de neige ou à lancer des boules sur ma mère. Mais cette année tout est différent. Je frotte mes épaules dans l'espoir de me réchauffer. En vain...

Je marche sur la petite allée de pierre qui mène au garage. Dedans, se trouvent tant de chose qu'il est impossible de voir quoi que ce soit. Dans un coin je distingue les trois vélos. Un pour mon père, un pour moi, un pour ma mère. Un seul servira désormais. Les larmes me montent aux yeux. J'ai envie de crier, de hurler, de pleurer, de me lamenter, de sangloter ... mais je me retiens. Mes parents me crieraient dessus s'ils me voyaient en train de perdre espoir. Ils me diraient de garder la tête haute, que rien n'est jamais perdu mais que dans tous les cas il faut essayer car c'est la clef de la réussite.

Je sors tant bien que mal un des vélos, puis j'essuie les pleurs qui coulent le long de mes joues.

Environ dix minutes plus tard, je me retrouve devant une grande maison de pierre. Les murs blancs me paraissent interminables. La porte semble me fixer. Je toque trois fois à la porte, des coups vifs et clairs, puis m'écarte. Je ferme les yeux et me rappelle des moments passés avec mes parents, ma famille et ma cousine.

- Cédric ? Tu vas reprendre du dessert ?

- Hum... non merci. Ça devrait aller.

Je posais mes yeux sur mon assiette quand soudain quelque chose m'attrapa le bras.

- Cédric ? Tu viens jouer avec moi ?

- Pourquoi pas ...

- Si tu veux je peux inviter une amie jouer avec nous !

Ses yeux m'imploraient. Elle me fis sa petite tête de chien battu.

- C'est d'accord. Invite une amie si tu le souhaite.

- Merci !

Son merci était sincère et adorable.

Je rouvre les yeux, je me souviens très bien de ce souvenir. J'avais joué avec ma cousine et son amie pendant des heures et des heures sans me rendre compte du temps qui passait. Son amie était si sympa, elle riait tout le temps, souriait, parlait pour raconter ses histoires qui me paraissaient aussi magnifiques que vrais. Je n'oublierais jamais son visage et ses yeux d'un bleu profond.

La porte s'ouvre calmement, me sortant de mes pensées. je vois une petite tête dépassé, me regardant avec de gros yeux ronds.

- Oh ce n'est que toi. Ça va ?

- Que moi, oui en effet.

Elle me sourit, en prenant conscience de ses mots, comme pour me dire de la pardonner.

- Et non, ça va pas trop...

- C'est un peu la galère je te comprends. Mais ça va aller t'inquiètes pas Cédric !

Elle ouvre la porte en grand et m'invite dans sa vaste et imposante maison.

- Tu sais ce qui c'est passé toi ? me demande t-elle.

- Nan, j'en sais rien. Mais le plus important c'est qu'on soit en vie, tu ne crois pas ?

Elles'assoie sur le canapé et je l'imite. Elle sort deux vers, les remplis de jus de pêche -son préféré- et m'en tend un.

- Ça veut dire que les tiens aussi ?

- Oui. Malheureusement, il y en a plein d'autres. Je dirais tout les adultes de ... De la terre entière. Mais on peut se débrouiller sans eux non ?

Je la regarde comme si elle me disait le pire mensonge qu'il n'y ait jamais existé. Mais il se peut qu'elle dise vrai. Et si c'était vrai, alors se serai comme m'annoncer la fin de ... De tout. Du monde. De notre existence à tous les deux.

- Hein, on peut se débrouiller sans eux, non, répète-t-elle.

- Hum... Je suppose que oui... Je peux t'aider si tu veux, lui proposai-je.

- Non. Je vais y arriver, je te le promets. Je suis forte ne t'en fait pas pour moi.

Une larme s'échappe de son œil.

- À vrai dire ... Aurélie a beaucoup plus besoin de ton aide que moi. Ta voisine aussi, tu sais la petite jeune là. Va les aider, ne perds pas ton temps...

Je la prends dans mes bras et la sers très fort. Je ne veux pas la perdre, c'est ma seule faveur.

- Arrête gros bêta, tu me fais mal.

- Si tu meurs, tes parents m'en voudrons durant toute mon existence.

Elle me prend le bras et me regarde droit dans les yeux. Elle prends un air grave, mais déterminé à me dire ce qu'il se passe.

- Alors tu n'as pas compris ? Tous les adultes sont morts.

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