Réveil dans la pénombre

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Alice était assise sur la chaise qu'elle avait volontairement placée au fond de la pièce, le moniteur émettait ce bip régulier et rassurant. Elle tournait machinalement les pages d'un magasine qu'elle lisait à peine passablement énervée d'être présente ici.

Stephane ouvrit lentement les yeux sans que son ex femme s'en apperçoive, l'intégralité de son corps lui semblait être une bouillie informe sur une surface franchement inconfortable. Alerté par les bruits de page que l'on tourne, Sephane essaya de relever la tête mais vu la douleur il arriva seulement à emettre un grognement gutural.

Alice bondit à ce premier bruit qu'elle attendait depuis près de 2h, et s'approcha de la tête du lit en pointant du doigt son ex compagnon.

"Alors toi, espèce de connard, non content de m'avoir pourrit la vie, t'attends encore de moi que j'accours comme si j'étais à ton service ?! Ca faisait des mois que t'aurais dû m'enlever de tes numéros d'urgence, qu'est-ce que tu ne comprends pas dans "seulement pour les enfants" hein ?! Je sais que ton cerveau limité a pas tilté le principe mais je suis pas ta boniche, merde !"

L'accueil était, certes, merveilleusement chaleureux, mais là, tout de suite, Stephane était juste heureux d'entendre Alice, de savoir qu'elle était là, bien vivante et qui ne lui était rien arrivé. Alors oui, bien sûr, c'est absurde, c'est lui qui a eu l'accident, mais il faudrait vivre un accident pour comprendre.

Il la regarda, voulut parler mais aucun mot ne pu sortir tant sa gorge était sèche

"Bah dis un truc !

-soif... murmura-t-il

-Ah oui merde"

Alice fit le tour du lit, pris le gobelet en plastique, lui même emballé dans du plastique en se disant que ça fait quand même beaucoup de plastique, ouvrit le sachet en se dirigeant vers la salle de bain et remplit le gobelet qu'elle ramena au convalescent.

Stephane ne se fit pas prié et bu d'une traite le contenu, en le voyant comme ça Alice eu un soupçon de pitié en se disant qu'il était tellement crédule qu'il serait si facile à empoisonner.

"Tu as raison Alice, j'aurais dû mettre Jean. Je suis désolée d'avoir écourté ton week-end, rentre retrouver Mathieu et les enfants"

Alice eu un choc, Stephane n'avait pas eu ce genre de comportement depuis... qu'il avait publié son premier livre. Normalement, il l'aurait insulté, l'aurait culpabilisé par rapport à la situation avant de chouiner pour quémander son attention. Plus ou moins dans cet ordre, d'ailleurs.

Les bras croisé contre le torse, elle haussa les sourcils.

"T'as pas pourri mon week-end, on est mardi.

-Qu...?"

Alice alla chercher sa chaise, la rapprocha du lit, s'assit et changea de ton.

"A ton accident tu es resté plus de 12 minutes en détresse respiratoire, ça te parait peu mais c'est beaucoup, lorsque l'ambulance t'as prise en charge tu as réussi à retrouver un poult mais très faible. A ton arrivée à l'hôpital tu as été endormi pour être placé sous respirateur jusqu'à ce qu'ils soient sûrs que ton état soit stabilisé, Jean s'est chargé de ton entrée. Marie m'a appelé Dimanche soir lorsque nous sommes rentrée, je lui ai dis de me tenir au courant mais c'est moi que l'hopital a appelé ce matin pour prévenir de ton réveil, ils pensaient qu'ils auraient Jean, moi aussi d'ailleurs.

-Et les enfants ?

-Ils sont à la maison avec Mathieu, je leur ai expliqué que tu étais à l'hôpital et que tu avais eu un accident de voiture, je leur ai, évidemment, pas précisé que t'étais bourré comme un coin avec une gueule de bois d'enfer et que tu t'étais vautré devant les roues d'un taxi.

-Ouais..."

A ces mots Stephane se demanda quel genre de model il donnait à ses enfants et se dit que, vraiment, c'était pas le meilleur paternel qui soit au monde

"Je peux les voir ? Demanda-t-il

-Ils sont à l'école, là il est 15h20, de toute façon j'aurais voulut être sûre que tu te sentais en état de les voir avant de les amener."

Un blanc s'installa un court instant

"Putain Steph, est-ce que ça va te servir d'avertissement là ? En fait, je vais pas te mentir, ça me fait chier que tu t'en sois sortit si c'est pour te ramener à nouveau les enfants alors que t'es imbibé de la tête aux pieds et que t'es même pas capable de te prendre en main.

-Ouais...

-Je sais que la rupture a été compliqué mais...

-C'est bon Alice, l'interrompt-il, je sais, ok ? Je suis désolé de t'avoir dérangé, j'aurais dû changer ce numéro. Le sermon, je veux bien, le laïus, lui, il ne sert à rien. Rentre chez toi, dis aux enfants que papa est réveillé et que ça va et, si tu peux me les amener demain, je veux bien les voir. Rassure-toi, vu le contexte, je serai bien bien sobre."

Oui, décidément, ça n'avait rien à voir avec le Stephane qu'elle connaissait, pour le coup, dans cette phrase, rien non plus avec celui qu'elle avait connu. Elle inspira profondément avant d'ajouter

"Je vais attendre d'entendre ce que le médecin a à dire pour transmettre à Jean, j'irai chercher les enfants après. Tu reveux de l'eau ?"

Stephane hocha la tête et Alice s'exécuta.

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