2.

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Au départ et cela l'avait beaucoup étonnée, ça avait été Joshua qui l'avait mis en garde. Sean et lui s'étaient très vite liés d'amitié lors de leur dernière année d'études au point de se considérer comme des frères et le blondinet pouvait aisément dire qu'il connaissait bien son « ami » pour avoir passé le plus clair parti de son temps avec le Davis autant en cours qu'en dehors. Pourtant, il avait pris le temps de prévenir la jeune femme sur les conséquences que pouvait connaître leur relation si Sean et elle se décidaient à se mettre ensemble.

— Ça me tue de devoir dire ça Faith et même si je l'adore... je ne pense pas que tu doives te mettre avec lui. Vous êtes mes amis, mais franchement, je ne vous vois vraiment pas ensemble.

À ce moment-là, Faith s'était contentée de grimacer à l'entente de ces propos. Elle savait ne pas être aussi populaire que Sean , mais le fait de ne pas être pareil ne signifiait pas que leur couple battrait forcément de l'aile, si ?

— Je suis vraiment amoureuse de lui, Joshua . Il aime vraiment ce que moi j'aime. Je ne peux pas passer à côté de ça, tu comprends ?

Parce que oui, Sean lui avait proposé de se stabiliser avant la fin de l'année scolaire. Soudainement, sans qu'elle ne s'y attende réellement. Oui, ils s'échangeaient des textos jusque parfois tard le soir. Oui, ils restaient très souvent ensemble et oui, Faith ne pouvait imaginer être loin de lui. Joshua n'était-il pas un peu trop cruel de penser que Sean et elle n'étaient pas faites l'un pour l'autre ?

Pourtant, elle s'était sentie obligée de réconforter son meilleur ami sur certains points et qu'elle ferait toujours appel à lui en cas de problème. Il fallait qu'elle mette les choses à plat pour qu'elle puisse gérer sa vie et non la suivre, dictée par les autres. Cependant, il s'agissait plus d'un mauvais pressentiment qu'une réelle crainte, avait-il quand même murmuré, histoire de détendre un peu l'atmosphère.

Une fois le lycée terminé et leur diplôme en poche sans trop de difficulté, si on excluait les examens de rattrapage qu'avait eu droit le Miller , Sean avait pris la décision brutale de prendre un loft en plein centre-ville .

— Pas étonnant pour un type comme lui, avait répliqué un jour Joshua, ne pouvant cacher son rire.

Quant à la jeune femme, elle avait décidé de continuer les études dans les arts en combinant un petit job de serveuse dans un restaurant branché qu'elle avait réussi à dégoter tout en restant chez ses parents. Sean ne lui avait en rien demandé de venir emménager dans son nouvel appartement hors de prix et elle ne ressentait pas le besoin de partir du cocon familial pour le moment.

— Faith ? lui avait demandé sa mère, Caroline Adams , une belle femme d'une quarantaine d'années. Je me disais que peut-être serait-il grand temps que ton père et moi rencontrions ce fameux Sean , tu ne penses pas ?

La jeune femme, qui bûchait depuis plusieurs heures sur un dossier sur les arts abstraits, avait relevé la tête vers sa mère, l'air légèrement surpris.

— Euh... avait répondu avec grande intelligence la jeune femme .

— Oui, « euh... », avait imité Caroline avec humour. Ça fait combien de temps que tu sors avec ce garçon, mmh ? avait questionné sa mère, d'une voix malicieuse. Ton père n'a de cesse de m'embêter ! « Et s'il n'était pas bien pour elle ? », « Tu crois qu'il passera avant moi maintenant ? ».

— Ça ne fait que sept mois maintenant... Et je comptais vous le présenter, mais entre les cours et...

— Et pendant les vacances d'été ? Tu t'es mise en couple avec lui à la fin de votre terminale, donc vers Mai-Juin, c'est bien ça ? -Faith avait acquiescé- tu n'avais pas tout l'été pour le faire venir à la maison ? Je peux comprendre qu'avec la rentrée à l'université en Janvier tu sois pas mal occupée, mais pendant les vacances ? Fille indigne !

Faith était très proche de ses parents, mais encore plus de sa mère. Toutes deux avaient une relation très complice et se comprenaient parfaitement. Il n'empêchait que sa mère pouvait se montrer très puérile sur certains sujets et le sujet des garçons en faisait malheureusement partie...

— Demain, pour le dîner, c'est parfait ça !

— Maman, non attend, c'est beaucoup trop tôt ! s'était écriée l'étudiante, le visage rouge de gêne.

— Attends chérie, ma fille s'est enfin trouvé un copain ! Et ça dure depuis sept mois !

Justement, sept mois s'était trop tôt pour le faire présenter à ses parents. Mais peut-être était-ce elle qui s'inquiétait pour rien. Dans sa tête, il lui fallait au moins passer le cap dès un an avant de le faire présenter à sa famille. Quand soudain, un souvenir lui revint en mémoire.

— Il serait peut-être temps que je rencontre tes parents, non ? Je t'avoue que ça me stresse, mais moins on attend, mieux ce sera, non ? lui avait un jour dit Sean alors qu'ils sortaient tous les deux au parc aquatique.

C'était au mois d'août. Malgré le rythme effréné des cours en université, ils avaient trouvé le temps de se voir régulièrement. N'étant plus au lycée, les vacances étaient plus courtes pour les étudiants. Et c'était vrai que Sean aussi semblait vouloir se présenter à ses parents.

— Il le faudra bien, ma chérie, avait coupé sa mère, la sortant de ses pensées. Tu ne voudrais pas que ton père ne meure d'une syncope de trop attendre son rival ?

— Maman, franchement, Sean n'est en rien un rival. Ne les comparent pas comme ça, je les aime d'un amour différent, c'est tout... avait soufflé, exaspérée par les propos de sa mère, Faith qui avait levé les yeux au ciel.

— Ah ! mais ce n'est pas à moi qu'il faut dire ça, mais à ton pauvre père.

Finalement, elle avait cédé et Sean avait très gentiment été invité à venir manger chez la famille Adams. Tout s'était très bien passé d'ailleurs et Faith en avait été encore toute retournée. Le Davis s'était présenté, un magnifique bouquet de fleurs à la main pour la maîtresse de maison qui n'avait pu se retenir de rougir de plaisir. Un millésime de rouge de Bordeaux datant de 2005 pour son père - d'ailleurs Faith se doutait que le prix devait être mirobolant – qui l'avait très gracieusement remercié alors qu'il n'avait de cesse de jeter des regards noirs vers la porte d'entrée avant que le jeune homme arrive. Et enfin, un cadeau soigneusement emballé par un très joli papier qu'il lui avait tendu après lui avoir déposé un baiser sur la tempe.

— Ouvre-le à la fin de la soirée quand tu seras seule... lui avait-il murmuré, enlaçant ses hanches d'un de ses bras, alors que les parents de la jeune femme étaient repartis vers le séjour.

La soirée avait été couverte par les rires et les anecdotes de la famille. Sean avait beaucoup participé aux conversations, notamment avec le père de sa petite copine, ayant trouvé un sujet de conversation en commun : les vins. Faith en avait d'ailleurs été très étonnée, ne s'étant jamais doutée que le Davis soit un connaisseur dans ce domaine et ce malgré son jeune âge. Comment avait-il réussi à dénicher une bouteille pareille d'ailleurs ? Il était encore mineur logiquement pour acheter de l'alcool... Quoique, avec de l'argent, on parvenait à beaucoup de choses, avait pensé amèrement la jeune serveuse.

Quand enfin il fut l'heure pour le jeune étudiant de rentrer chez lui, les parents de Faith les laissèrent se dire au revoir sur le perron de la maison.

— Vraiment charmant tes parents, avait complimenté Sean , enlaçant amoureusement la jeune Adams .

— Ils semblent beaucoup t'aimer finalement...

— Ils semblent ? Tu rigoles ? Ils m'adorent même, avait lancé le brun, laissant échapper un rire joyeux.

Et c'était vrai... Faith en était encore bouche bée, mais ses parents semblaient finalement avoir adopté Sean dans la famille. Comment y était-il arrivé ? Elle se le demandait... encore, le fait que sa mère l'apprécie était une chose, étant quelqu'un de très sociable. Mais son père ? Suffisait-il d'une bonne bouteille de vin pour le mettre dans ses bonnes grâces ? Elle se le demandait.

— N'oublie pas le cadeau, bébé, avait susurré Sean , la coupant dans ses pensées, posant ses lèvres sur les siennes. Tu vas me manquer... terriblement

Sean ne cessait de lui dire ce genre de choses dès qu'ils se quittaient après avoir passé du temps ensemble. Cela avait été pire lors de la première fois de la jeune femme. À ce moment-là, Sean ne voulait plus la lâcher, essayant de la dissuader de repartir pour rester avec lui encore quelques heures. Elle avait d'ailleurs cédé.

— Je t'aime, on s'appelle ? avait-il dit en montant dans une magnifique Audi noire qu'il avait acheté après le lycée.

— Oui, s'était contentée de répondre Faith , un fin sourire aux lèvres, comblée par tant d'attention.

Une fois rentrée à l'intérieur, elle entendait encore ses parents rire dans la cuisine alors qu'ils sirotaient un thé. C'est doucement que Faith était remontée dans sa chambre, récupérant le cadeau de son homme. Que pouvait-il contenir ? Il lui avait demandé de l'ouvrir seule après qu'il soit parti... Pourquoi ?

C'était curieux, qu'elle s'était mise à ouvrir doucement le paquet en déchirant le papier avec minutie comme pour le garder tellement il était joli. Une fois cela fait, elle se retrouvait devant ce qui semblait être un écrin, bleu nuit. À l'intérieur, un collier en or.

— Ce n'est pas possible... avait soufflé Faith devant un tel cadeau.

La chaîne était très fine et agréable au toucher. Il lui semblait que celle-ci pouvait casser à tout moment. Delà, reposait un pendentif magnifiquement bien travaillé. En y regardant bien de plus près, Faith pouvait y voir un serpent en or, se mordre la queue. Un Ouroboros .Il était magnifique, une émeraude ornant l'œil du serpent. C'était ému jusqu'aux larmes qu'elle entreprit de le mettre autour de son cou. Cela fait, elle s'était approchée de son miroir et contemplait le beau cadeau que lui avait fait Sean .

Après l'avoir regardé pendant un petit moment, elle s'était retournée vers son lit où reposait encore l'écrin et avait soudain remarqué qu'un mot accompagnait le cadeau. Il avait dû l'envelopper dans le paquet.

« Ta condamnation, c'est de rester à mes côtés pour toujours. »

Où voulait-il en venir ? Était-ce sa manière de lui exprimer son amour ? Bien que légèrement stupéfaite par les propos de son compagnon, elle ne pouvait s'empêcher d'en jubiler. Si ce n'était pas une preuve de son attachement pour elle, qu'était-ce donc ?

Ce qu'elle ne se doutait pas, c'était de la signification d'un tel cadeau...

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