Quelque part au milieu des champs passe une route. Une route toute simple, ni trop large, ni trop étroite. Deux voitures peuvent se croiser sans avoir à ralentir ou à rouler sur le bas-côté. D’une grande ligne noire elle coupe un ensemble de champs et de prés en deux parties inégales. D’un côté du blé, du maïs et des vaches. De l’autre des champs en jachères avec deux tracteurs stationnés dans un coin, encore du blé. Une modeste ferme avec un poulailler de bonne facture habillent ce paysage un peu vide.

Le bâtiment en forme de L est bordé par une haie de cyprès, le poulailler a été bâti derrière la grande ligne verte des résineux. Les poules et les poulets qui vivent ici disposent d’une cabane couverte pour se mettre à l’abri et d’un grand enclos à même la terre pour gratter et manger ce qui s’y trouve. Nous visualisons des brins d’herbes et des lombrics.

À côté de l’enclos nous devinons une femme assise sur un tabouret, face à elle un chevalet puis les volailles. Nous nous imaginons qu’elle est en train de retranscrire en peinture la vie illustre des poulets de cette ferme. Pourquoi dessine-t-elle des poulets ? Et nous pourquoi les écrivons-nous ? Faut-il une raison à chaque chose ? L’important est de rester cohérent avec nous-même, poulet ou non.

Ainsi immortalisé sur une toile, nous nous disons qu’ils feront très jolis au-dessus de la table de la cuisine, nous nous rappellerons d’eux une fois dans la casserole.