XXII

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Jour 75

Ça y est. J’ai finalement réussi à trouver le courage d’agir. Je viens d’expédier au haut commandement ma lettre leur expliquant que j’ai fait mettre aux arrêts la sorcière irene vedma. En fonction de leur réponse, j’aurais ou non le droit de constituer un tribunal militaire par moi même. Je suis persuadée que c’était la meilleure chose à faire.

Cette nuit dernière, un nuage de chauve-souris est velu entourer le fort, et drant toute la matinée ces innombrables volatiles ont harcelé les sentinelles. Irene a déclaré que c’était encore un sortilège, et qu’il lui fallait le dissiper avant qu’il ne s’amplifie, mais cette fois je n’ai pas lâché un pouce de terrain avant qu’elle ait accepté que j’assiste à son rituel. Elle a accepté avec dépit, et a préparé son sortilège sous mes yeux. Elle n’a pas hésité une seule seconde à me montrer parmi la masse d’ingrédients répugnants qu’elle avait, un crâne d’enfant, une chose qu’elle a identifié pour moi comme la rate d’un petit garçon et d’autres organes plus répugnants collectés sur des enfants prépubères.

Le rituel s’est achevé, et le nuage de chauve-souris a fini par se disperser. Mais j’ai sussitôt sorti mon arme et ordonné à Irene de se laisser conduire en cellule. Elle m’a rétorqué que si je ne pouvais pas supporter la vérité sur ses sortilèges, je n’avais qu’à faire comme tout le monde et l’ignorer. Voyant que je ne changeais pas d’avis, elle a commencé à me traiter de faible, et a prétexté que ses actes étaient tout à fait justifiés. Je l’ai pressée pour obtenir des aveux et je n’ai pas été déçue. Oui, elle a enlevé des enfants dans la région, et elle le fait depuis des années. Le général de division Gunther von Heißenstern le savait, et avait décidé de tolérer la chose. Quelle horreur.

Quand je lui ai demandé pourquoi des actes aussi horribles étaient nécessaires à sa sorcellerie, Irene a essayé de rejeter la faute sur l’organisation de l’armée. Je cite : « Évidemment, plus la magie que l’on désire doit être puissante, plus il faut faire de sacrifices. Comment autrement pourrais-je à moi seule contrer des milliers et des milliers de Kolduns qui lancent leurs sorts en masse, se concertent, et fabriquent des colifichets en quantité industrielle ? Il me faut de la qualité pour triompher de la quantité. »

Elle a peut-être raison, mais rien ne justifie de s’en prendre à des civils innocents. Par cet acte, Irene a trahi le peuple de Brandwerk. Un tel acte ne saurait rester impuni.

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