XVII

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Jour 60

Je reprends enfin mon journal. Il le faut bien. J’ai " oublié " d’écrire dedans pendant plusieurs jours, alors que je m’étais promise à moi même d’y écrire chaque soir les événements de la journée tant que je serais en garnison. Quelquefois, au lieu de passer ma soirée à rédiger mes remarques et mes pensées, je les passais seule dans le noir à réfléchir sans que ça me mène très loin. Mais mes instructeurs m’avaient mis en garde contre ce genre de comportement, alors j’ai pris l’habitude de sortir le soir et de marcher dans les couloirs maigrement éclairés du fort.

Nachtwall a un aspect bien différent la nuit. C’est un lieu glaçant à toute heure, mais à la nuit tombée on a l’impression que la forteresse est plus complète qu’elle ne pourrait l’être de jour. Les ténèbres qui reposent comme une chape sur ses bunkers et sa muraille sont une part intégrante de Nachtwall. Bien que les lieux ne soient jamais bruyants, tout paraît infiniment plus silencieux à la nuit tombée, et on a l'impression de percevoir un milliard de petites subtilités indistinguables en temps normal. Comme de légers crissements provenant du sein même de la terre, et des râles étouffés qui remontent du sol des niveaux inférieurs.

Les gardes qui patrouillent de nuit ont pris l’habitude de me voir passer. Je les salue et leur demande régulièrement des nouvelles. Ils n’ont pas l’air étonnés de me voir déambuler de la sorte, et on m’a même avoué qu’il y avait d’autres personnes qui vadrouillaient de la sorte. Entre autres, Irene Vedma sort très souvent hors du périmètre du fort à la nuit tombée, et rentre généralement après minuit. Je l’ai aperçue une fois de loin. Elle revêt son chapeau pointu et son épaisse robe d’Osowiets et s’en va à travers la montagne avec un panier, un grand sac, un pistolet et une serpe. Toute drapée de noir, elle s’enfonce alors dans les ténèbres des montagnes et disparaît. Je ne l’ai jamais croisée en pleine nuit cela dit, car elle semble très discrète et retourne toujours à ses appartements à un moment où je ne suis pas là. Il faut dire que je ne cherche pas spécialement à la rencontrer. Cela dit, je me demande bien quel type d’ingrédients elle va chercher en montagne qui réclame tant de précautions. Elle doit en consommer des quantités effrayantes au vu des pleins sacs qu’elle porte sur son dos quand elle se présente aux portes du fort pour rentrer.

J’ai aussi appris de certains des gardes de nuit que le général von Heißenstern en son temps inspectait toujours le fort avec attention entre le crépuscule et l'aube. Selon lui, c’était le moment préféré des kolduns pour lancer leurs sortilèges et il voulait pouvoir les repérer au plus tôt pour les contrecarrer à temps. Je n’y avais jamais songé. Von Heißenstern devait avoir étudié la question mieux que moi.

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