VI

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Jour 9,

Quelle affaire ! Ce soir je suis bien plus fatiguée que d’habitude. Même Reiner me l’a fait remarquer, en ajoutant que je devrais rester sur mes gardes. Il a bien raison. Ce qui s’est passé aujourd’hui le prouve : Osowiets ne doit pas être sous estimé.

En me levant, j’ai eu la mauvaise surprise d’apprendre que plusieurs soldats avaient été mis aux arrêts cette nuit après avoir soudainement attaqués leurs camarades, rejoignant ceux d’hier. J’ai voulu les visiter pour les interroger moi même, mais on m’a informé qu’ils étaient tous tombés dans l’inconscience sitôt après avoir été mis derrière les barreaux. Sur le moment, je n’ai pas pensé que ça puisse être de la magie, mais à peine ai-je évoqué cette affaire au mess des officiers qu’Irene Vedma s’est levée et m’a sommée de faire rassembler tous les résidents du fort, soldats et auxiliaires compris, sans omettre personne. Je n’ai pas pu lui demander d’autres explications, elle a filé vers ses appartements chercher son matériel, et j’ai finalement fait ce qu’elle m’avait demandé. Sur le moment j’avais un doute, mais au final, j’ai sûrement bien fait. Faire rassembler tout le monde sans exception était une tâche colossale car plusieurs machines ne peuvent pas être laissées à l’abandon comme ça trop longtemps sans quoi on risque de voir les chaudières exploser ou pire. Cependant, nous sommes tout de même parvenus à réunir tout le monde dans la cantine, débarrassée des tables et des chaises. Même les prisonniers. J’ai fait mettre tout le monde au garde à vous, juste au moment où l’officière Vedma faisait irruption. J’ai tout de suite remarqué qu’elle avait troqué son uniforme pour une sorte de robe chamarrée typique d’Osowiets et un chapeau bizarre, tandis qu’elle portait péniblement un chaudron plein d’une eau jaunâtre. Je ne veux pas savoir ce qu’il y avait dedans.

Elle nous a réclamés des mèches de cheveux. Comme ça, sans explications, la sorcière a réclamé que chaque humain présent dans le fort lui remette une mèche de ses cheveux ou une touffe de poils prélevés ailleurs. Cette fois, je n’ai pas obtempéré sans poser de questions, et mon sang n’a fait qu’un tour quand elle m’a annoncé que les kolduns, les sorciers d’Osowiets, étaient peut-être en train de prendre le contrôle des esprits de nos soldats, et que pour nous en prémunir elle devait protéger chacun d’entre nous avec un rituel complexe qui nécessitait des mèches de cheveux, et ce rapidement avant que l’ennemi ait pris le contrôle d’un trop grand nombre d’hommes et de femmes pour qu’on puisse les contenir.

Je n’aurais jamais crû voir une scène pareille dans toute ma carrière, et mes comparses de la capitale ricaneraient sans doute en entendant cette anecdote. En tout cas, pour moi, ça n’avait rien de drôle. Nous avons été obligés de faire passer des ciseaux dans les rangs pour que chaque personne coupe une mèche de cheveux ou de barbe et la fasse passer jusqu’à la sorcière. Je préfère ne pas parler de ceux qui étaient à la fois imberbes et chauves. Irene ne leur a pas laissé le choix.

Une fois qu’elle a eu cette masse prodigieuse de poils, j’ai vu la sorcière les tresser pour en faire un ballot, attaché avec une corde, et plonger le tout dans une mixture malodorante tout en murmurant des choses dans sa langue natale. Puis ce fut tout. Elle repartit dans ses appartements avec son curieux ouvrage, et chacun put retourner à sa tâche. Les prisonniers inconscients se réveillèrent peu après, et mon interrogatoire semble démontrer qu’ils n’ont aucun souvenir de leurs actions lorsqu’ils ont attaqué des camarades. J’ai pris soin de les interroger individuellement pour m’assurer qu’ils ne s’influencent pas les uns les autres, mais ça n’a rien apporté. Comme il n’y a pas eu de morts à déplorer, j’ai décidé de simplement leur donner un blâme pour la forme et de passer l’éponge. Je n’ai d’autre choix que de croire à cette histoire de contrôle mental, quand bien même je trouve l’idée insensée. Après tout, en venant à Nachtwall, je devais m’attendre à tout.

Je me demande si j’arriverais à dormir cette nuit en sachant de quoi les kolduns sont capables.

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