Chapitre IV : Une journée de repos

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Tortue, 12 février 2223

 Rémi se réveillait aux aurores. Il était six heures du matin et il était de repos. Il traînait au lit, rêvassant. Il ne voulait pas sortir du lit si tôt. Son rythme de travail l’obligeait à se lever à six heures chaque matin et son horloge biologique était déjà bien réglée. Il prit une grande inspiration et s’assit sur le rebord de son lit pour effectuer quelques étirements. Il avait de fortes courbatures dans les lombaires qui le faisaient souffrir. Il décida d’aller se préparer, il irait voir son ami Cilian à la pause déjeuner. Il allait prendre une douche quand il s’arrêta devant le miroir de sa salle de bain. Son ventre était moins dessiné qu’à son habitude. De son un mètre soixante-quinze, Rémi avait toujours fait en sorte de conserver une belle musculature et des abdominaux apparents. Seulement, depuis quelques temps, il n’avait plus le moral et avait un style de vie moins sain qu’à sa sortie d'études. Il était devenu mécanicien à quinze ans, l'âge réglementaire de la Tortue. Les quelques années qui avaient suivis avaient été rythmés par l’application de toute la théorie qu’il avait apprise, et donc plutôt physique. Mais désormais, tout était automatique et demandait un moindre effort au mécanicien de vingt-quatre ans. Une fois douché, il enfilait son jean bleu habituel avec un simple tee-shirt et s’allongea sur son lit avec un livre de sciences naturelles. Quand vint onze heures, il enfila une veste et partit en direction des appartements de Cilian et Maureen. Il toqua à leur porte qui s’ouvrit laissant apparaître le visage de l’irlandais qui s’illumina instantanément d’un sourire. Il ouvrit plus grand la porte encore pour laisser entrer Rémi.

“Que me vaut ce plaisir ? s’enjoua Cilian.

  • Eh bien je suis de repos et je me suis dit que ça serait sympa passer !
  • Tu as bien raison mon ami, mais je commence dans une heure !
  • Ce n’est pas grave je ne resterai pas longtemps.
  • Bien, prends une chaise voyons, ne fais pas ton timide ! Je vais faire du thé.”

Rémi s’exécutait et observait l’irlandais préparer sa mixture qu’il disait être du thé, sûrement pour se rappeler de ses origines. Seulement, la concoction n’était qu’un mélange spécial d’algues infusées dans de l’eau. Le mécanicien regardait son ami s’activer. Du haut de ses soixante-trois ans, le vieil homme était encore vigoureux et excellait dans sa profession de chasseur. Il impressionnait par sa taille, qui approchait les un mètre quatre-vingt deux, et son allure militaire. Cependant, son visage traduisait une douceur et une bienveillance sans limite. Son visage pointu portait les marques de l’âge, notamment visibles autour de ses yeux marrons. Rémi sortit de sa contemplation quand Cilian vint le rejoindre à la table. Il lui servit une tasse d’infusion et lui proposa un petit encas. Ils discutèrent quelques instants quand la porte d’entrée s’ouvrit.

“Maureen ! Déjà ! s’étonna son mari.

  • Je suis ravie que ma présence te réjouisse Cilian, mais j’habite ici je te rappelle, plaisanta la petite femme.

Quand elle remarqua la présence de Rémi, elle vint l’enlacer dans ses minces bras. À chaque fois, le mécanicien ne savait s’il devait répondre à son étreinte de peur de la briser en deux.

  • Je suis ravie de te voir mon grand, mais Cilian va devoir aller au travail, n’est-ce pas ! s’exclama-t-elle à l’égard de son mari.
  • Eh bien avec notre cher Rémi, on ne voit pas le temps passé !

Sur ces paroles, le chasseur partit se préparer dans la salle de bain.

  • Alors Rémi, comment vas-tu ? le questionna Maureen.
  • Bien, seulement avec le temps je me laisse un peu aller…
  • Oh voyons, un jeune homme comme toi ne peux pas dire ça, tu as la vie devant toi !

Le mécanicien sourit à sa remarque et se leva difficilement de la chaise.

  • Tu as mal au dos ? s’inquiéta la petite femme.
  • Oui, je fais moins d’exercices en ce moment…
  • Il faut faire attention avec un métier comme le tien mon garçon ! Ne bouges pas, je vais chercher de quoi te soulager.

En se dirigeant vers la salle de bain, Maureen heurta Cilian qui était en train de brosser ses courts cheveux blancs. Il avait revêtu un jean bleu et un pull en maille en col V, comme à son habitude. Rémi savait que ce n’était pas ses habits de travail, les chasseurs avaient une combinaison entière à porter lorsqu’ils étaient en service et avaient interdiction de la ramener chez eux.

  • Je suis désolé mon cher ami mais le devoir appelle !
  • Il faut bien que des gens nous nourrissent ! répliqua Rémi.

Le chasseur partit en braillant des mots d’amour à sa femme. Cette dernière revint avec un petit flacon.

  • Prends, c’est de l’huile de lithotamne, ça permet de lutter contre les courbatures, ça devrait faire l’affaire.
  • Merci Maureen, tu es un ange tombé du ciel !
  • Si seulement nous voyons le ciel un jour !”

Rémi déposa un baiser sur sa joue et sortit de l’appartement.

Maureen déjeunait en vitesse et retournait à la section stockage. Elle avait fait partie de la mission du matin et elle devait désormais nettoyer les combinaisons. Une fois sa tâche finie, elle rejoint les autres cueilleuses, dont Inês. Cette dernière était habillée d’une salopette en toile avec un col roulé beige et fin qui marquait parfaitement ses formes. Elle s’assit à ses côtés et l’aida à laver la récolte de la cueillette du matin.

“Comment s’est passé ta matinée ? lui demanda Inês.

  • Très bien, la récolte fut bonne, j’ai pu prendre des algues médicinales.
  • Oh c’est très bien ! Nous n’en avons plus beaucoup et le Pharmacopée ne fera pas de tournée avant une semaine.
  • Tant mieux alors.

Les deux femmes continuèrent leur tâche quand Inês reprit la parole.

  • Je peux te poser une question ?

Maureen fit un signe affirmatif de la tête en lui souriant.

  • Tu ne voudrais pas arrêter les missions ? Je veux dire, à ton âge, ce doit être fatiguant ?
  • Ça l’est, ce n’est pas facile tous les jours mais je n’en fais qu’une ou deux par semaine, et puis, ça me permet de voir le monde extérieur.
  • Je comprends”, répondit simplement Inês.

Les deux femmes finirent leur journée à quatre heures de l’après-midi. Après s’être dit au revoir, elles rentrèrent chez elles. Inês retournait à ses appartements, où plutôt, chez ses parents. À partir de vingt-et-un an, il était possible de demander de quitter le cocon familial mais elle ne le souhaitait pas, ou du moins, pas encore. Elle déverouilla la porte d’entrée et s’annonça.

“Dans la cuisine ! cria sa mère.

  • Bonjour maman, dit Inês en déposant un baiser sur son front.

Elle était en train de cuisiner le repas du soir.

  • Je vais bientôt y aller, je suis de nuit, ton père est en réunion du comité, je ne sais pas à quelle heure il va rentrer donc ne l’attends pas pour manger.
  • Très bien.”

Inês se rendit dans sa chambre sans discuter avec sa mère. Elle savait qu’Alena n’était pas très bavarde quand elle cuisinait. Sa mère était infirmière de la Tortue. Elle intervenait principalement à la section retraite et sur les différents problèmes médicaux qui pouvaient survenir au sein du sous-marin. Son père, lui, était membre du comité, et donc, une personne importante. Il lui disait souvent que son poste équivalait à un poste de député de l’Assemblée de la civilisation pré-apocalyptique. Elle se disait souvent qu’il n’avait jamais connu cette ère et que rien ne prouvait que tel était le cas, mais Théodor était un homme strict et autoritaire et il valait mieux ne pas se le mettre à dos. Inês sortit une feuille et un crayon et se mit à dessiner des paysages de sa dernière mission.

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