Partie I - Deuxième chapitre

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Églantine n'avait que la peau sur les os. Elle avait cette aspect fragile quand on la détaillait mais elle ne laissait pas voir ce que cachait sa peau frêle. Elle possédait une force qui venait de ses entrailles, et tout le monde était intimidé par ce qu'elle était, ce qu'elle représentait. Et elle, Églantine ne voyait rien. absolument rien.

Elle observa son reflet dans la glace de la salle de bain. Pas plus de cinq secondes. Elle se détestait encore plus qu'avant. Églantine s'obligeait à se regarder tout les jours dans le miroir. Elle espérait à chaque fois avoir la surprise par une douce matinée de s'accepter, de se surprendre à se trouver belle, mais cela n'arrivait pas. Elle avait pourtant fait un effort en lissant ses cheveux désordonnés et en enfilant un jean puis une chemise simple bleu. C'était la rentrée, certes, mais il ne fallait pas en faire tout une affaire. Les élèves se retrouvaient dans une salle pendant trois heures, on leur expliquait le but et l'enjeu des examens de fin d'année. Elle n'avait pas envie de s'accommoder à tout ses codes sociaux. Elle voulait qu'on lui fiche la paix. 

Cependant, une douce chaleur l'envahissait en pensant à ceux qu'elles avaient laissés le temps d'un été. Elle allait enfin les retrouver. Peut être dans sa classe ou peut être pas. Cette année laissait entrevoir une nouvelle classe, de nouvelles rencontres possibles. Eglantine avait cette foi inépuisable en l'avenir. C'est à ça qu'elle se raccrochait à chaque fois, tout le temps. Sa vie était une sorte de Cordières des Andes émotionnelle. Elle pouvait aisément grimper très haut, quasiment au sommet, pouvant presque atteindre le bonheur qu'on pouvait lui faire toucher du bout des doigts au lycée mais elle dévalait aussi instantanément la pente très vite, et elle ne s'arrêtait plus, elle ne réussissait jamais ralentir, non, elle se retrouvait ainsi, dans les méandres de l'enfer en quelques secondes lorsque la cloche sonnait dix-sept heures. Le lycée incarnait sa sortie de secours quelque part. Il ne lui restait plus que ça.

La route parcouru pour aller au Lycée s'estimait à vingt minutes de marche et elle se délectait de ce moment, celui ou elle retrouvait Juliette qui habitait à cinq minutes de chez elle afin d'errer jusqu'au lycée ensemble. Elles étaient inséparable. Pourtant, Juliette ne savait rien à propos de Rayan. Absolument rien. Églantine ne souhaitait pas en parler, parce que elle revivait chaque nuit ce qu'elle avait subit et elle ne voulait pas que sa mère soit au courant, Elle - Eglantine- était déjà responsable d'assez de problèmes comme ça pour ne pas en rajouter. En vérité sa plus profonde crainte enfouie était qu'elle ne voulait découvrir la réaction de sa mère. Elle ne savait pas ce qu'elle en dirait, et elle ne voulait pas s'y confronter.

_Églantine, Tu penses qu'on va être dans la même classe ?

Ca c'est ce qui lui faisait le plus peur en cette rentrée. Juliette était un peu son repère au sein du lycée et elle lui portait une telle affection, qu'elle aurait soulevé des montagnes pour elle. Elle avait toujours été là. Elle avait respecté le silence Églantine lorsque cette dernière arrivait en pleurant dans ses bras mais ne souhaitait pas expliquer la tristesse qui traversait son corps. Juliette pouvait le lire dans ses yeux. Elle pouvait déchiffrer le mal-être d'Églantine. Ses pupilles racontaient une histoire dont la fin révélait le malheur et c'est ce qui était le plus terrible pour elle.

_ On a une chance sur deux, vu qu'il y a deux classes de toute manière. Je pensais qu'ils allaient nous laisser deux années dans la même.

Le lycée Églantine avait décrétée que les deux classes conservaient une trop grande différence de moyenne générale. La répartition des classes était sans doute disproportionnée et il avait pour projet de booster le niveau de la classe la plus basse en rééquilibrant les bons des plus mauvais élèves. A la fin de l'année, il fallait que le niveau dans le classement régionale des résultats d'examens ait augmenté, et pour cela, il fallait changer les classes.

Juliette accourra vers les listes affichées devant le portail, les yeux plissées et affolées pour y lire les noms de la composition des classes ES. Elle se retourna en affichant une moue boudeuse foncièrement déçue.

_ Je crains que nous soyons séparées cette année.

Églantine soupira, et afficha le même air blasée que sa meilleure amie.

_ Je suis sûre que nous nous retrouverons dans certaines matières, ne t'inquiètes pas.

Elle tira sa dernière bouffée sur sa cigarette avant de rentrer, et de se diriger vers la salle A152. Juliette se trouvait en A153. Pour l'instant elles n'étaient pas vraiment séparée.

_ J'ai quand même vu les noms de ta classe. Je suis certaine qu'ils n'ont pas réussi leur pari en mixant les élèves des classes inférieurs pour que les moyennes des deux soient à peu près égal et équitable. Il y a Aurore Woods, Niall Horan, Liam Payne dans la tienne. Ce sont de sacrées bons éléments, les meilleurs et Harry Styles en plus de ça. Une prise de tête ce gars là. Le coeur sombre, la moue boudeuse, le regard condescendant... Bonne chance avec lui. 

Églantine sourit à la remarque de sa meilleure amie. Elle n'avait pas tord. les têtes de classes étaient dans la sienne. Elle se plaisait à écouter Juliette se plaindre sur la toute nouvelle configuration des classes. Elle rechignait simplement parce qu'elles ne se retrouvaient pas dans la même. Elle l'aurait trouvée parfaite si ça avait été le cas contraire. Églantine était un peu attristée du fait que Juliette ne soit pas avec elle mais d'un autre côté elle se fichait de ce qu'il pouvait se passer dans sa classe tant que ça ne nuisait pas à son ultime but. Passer son examen sans trop de difficultés. Si Juliette n'était avec elle, elle se concentrerait là dessus : Sa réussite.

La proviseure et le professeur principal qui n'était d'autre que son professeur d'Economie les attendaient dans la salle. Elle retrouvait certaines filles avec qui elle s'entendait plutôt bien. Enfin, elles s'échangeaient des formules de politesse et camaraderie.

_ Bonjour Églantine, Comment tu vas ? lui déclara-t-elle dans une étreinte amicale et chaleureuse. Elle est plutôt cool cette classe. On a la panoplie des mecs plutôt beaux et intelligents cette année. C'est un bon combo !

Elle acquiesça sans conviction. Pour être honnête, elle n'y avait pas fait attention. Elle s'en contre-fichait. Elle voulait seulement passer cette année et partir à la faculté pour pouvoir vivre sa vie d'étudiante, comme une sorte de renaissance. Elle ne devait pas se laisser aller à ce genre de pensées. Elle se l'interdisait. Elle attendait dans le couloir comme les autres élèves à la demande du professeur. Mr Walker.

Mr Walker s'avança et déclara que cette année, ils allaient être placé par ordre alphabétique. Églantine avait connu ça seulement au Collège et en Seconde. Ils n'étaient pourtant pas nombreux. La proviseur enchaîna en expliquant qu'ils avaient pris des mesures exceptionnelles cette année pour s'assurer du bon déroulement des cours et d'éviter tout débordements. Elle insista et s'arrêta deux secondes sur les quelques éléments perturbateurs, dont Églantine. Elle souhaita à l'ensemble des Terminales, une bonne rentrée et disparut aussitôt.

Les noms défilèrent. et les élèves rentraient tour à tour dans la classe.

_ Églantine Wallace, vous pouvez rentrer, votre place est au fond à gauche, dernier rang, à côté de Monsieur Styles. Mademoiselle Woods venez, nous vous avons attribué une place au devant pour votre mauvaise vision, à côté de Monsieur Horan.

Églantine s'agaça. Il était en partie responsable des effusions de nombreuses filles dans la classe. Même si elle aimait avoir l'attention de la part de ses camarades, elle n'aimait pas les groupies qui s'extasiaient.

Elle pris place là ou on lui l'avait indiqué avec un hochement de tête entendu et poli à Harry Styles puis elle se concentra sur les informations que le professeur transmettait. Ils avaient cours le samedi matin une fois tout les quinze jours, Un brouhaha survenu et elle dirigea son attention vers Harry. Il ne broncha pas, comme elle. Elle fût la seule à ne pas s'en plaindre quand Monsieur Walker leur annonça. Elle allait être libre le samedi matin et même si elle avait seulement deux heures, elle pourrait faire croire à sa mère qu'elle avait cours jusqu'à midi.

Elle profita de ce moment d'inattention pour envoyer un texto à Juliette.



Les feuilles automnales flottaient dans l'air du vent, et s'accrochait au long cheveux brun d'Églantine. Elle s'en amusait. Elle se prenait au jeu de rôles avec elles. Elles étaient les couleurs de son propre tronc, de sa propre âme et elles s'agrippaient à elle parce qu'elles décelaient chez Églantine quelque chose de beau et pure que seule la Nature possédaient au détriment des hommes. Elle s'estimait flattée. Tout ça aurait pu être totalement ridicule puisque les feuilles mortes se cramponnaient à ce qu'elles pouvaient finalement. C'était une observation scientifique avec une explication tout à fait semblable.

Cependant Églantine était la seule à rendre tout ça important. Elle observait et appréciait la lueur faible du ciel et les composantes de couleurs, ça l'a rendait émotive. Elle avait cette impression de ne pas se confronter à un monde dénué d'humanité. La nature rattrapait ce que les hommes gâchaient, parce qu'elle rendait la beauté de ce monde. La noirceur des hommes était bien trop sombre et elle avait bien trop peur de s'y approcher.. Elle y était déjà tellement exposée.

Elle percevait ce dégradé d'orange seulement en Juliette. Cette aura l'entourait et la surprenait. Elle se sentait en confiance.

_ Églantine, je dois rentrer, il est bientôt six heures. Tu devrais faire de même. Nous aurons tout le temps de discuter demain sur le chemin de l'école. Tu m'envoies un SMS lorsque tu vas dormir ? J'aimerais m'assurer que tout se passe bien.

Églantine sourit d'un sublime éclat à sa meilleure amie et acquiesça. Juliette lui tourna le dos et se volatilisa.

Églantine s'arrêta de sourire immédiatement, une fois Juliette partit. La nuit, l'obscurité, le froid venaient de la frapper. Il n'y avait plus de vent et les feuilles craquelaient dans ses cheveux. Elle étaient sèches et mortes. Il n'y avait désormais plus de vies en elles.
Son cœur se détourna de l'intense douleur qui le menaçait. Les flashs revenaient par dizaines à la seconde. ça lui était insupportable. Pourtant ni rien, ni personne ne pouvait lui empêcher de ressentir cette douleur atroce juché au fond de sa cage thoracique. Le vide. A l'intérieur, Églantine n'était rien. Cette souffrance le lui rappelait chaque jour de sa vie. Églantine était quelqu'un de brisé. Elle pouvait sentir en même temps que le mal s'intensifiait, l'écart entre son cœur et son âme se creusait marquant une double insécurité. Celui de son palpitant et de son esprit.

Elle espérait sincèrement que sa mère ne soit pas trop rude en rentrant. Elle ne savait pas si elle était en capacité d'y faire face.

Seulement, ce qu'Églantine espérait de tout son être ne se produisait jamais.

A peine eu-elle le temps de passer le pas de la porte, que sa mère, Rayan et son beau père lui faisaient face.

_ Églantine. J'ai appris que tu avais fait une fête à la maison il y a un mois. Rayan vient de te défendre, et toi, qu'est ce que tu fais ? Tu me mens, tu es irrespectueuse et tu fais n'importe quoi dans mon dos. Je ne pourrais jamais te faire confiance tant que tu ne te comporteras comme une trainée. Tu n'es qu'une fille sans cervelle, qui ne pourra jamais être aimé. 

Sa mère furibonde s'approcha et lui asséna une gifle qui lui laissa des marques vives sur sa joue.

_ Va dans ta chambre. Je ne veux plus te voir. Qu'est ce que j'ai fait pour mériter une fille comme toi ?

Elle s'y faufila rapidement sans un mot de plus, l'estomac vide. De toute manière elle n'avait pas la foi d'avaler quoi que ce soit, mais elle avait mal, bon dieu qu'elle en avait marre de ressentir perpétuellement cette vague de souffrance. Elle voulait se soulager, elle se pressait pour ressentir tout ça physiquement parce qu'elle supportait plus ce mode de douleur que celui qui habitait son cœur. Elle se dirigea vers son bureau et ouvrit le dernier tiroir de celui-ci afin d'en  extirper des lames aiguisés. Églantine procédait toujours de la manière :  rien ne devait être visible. Elle ne voulait que personne sache. C'était son secret.


Cette année promettait d'être riche en rivalités pour Harry. Liam Payne était dans sa classe et depuis le collège ces deux là se détestaient. Pourtant ça n'avait pas toujours été le cas. Une amitié puissante les liait autrefois. Seulement, Harry était envié de tous parce qu'il était sans le vouloir tout ce que ces camarades de classe voulaient être. Cultivés et riche. Une vie facile. Personne ne voyait qu'Harry n'avait pas la vie aussi tranquille. Il avait une énorme pression étant le seul enfant. Sur ses épaules reposaient la réussite obligatoire. Ses ancêtres avaient bien trop souffert de la misérable vie qu'on leur accordait avec le métier d'ouvrier. Et Harry par dessus tout voulait pérenniser cette réussite surtout qu'il était le seul garçon. Son père avait bien un frère, mais la femme de ce dernier donna naissance à deux filles. Gemma et Louisa Styles. Il aimait passer du temps avec elles. Elles étaient de deux ans plus vieilles mais Harry savait soutenir l'attention de ses cousines.

Quand il y pensait cette année ne promettait rien d'excitant à part les remarques sarcastiques de Payne. Rien ne l'intéresserait vraiment. Et pour ne pas en rajouter, il allait passer son année scolaire avec Églantine, cette agitatrice qui allait mettre la classe sans dessus-dessous. Il s'y refusait. Il n'était pas là pour ça. Pourtant elle avait eu l'air plutôt calme. Elle s'était peut être adoucie.

Harry ne remarqua pas les yeux étincelants d'Églantine ce jour là. Elle était plus heureuse que toute la classe réunie d'être enfin de retour dans les locaux du lycée, et lui n'avait aperçu que sa malice. Il n'y voyait pas tout l'espoir malgré le tourment qui se dégageait de sa silhouette. Il y aurait appris quelque chose ce jour là. Quelque chose que l'on n'oublie pas, quelque chose contre lequel on ne peut lutter, parce qu'il est trop intense, trop éloquent, mais ça, ni Églantine, ni Harry ne l'avaient perçus. Et c'était à trop jouer les aveugles, et à se laisser bouffer par la révulsion qui peuplait la jeune fille et lui même, qu'ils n'y remarqueraient jamais ce qui pouvait changer leurs vies.

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