Le petit Nathan

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Salut,

Je vais te raconter l'histoire d'un monstre. Ce monstre, il peut rentrer dans ta vie à n'importe quel moment. Une fois qu'il est là, il est là pour la vie, comme un volcan, il peut sommeiller des années et entrer en activité subitement au moment ou l'on s'y attend le moins, et tu as beau courir, te cacher et tout faire pour lui échapper, il n'y a qu'une manière pour le vaincre ce monstre, ce roi de mes cauchemars.

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Chapitre 1: Le petit Nathan.


Isabelle : « Et pourquoi tu te hais comme ça ? »

Nathan :

 « Ça a commencé en 2013. J’avais une nouvelle vie avec la rentrée au collège. Pendant les premières semaines, j’avais beaucoup d’amis et étais apprécié par toute la classe. Je faisais des bêtises avec les autres et j’avais quatre potes : Salomé, Antoine, Théo, Nicolas. Ils riaient des profs, s’amusaient à se lancer des défis. Puis un jour, il fallait aller plus loin, trouver plus drôle. Et c’est moi qu’ils ont pris pour cible.

 D’un coup, ils se sont relayés jour et nuit pour me faire toujours plus souffrir. Puis, un jour, un adulte a remarqué mon état et m’a encore plus exposé en convoquant mes parents, d’autres parents, en m’affichant devant tout la classe comme une victime. À partir de là, c’est le collège entier qui savait.
 Après ça, je me suis trouvé deux autres potes : Maël et Mathéo, pendant tout le reste de l’année, on est resté pote et surtout Mathéo pour qui j’avais beaucoup d’affection avant de me lâcher subitement en se moquant de moi au début de la cinquième. J’ai alors prit l’habitude de m’asseoir seul et de penser pendant des heures. Dans mes pensées, il y avait uniquement de la haine, je me détestais. Ça m’a fait redouter les heures de perm, les récrés. Le pire, c’était la pause du midi où il fallait que je trouve des gens avec qui manger. Et quand je ne trouvais personne, je ne mangeais pas.

 Puis, en quatrième, j’ai eu une lueur d’espoir avec ma nouvelle classe. Cet espoir, il a duré jusqu’au premier mercredi. J’étais en SVT et une fille était installée sur le plan de classe à côté de moi. Elle s’appelait Marilou. Elle était derrière moi en espagnol et en Musique, une rangée à côté en histoire et en permanence, elle était très souvent proche de moi. Elle me rappelait en permanence que mes cheveux étaient gras, que j’étais petit, que mon duvet était hideux, que j’avais les oreilles de dumbo et que j’étais un idiot. Puis, Manon, une autre fille qui était à côté de moi dans deux cours, a commencé à se moquer de moi, et même à me frapper. Pendant cette période les seules occupations de ma vie, c’étaient mes devoirs et jouer à un jeu vidéo.

 Et un jour, Marielou a vu ma mère malade à une réunion parent-profs. Elle a vu ma mère dans un fauteuil roulant, une maman souriante et fière de son fils. Le lendemain, Marilou m’a dit au début d’un cours d’espagnol qu’elle était désolée pour ma maman, que si j’avais besoin, elle serait là pour moi. Je ne lui ai plus jamais parlé. »

Isabelle : « Qu’as-tu ressenti quand elle t’a dit ça ? Pourquoi as-tu réagi comme ça, Nathan ? »

Nathan : « Elle m’a humilié pendant des mois, et du jour au lendemain elle a arrêté parce qu’elle a vu ma mère. C’était encore plus humiliant. Je savais tout ce qu’elle avait pensé de moi, c’était encré dans ma tête et j’étais même d’accord avec ce qu’elle disait avant. J’ai commencé à me dénigrer et je n’avais plus besoin d’un harceleur pour être harcelé, j’avais juste à être seul. »

Isabelle : « La dernière fois, tu m’as parlé de Mathis ? Il ne t’a pas aidé dans cette situation ? »

Nathan : « Non, Mathis n’en savait rien. Je ne voulais pas lui dire, mais c’est vrai qu’il était marrant. Sauf qu’en troisième, il est devenu insupportable avec moi, il voulait toujours se faire remarquer plus alors que je voulais rester discret. »

Isabelle : « D’accord, revenons en à maintenant. Malgré tout ça, tu es dans une grande école d’ingénieur. Tu m’as dit que tu étais beaucoup moins renfermé et à l’aise dans ton corps ? Est-ce que tu ne peux pas te raccrocher à cela ? »

Nathan : « Si, c’est vrai, c’est positif, j’ai beaucoup changé et j’ai été très content de tout ça. J’essaie de me reposer sur le sport en ce moment, je suis retourné à la salle lundi et c’était vraiment bien. Puis il n’est pas là au foot le dimanche, ça fait bizarre, mais j’y suis bien quand même. »

Isabelle : « Bon, on va devoir s’arrêter là pour aujourd’hui. Mais n’oublie pas ce que tu viens de dire, tu as accompli beaucoup de choses et tu peux en être fier.»

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