Chapitre 3

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- On part.

Je clignai des yeux, pas sûre d’avoir bien entendu.

- On… part ? Pourquoi ?

Mon père avança et s’accroupit pour se mettre à mon niveau.

- Je pensais avoir fait attention. Pas assez. Ils savent que je suis venu. Ils avaient des doutes sur ton existence et celle de tes frères, mais maintenant ils savent. Ils en sont sûrs. Faut que je vous mette en lieu sûr.

Il délire n’est ce pas ? C’est ce que je me demandais alors qu’il énonçait tout cela. Il avait le regard un peu fou, comme un animal traqué. Oui, il délirait. Je posai doucement une main sur son bras.

- Papa… tu as dormi cette nuit ?

Non, éluda-t-il avec un vague geste de la main, mais ce n’est rien.

Ceci explique cela. Je me redressai lentement, lourdement appuyée sur mon père, retenant gémissements et cris de douleur. Yaela me fixait de son regard impassible, totalement immobile. Un loup dans ma chambre. Mais oui, pourquoi pas. C’est… tout à fait normal, non ? Je déglutis.

- Tu veux qu’on aille où ?

Il soupira, se releva, s’étira.

- Une maison sûre. Les Volk ne pourront pas vous y atteindre. Cela révèlera tout, mais qu’importe, vos vies sont plus précieuses.

Je posai une main sur le front de mon père, soucieuse. Un loup comme animal de compagnie, pourquoi pas, venant de mon excentrique père, je peux m’attendre à tout. Mais ce délire là ? Il poussa ma main et se tourna vers mon armoire. Après avoir fouillé un instant, il me lança des vêtements propres et m’intima de me changer.

Je m’assis précautionneusement au bord de mon lit.

- Peux-tu m’expliquer tout ça ?

- Plus tard, Adhara, plus tard.

- Non, maintenant. Je suis censée suivre un inconnu qui certes, partage mon sang, mais est totalement cinglé ? Tu ne peux pas essayer de comprendre comment je me sens ?

- Tais-toi !

Je sursautai. Mon père, je ne le connaissais pas beaucoup, et il est vrai que ce n'était pas le meilleur, loin de là, mais je ne l'avais jamais entendu élever la voix. Jamais à ce point. Jamais devant moi. Jamais pour moi. Il inspira profondément, l’air d’essayer de se calmer.

- Yaela, sors.

La louve gémit, se tassant sur elle-même^.

- J’ai dit, tu sors.

L’animal détala, oreilles basses, queue entre les pattes. Mon père claqua la porte et se tourna vers moi. Etrangement, l’absence de la louve à ce moment précis me fit froid et me parut menaçant.

- Maintenant, tu m’écoutes. Tu crois que je voulais être si loin de toi ? Que je voulais ne pas vous voir grandir ? Tu crois vraiment que je ne voulais pas qu’on reste une famille, que ta mère soit encore avec nous ? On a été obligé de vous séparer pour ne pas vous exposer.

Ça ne veut rien dire ce que tu dis, papa…

A grandes enjambées il me rejoignit et ses mains enserrèrent mes bras avec une force incroyable. Ses doigts s'enfoncèrent dans ma chair. La douleur me fit monter les larmes aux yeux. Il sembla s’en rendre compte et la colère quitta son regard. Il recula.

- Tu finiras par comprendre. Prépares-toi à partir. Une heure maximum. N’emporte que le minimum.

Il sortit, me laissant retomber sur mon lit.

Lentement, mon souffle prit un rythme plus régulier. Je me levai doucement, cherchai un sac. Oui, j’ai obéi. Je vous mets au défi de ne pas faire comme moi dans ces conditions. Je pris au hasard quelques tee-shirts, deux pantalons et des sous-vêtements, avec un peu de chance ça suffira. Je glissai entre deux vêtements une photo de moi, avec maman et mon père. une des rares photo qu’il me restait d’elle.

Puis vint la partie la plus difficile, m’habiller moi. Avec la peau de mon dos, j’aurai bien profité de quelque chose dos nu (logique non ?) mais maudite soit mon aversion pour ce qui est inutile au premier regard. Finalement je dénichai un pantalon souple et un sweat suffisamment large pour être enfilé avec relativement peu de difficultés, bien que le contact soit à la limite du supportable. J’avalai une bonne dose d’aspirine et descendit.

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