Mardi  22 janvier 2019

2 minutes de lecture

J'ai parfois l'impression qu'on est trois dans cet appartement. Mais vraiment en fait...
L'impression d'avoir affaire à deux personnes différentes. Gaston, gentil quoiqu'un peu bourru et le Troll, un malotru borné et colérique. Dis comme ça, on pourrait presque croire que c'est comique mais en fait non.

Parce que je ne sais jamais quand il va passer de l'un à l'autre. Je dois faire attention à absolument tout ce que je dis et tout ce que je fais. Et même comme ça, je ne sais pas ce qui déclenche le changement. Un fait, une vérité ou un simple mot pour moi anodin peux déchaîner sa colère. La moindre erreur peut être pénalisée par un conflit totalement disproportionné.

Je ne me sens jamais en sécurité. Toujours sur le qui-vive à craindre ses foudres, à ne jamais savoir sur quel pied danser. Je commence à me dire que ce n'est peut-être pas anormal que j'aie tellement de difficulté à faire des choix. Quoi que je fasse, ce n'est jamais bon pour lui.

Si je suis silencieuse, je boude.
Si je suis volubile, je le saoule.
Si je suis calme, je suis trop apathique.
Si je suis passionnée, je suis hystérique.
Si j'éprouve du désir, je suis bizarre.
Si je n'en ressens pas, je suis frigide.
Si je demande de l'aide, je suis dépendante.
Si je me débrouille seule, je suis orgueilleuse.

C'est épuisant à force.

Et quand j'essaye de lui parler, de mettre les choses à plat, ça ne l'intéresse pas. Soit je me fais des idées, soit il n'a pas dit ça, soit je devrais comprendre qu'il ne voulait pas dire ça, soit je suis trop stupide pour comprendre qu'il ne voulait pas dire ça, soit... il s'emporte et me menace.

Est-ce vraiment ça une vie de couple ? Ces éternels sables mouvants ? Cette sensation de panique perpétuelle ? Devoir baisser la tête, ne pas avoir le droit de m'exprimer sous peine de me prendre une grêle de mots ou d'insultes de plus en plus blessantes.

Il ne faut surtout pas que j'oublie ces derniers jours. Ni maintenant ni jamais. Que je ne perde plus de vue la vitesse avec laquelle il peut passer du tendre à la brute.

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