Ghost

2 minutes de lecture

Affaire classée.

Fatou Traoré regardait son collègue.

Ghost était magnifique.

Epée au côté, uniforme aux fleurs de lys brodées, les boutons brillaient et les bottes d'officier étaient cirées.

Un inspecteur de police de Première Classe, mort en 1832.

Ghost capta son regard admiratif et, cabotin, il sortit son épée et la salua.

" Alors, la gamine ? Comment tu trouves mes guipures ?

- Tu es beau, Ghost."

La môme aurait ri. Elle se serait moquée de lui.

Fatou Traoré se contenta de sourire.

Affaire classée.

Quelques tours de passe-passe.

Comment renvoie-t-on un mort chez lui ?

Exorcisme ? Discussion ? Anathème ? Excommunion ?

Une dernière promenade dans ce Paris qui avait tant changé.

Même son pont n'était plus le sien.

Ghost le dit à Fatou et la jeune femme regarda les flots émeraude de la Seine.

" Nous étions en juin... Les barricades tombaient et l'air sentait la poudre... Ce soir-là, j'étais fou..."

L'air sentait la poudre et les hommes mouraient dans la ville.

Paris sauvage.

Paris rebelle.

Paris révolutionnaire.

Mais ce ne fut pas le départ.

L'inspecteur plongea et revint à son poste.

Quelque chose avait raté.

Mais quoi ?

Affaire classée.

Laquelle ?

La sienne, tout bonnement.

" Ferme les yeux, Ghost, sourit Fatou. J'ai un cadeau pour toi.

- J'ai passé l'âge des surprises, la gamine.

- Mais oui, mais oui. Ferme les yeux, s'il te plaît."

Le grand inspecteur ferma les yeux. Ils étaient sur ce maudit pont, accoudés au parapet de ce maudit fleuve et Paris bruissait de vie autour d'eux.

Des voitures, des bus, des passants.

" Regarde Ghost !"

L'inspecteur ouvrit les yeux, indulgent et las.

Et il les ouvrit largement :

" MERDE LA GAMINE ! C'est...c'est...

- Ton insigne, Ghost ! C'est toi ! Tu es..."

Affaire classée !

Que dire pour terminer cette histoire ?

Que le ciel s'ouvrit ?

Que le sol se fendit ?

Que les trompettes résonnèrent ?

La silhouette de l'inspecteur s'évanouit dans la lumière de ce jour de novembre.

Juste comme ça.

Deux cents ans d'existence disparus dans un claquement de doigts.

Fatou Traoré glissa l'insigne du policier dans sa poche et sourit, seule et triste.

Satisfaite.

Elle sortit son téléphone et envoya un message à Adrien Maillard :

" Bien trouvé. Affaire classée."

Paris bruissait de vie.

Paris allait bruisser encore longtemps.

Qui la verra dans deux cents ans ?

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