FATOU

3 minutes de lecture

Comment piège-t-on une souris ?

Avec un appât.

Un bel appât pour une jolie petite souris.

Comment piège-t-on une souris ?

Avec un appât.

Suffit de savoir lequel.

Fatou Traoré, jeune stagiaire à la Criminelle.

Noire de peau, étrangère, née en France ?

La belle affaire !

Une négresse !

Comment piège-t-on une souris ?

Avec un appât.

Et meurt la souris.

Ils étaient trois. Trois cons.

Car il y a des cons partout, à la police comme ailleurs.

La salle du photocopieur.

Joli piège pour une jolie petite souris.

L'appât fut vite trouvé.

Des informations sur la mort du lieutenant Sylvie Lyster.

Jolie petite souris, un peu candide, un peu stupide.

Idéaliste ?

Jolie petite souris...

Jolie petite négresse...

Et si cela avait marché ?

La jolie petite souris n'aurait pas survécu.

Mais Fatou cria, elle hurla sa peur et sa terreur.

Petite souris piégée.

La préfecture de police était vide, il ne restait qu'elle et ses trois collègues.

Imbéciles, avinés, racistes.

Il y a des cons partout, dans la police comme ailleurs.

Fatou cria et elle appela :

" GHOST !"

On s'en moqua.

Puis on ne rit plus.

" Que s'est-il passé hier soir, Fatou ?, demanda Pelletier, tombant des nues devant la stagiaire égale à elle-même.

- Rien, lieutenant.

- Fatou, s'il te plaît. Nous bossons ensemble, maintenant. Dis-moi !

- Rien, lieutenant," répéta Fatou Traoré en accentuant bien chaque mot.

Le lieutenant Pelletier était peiné, il se redressa et fit tourner l'écran de son ordinateur en face de la jeune femme noire et fatiguée. Effrayée.

" Alors c'est quoi ce mail ?"

" Hier soir dans la salle de photocopieur, les officiers de police, Gueulemer, Babet et Montparnasse, se sont rendus coupables d'une agression sur un officier de police, Fatou Traoré. Ce fut une agression raciste à caractère sexuel."

C'était signé Ghost et cela réussit à faire sourire Fatou Traoré.

" Alors, Fatou ?, demanda un peu sèchement le lieutenant Pelletier. Que s'est-il passé hier soir ?

- Qui a envoyé ce mail ?

- Aucune idée, mais je n'apprécie pas non plus la blague. On l'a écrit de mon bureau à une heure du matin. Et on l'a envoyé à mon nom et au nom du lieutenant Sylvie Lyster.

- Je n'ai pas envoyé ce mail, rétorqua Fatou Traoré en secouant ses longues tresses, faisant cliqueter les petites perles nouées au bout de chacune.

- Bon. Alors ?

- Alors, ils étaient trois et ce n'était pas la première fois. D'habitude, ils m'insultent, hier soir, ils m'ont fait peur. Ils m'ont frappée et..."

Le lieutenant Pelletier n'était pas un mauvais homme, ni un mauvais policier. Il s'assit, estomaqué par les confidences de l'agent Fatou Traoré, sa stagiaire.

Les trois policiers furent signalés, en attendant d'être sanctionnés...

Plus tard, Fatou Traoré descendit dans la salle des Archives. Elle s'assit à la table sur laquelle les rapports poussiéreux s'accumulaient.

Elle attendait mais n'attendit pas longtemps.

" Alors ?, murmura une voix dans son oreille.

- Je ne t'ai rien demandé, Ghost.

- Tu m'as appelé, mais même sans cela la gamine, je serais venu."

Fatou Traoré examinait des rapports vieux de deux cents ans et ne comprenait pas ce que cherchait Ghost aussi ardemment. Une ancienne victime ? Une ancienne affaire ? Un ancien criminel ? Lui-même ?

" Tu ne remontes pas plus loin que juin 1832 ? Tu es mort en juin 1832 ?

- Oui, la gamine. Le lendemain des barricades de juin 1832.

- Comment es-tu mort, Ghost ?

- Suicide, noyé dans la Seine.

- Et tes armes ?

- Je les ai laissées au commissariat du Châtelet, ce soir-là. Pourquoi ?

- Si on cherchait ton épée ? Adrien l'a reconnue, elle doit y être et avoir la liste de ses anciens propriétaires. Tu ne crois pas ?

- La liste...des anciens..., balbutia le policier, estomaqué.

- Et tu dois être dans la liste, non ? Allez on y va ?"

Lorsque les deux policiers furent remontés des Archives dans la pleine lumière. Fatou glissa ses doigts contre ceux, douloureusement glacés, de l'inspecteur fantôme.

" Merci, Ghost.

- De rien, la gamine. Je connais..."

La liste des noms ne rappelait rien à l'inspecteur sans nom.

Mais par contre, juste après le 7 juin 1832, un certain Rivette devenait propriétaire de la fameuse épée du mannequin du Musée de l'Armée de Police de Paris.

Le sergent Rivette du poste de Pontoise.

Seulement...qui avait eu l'épée avant lui ?

Un seul nom avait été raturé.

Etait-ce celui de Ghost ?

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